« Toi, le Dieu de bonté, la source de la vie, tu as fait le monde pour que toute créature soit comblée de tes bénédictions, et que beaucoup se réjouissent de ta lumière.»
(extrait de la préface, Prière Eucharistique IV)
Mgr Robert Sokolowski commentait récemment à l’Université catholique sa décision de choisir la Prière Eucharistique IV. La nouvelle traduction est excellente. 1. J’ai rarement choisi cette Prière Eucharistique. On ne la dit qu’avec sa préface propre. Et donc, j’ai commencé à la pratiquer. On l’appelle parfois « le Canon intellectuel », elle tire son origine de St. Basile et de la liturgie orientale. Et elle mérite qu’on l’écoute. L’écouter est bénéfique. C’est un résumé remarquable de déclaration de la foi, montrant comment tout s’emboîte.
Les Prières Eucharistiques sont modelées pour chanter et adorer le Père. Elles citent qui est « présent » à la Messe — vérité surprenante, si on y prête attention. Le Christ est là; c’est le point central. Par Lui nous pouvons d’abord louer et adorer le Père, toujours avec l’Esprit Saint. Nous ne faisons pas attention à nous-mêmes. Nous sommes tournés vers le Père de notre Seigneur. Les anges et les saints sont cités de diverses façons, selon le style des quatre principaux canons.
Le pape et les évêques du diocèse sont nommément désignés. On cite ceux qui nous sont chers, nos morts, et ceux qui s’agenouillent devant l’autel. Notre Mère bienheureuse est « vénérée », non pas « adorée ». Saint Joseph, les Apôtres, les premiers papes et martyrs sont cités. Bref toute la création est invoquée ici, nous ne sommes pas isolés à la Messe.
Nous y assistons, membres du Corps Mystique du Christ. Nous sommes ensemble, et en même temps, chacun s’adresse directement au Père par l’entremise du Fils et de l’Esprit. Nous sommes présents car appelés à la vie éternelle. Et ceci par notre propre choix.
Dans la Préface nous déclarons que notre démarche est « juste et bonne ». En quoi? En rendant gloire au Père. Il était avant, et sera « pour tous les temps ». Tout bien provient du Père. Il a créé « tout ce qui est ». Le Père est Lumière. Il est source de compréhension de ce qui est proclamé par le Verbe. Et c’est « nous » qui exaltons le nom de Dieu. Toute la création reçoit la parole au travers des hommes. Ce don de la parole, de l’intelligence, aux créatures, à nous les hommes, est un peu notre raison d’être.
Je vais me pencher sur la première partie de cette quatrième Prière Eucharistique. Elle est plutôt longue, surtout si on la compare à la Prière Eucharistique II. On commence par justifier l’éloge du Père. Toutes ses œuvres sont faites de sagesse et d’amour, et nous en faisons partie. Les efforts des philosophes tendent à comprendre et expliquer que le monde porte les marques de l’intelligence, et non pas simplement du chaos.
Et l’homme ? Il a été créé à l’image de Dieu. Toute la création lui a été dévolue. Il domine toutes les créatures. Alors, que penser de l’homme si petit devant l’immensité de l’univers — les trous noirs, le boson de Higgs ? L’homme est cet être unique qui contemple en retour le sein de l’univers. Il est chargé de l’apprendre et de le comprendre.
Ensuite, nous sommes mis en cause. On nous rappelle le fait historique, c’est par la désobéissance que nous avons brisé l’amitié divine initiale. Ce qui veut dire que le Créateur est plus soucieux de l’homme que des mouvements de l’univers. Mais quelle est la réaction du Père à cette désobéissance ? Tous les hommes ont été créés pour la vie éternelle. Mais Dieu s’interdisait, ne voulait pas s’imposer à quiconque. Chacun avait à choisir Dieu par amour pour Lui. Ainsi, la mort n’était pas le point final. Dieu a envoyé de nombreux messagers. Il a proposé nombre de pactes en vue d’aboutir au salut.
Finalement, Dieu envoya Son propre Fils, né de la Vierge Marie. Il était vrai Dieu et vrai homme, corps et âme, semblable à nous en tout sauf par le péché. Que fit le Fils ? Il s’adressa à tous, pauvres, captifs, malheureux, et pas seulement aux riches et doués, mais aussi à eux, pour leur dire le véritable but de l’existence, et comment y atteindre.
Comment ? Par Sa mort et Sa résurrection. Nous ne sommes plus destinés à ne vivre que pour nous-mêmes. Comment ? Il envoya l’Esprit Saint du Père. Pourquoi ? Pour achever l’œuvre initiale de sanctification de toute la création. Tel était le plan divin. C’est ce à quoi nous assistons. Tout devient compréhensible. Nous affirmons que nous le comprenons. Et cette compréhension est le premier pas dans la démarche de louange du Père.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/the-fourth-canon-of-the-mass.html
Illustration : St. Basile consacrant les offrandes (Cathédrale Ste Sophie, Ohrid, en Macédoine).
