Phénomène de sidération collective devant les événements de l’année 2013 ? Tendance bureau-technocratique à l’autisme ? Inadaptation corporatiste aux réalités populaires vécues ? Qui sait ? Toujours est-il que la classe politique se révèle être à des années-lumière du peuple français dans la situation dramatique et explosive que le pays traverse.
Pas plus tard que dimanche dernier, la (jeune) porte-parole du gouvernement Ayrault-Hollande, Najat Vallaud-Belkacem, dont l’arrogance est devenue proverbiale, a estimé qu’il ne fallait « surtout pas changer de cap » dans la politique menée depuis l’élection présidentielle… Ce coup de menton volontaire était donné au lendemain d’un sondage indiquant que plus de neuf Français sur dix attendent du changement de la part de François Hollande. Et au lendemain de la grande manifestation des « bonnets rouges » de Bretagne dénonçant l’emballement fiscaliste du régime… Comme un crachat lancé en direction des « ploucs ».
Au même moment, le camarade Mélenchon, guide suprême autoproclamé du prolétariat idéal et figure de proue du XIXème siècle, insultait les manifestants bretons en leur reprochant de manifester coude à coude avec leurs salauds de patrons, au mépris de la doctrine de la « lutte des classes » de l’association des amis de Karl Marx dont il est le gardien de musée.
Et peu après, voilà l’inventeur génial de l’ « Eco-Taxe » sulfureuse qui provoque la révolte populaire, Jean-Louis Borloo, figure illuminée d’un écolo-centrisme fumeux, qui annonce son mariage politique avec François Bayrou, un autre personnage folklorique, caméléon nombriliste et solitaire qui, après avoir appelé à voter Hollande en mai 2012, suit un nouveau tour de girouette sous le vent du moment.
Cependant, à l’UMP, outre le « show-business » organisé près de la Mairie de Paris, les deux chefs ennemis Copé et Fillon continuent à jouer férocement des coudes dans leur obsession commune mais rivale de la prochaine élection… présidentielle de 2017, comme s’il n’y avait aucune autre urgence en France que ce positionnement prématuré.
Enfin, au Front National, on cherche à tirer les marrons du feu en préparant assidûment les municipales de mars prochain, mais en évitant à tout prix les grands débats de société qui fâchent comme le « mariage pour tous », quitte à rater des rendez-vous historiques.
D’un côté, le peuple français se bat pour son avenir sur son sol natal. De l’autre, une classe politique oligarchique et dangereusement déconnectée des réalités se démène pour… continuer à faire carrière dans un étrange « No man’s land » déserté par un électorat qui ne veut plus être trompé, mais d’abord survivre. Survivre à une des crises les plus graves que la France ait traversé depuis des décennies, au milieu d’une crise européenne et mondiale sans doute sans précédent. Survivre, puis vivre à nouveau. Mais autrement, de préférence.