Blairisme hollandais ? - France Catholique
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« Les contemplatifs portent le monde »
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Blairisme hollandais ?

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Le traditionnel discours du président de la République aux ambassadeurs lors de leur conférence annuelle le 27 Août n’a pas dérogé à la norme. Hollande s’inscrit dans une longue continuité diplomatique qui semble bénéficier d’un large consensus. La France est une puissance qui tient à défendre son rang, pas le premier mais tout près des plus grands. « Au-delà de ses seuls intérêts », elle est responsable d’une vision universelle, et se veut l’avocate du droit international et garante de l’équilibre du monde. L’heureuse trouvaille de « puissance-repère » fera peut-être date.

Tout cela est très bien, mais en même temps François Hollande a découvert à l’Elysée l’exercice du pouvoir. Le plus difficile est le temps de la décision : agir ou ne pas agir, intervenir ou pas, « Etre là ou laisser les autres ». Mais le président ne se voit pas pour autant en prince de Danemark : « Etre ou ne pas être » ! Conscient de n’être qu’en second, il sait que pour exister, pour « influencer », comme le développe le thème de la conférence des ambassadeurs, il doit se porter en avant, être en pointe. Il risque ainsi d’être happé par une sorte de syndrome Blair.

L’ex premier ministre britannique avait été brocardé pour être le « caniche de Bush ». Hollande n’est pas le « caniche d’Obama » pour des raisons qui ne tiennent pas à lui, mais à Obama : Obama n’est pas Bush. Il est le contraire d’un va-t-en guerre. Il soupèse, prend son temps, garde son sang froid.

Curieusement, Hollande qui avait été en pointe pour le retrait d’Afghanistan, pèse aujourd’hui dans l’autre sens. L’opération « Serval » au Mali lui donne des ailes ou bien plutôt parce que dans la plupart des circonstances, la France n’est pas en situation : quel ordre pourrait-il donner aux forces armées qui ne soit pas un simple « complément » d’une action américaine par essence unilatérale ?

Les rôles entre Londres et Paris sont renversés. C’est Cameron, qui visiblement n’a pas d’atomes crochus avec Obama, qui tient à l’ONU le rôle de modérateur qu’avait tenu Villepin lors de la guerre en Irak il y a dix ans. Les grands chefs militaires américains et britanniques sont circonspects, alors que côté français, la grande muette est plus battante (les soucis budgétaires n’expliquent pas tout, mais Hollande a tenu à les rassurer d’emblée, en s’adressant à eux par-dessus les diplomates).

Le discours de l’Elysée, par un oubli révélateur, omet, dans ce grand tour d’horizon de nos relations internationales à travers le vaste monde, à la fois Washington et Londres. Par quel bizarre tropisme ?