Obama et Ted Cruz : deux clones de Harvard - France Catholique
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Obama et Ted Cruz : deux clones de Harvard

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Au cours de mes quarante-cinq années d’activisme politique, un groupe de politiciens m’a souvent mis hors de moi : les diplômés de la Harvard Law School.

Un grand nombre d’entre eux parlent trop fort et ont une idée exagérée de leur propre importance. Ils croient être au-dessus des règles de la politesse et du jeu (et parfois au-dessus des lois) parce qu’ils pensent être toujours les plus doués.

Au fil des années j’ai établi une longue liste de diplômés moralisateurs à l’extrême qui comprend le sénateur Charles Schumer et l’ancien gouverneur de l’État de New York Eliot Spitzer. Mais aujourd’hui, compte tenu de la menace de blocage du gouvernement ce soir, ce sont le président Barack Obama et le sénateur Ted Cruz qui trônent au sommet de ma liste.

Après cinq ans au pouvoir, le Président Obama croit encore qu’il a toujours raison et que quiconque conteste ses opinions est indigne, insensible, mauvais et totalement dépourvu d’intellect et de moralité. Il n’assume pas la responsabilité de nos maux sur les plans fiscal, économique et culturel. Pour lui les coupables sont George W. Bush et les législateurs républicains.

Obama n’a pas hésité à saper les fondements mêmes de notre démocratie et à imposer la domination d’une seule élite. C’est pourquoi il n’a pas hésité à gouverner par décret. Il a ordonné à ses larbins de forcer les institutions catholiques à couvrir des procédures moralement répréhensibles dans leurs plans d’assurance maladie, tout en n’appliquant pas les lois déjà adoptées comme celle sur la Protection du mariage. Et son administration a mis en œuvre des politiques d’immigration qui violent les statuts existants. Il a arbitrairement suspendu certaines parties de la Loi sur les soins de santé abordables qu’il avait adoptée parce qu’il jugeait que leur application est trop difficile sur les plans administratif et politique.

Quant au sénateur fraîchement élu du Texas, Ted Cruz, tout en faisant preuve d’angélisme en ce qui concerne plusieurs questions très sensibles qui comptent pour les catholiques, il déborde lui aussi de l’arrogance typique de la Harvard Law School.

Il croit avoir été élu en novembre dernier pour défendre ses principes dans les salles du Sénat indépendamment des conséquences à long terme. Il a traité ses collègues républicains qui n’approuvent pas sa tactique et sa croisade pour écraser l’« Obamacare » de poules mouillées et de traîtres à la cause de l’opposition à l’« Obamacare ».

On dirait qu’Obama et Ted Cruz n’arrivent ni l’un ni l’autre à comprendre que le Gouvernement a été à dessein conçu par les Pères Fondateurs pour veiller à ce que le système grippe jusqu’à un certain point afin de forcer toutes les factions en présence à parvenir à un compromis et à forger un consensus. Ils voulaient qu’aucune partie du gouvernement, aucun chef de l’exécutif ou faction du Congrès n’ait assez de pouvoir pour imposer sa volonté ou son programme politique. Ils voulaient restreindre toute réaction politique impulsive capable de déchaîner une épidémie ayant pour effet d’adopter de mauvaises dispositions législatives insuffisamment revues et corrigées (comme l’Obamacare).

James Madison, le père de la Constitution, a insisté pour que les trois composantes du gouvernement évitent de prendre des décisions politiques « impétueuses », « trop passionnées » ou « précipitées ». Madison voulait que le gouvernement fédéral soit « axé  sur les besoins  permanents et non sur les désirs immédiats ». C’est pourquoi le Sénat des Etats-Unis est considéré comme le plus grand organe délibératif du monde.

Madison estimait que le gouvernement se devait de concilier ordre et liberté.

Dans l’article n°51 du Fédéraliste il explique pourquoi c’est nécessaire et inscrit sa réflexion dans le cadre des données de la nature humaine et une perspective religieuse plus vaste :

C’est peut-être une critique de la nature humaine que ces moyens soient nécessaires pour contrôler les abus du gouvernement. Mais qu’est le gouvernement lui-même sinon la plus grande critique de la nature humaine ? Si les hommes étaient des anges, il ne serait pas besoin de gouvernement. Si des anges pouvaient gouverner les hommes, il ne faudrait aucun contrôle extérieur ou intérieur sur le gouvernement. Lorsqu’on fait un gouvernement qui doit être exercé par des hommes sur des hommes, la plus grande difficulté est la suivante : il faut d’abord mettre le gouvernement en état de contrôler les gouvernés et ensuite l’obliger à se contrôler lui-même.

Il poursuit :

Dans la république composée d’Amérique, le pouvoir délégué par le peuple est tout d’abord partagé entre les deux gouvernement distincts, et ensuite la portion assignée à chacun d’eux est subdivisée entre des départements séparés et distincts. De là résulte une double sécurité pour les droits du peuple. Les différentes parties du gouvernement se contrôlent l’une l’autre, et chacune se contrôle elle-même.

Des philosophies et des partis divergents et un système conçu de façon à être inefficace empêchent les majorités et les démagogues temporaires de devenir tyranniques. « Le dysfonctionnement de la politique américaine existe », a déclaré George Will « non pas parce que la démocratie ne marche pas, mais au contraire parce qu’elle marche ».

Pour apprendre à gouverner, les diplômés de Harvard devraient s’inspirer de Ronald Reagan. Il a négocié des accords compatibles avec sa vision et ses principes, tout en concluant : « Si vous obtenez soixante-quinze ou quatre-vingts pour cent de ce que vous demandez, prenez-le et battez-vous pour le reste plus tard, et c’est ce que j’ai dit aux conservateurs partisans de réformes qui ne l’ont jamais compris ».

Le sénateur Cruz et ses confrères du Congrès doivent apprendre que l’attitude « c’est à prendre ou à laisser » ne peut pas marcher surtout quand le parti républicain ne contrôle que la moitié d’une des deux chambres. Ils devraient s’inspirer de collègues expérimentés qui se sont opposés à l’adoption de l’Obamacare et soutiennent avec sagesse que tout l’édifice s’effondrera sous son propre poids.

S’ils refusent de négocier pour parvenir à un compromis et si le gouvernement est bloqué — ce qui pourrait arriver avant la fin de la journée — les causes qu’ils affirment défendre subiront des dégâts à long terme incalculables. La réaction des 80% d’Américains qui s’opposent à un blocage pourrait leur coûter le contrôle de la Chambre, tout espoir d’obtenir la majorité au Sénat en 2014 et la présidence en 2016.

Les deux prochaines élections fédérales sont très importantes pour la future composition de la Cour suprême des Etats-Unis et pour les questions de liberté religieuse. Nous ne pouvons nous permettre des tactiques menant à l’impasse qui pourraient nous procurer une satisfaction momentanée mais aussi causer des dégâts irréversibles.

A la différence de son ancien camarade de Harvard, Obama, qui refuse de négocier et traite ses adversaires d’«extrémistes et d’« anarchistes », Cruz devrait prendre exemple sur l’ancien élève d’Eureka College [Reagan] qui a compris la démocratie selon Madison et, grâce à cela, est devenu l’homme du changement.


Source ; http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/obama-and-cruz-two-harvard-peas-in-a-pod.html