Le cléricalisme… une « complicité pécheresse » ?…
Le Pape François aux évêques du CELAM :
« … Curieusement, dans la majorité des cas, il s’agit d’une complicité pécheresse : le curé cléricalise, et le laïc, lui, demande à être cléricalisé, parce que c’est finalement plus facile pour lui »,
et, cette fois-ci, à tous, car c’est sur son compte Twitter :
« On ne peut pas séparer le Christ de l’Église… ».
Complicité car, qui sépare le Christ de l’Église, si ce n’est nous qui, laïcs ou docteurs de la Loi, versons dans ce cléricalisme confortable qui confond dogmes et réglementations, scribes et chercheurs de Dieu, ministères et prébendes, charité et fonds de commerce ?
L’Évangile est là qui débusque la supercherie : « Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat », ou encore : « Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir… ». Dès lors, qu’on cesse de voir dans la formule, trop souvent entendue, « Le Christ, oui, l’Église, non », l’expression de je ne sais quel complot, mais plutôt le fruit avarié d’un péché collectif où chacun a sa part. Le sel s’est affadi. Alors Jean-Paul II, publie l’exhortation Christi fideles laici qui remplace les mandats d’Action Catholique en forme de blanc-seing, par des critères d’ecclésialité qui ne sont rien d’autre que l’application du principe de subsidiarité. Alors, le cardinal Ratzinger n’attend pas d’être Benoît XVI pour signer un Entretien sur la foi qui bouscule les bureaucraties pastorales. Le Pape François ne fait donc que passer des cours magistraux aux travaux pratiques ! Impossible de les opposer.
Jésus : « Si ton bras te scandalise, coupe-le ! ». François poursuit : l’éradication des actes de pédophilie.
Jésus : « Moi non plus je ne te condamne pas… Va et ne pêche plus »
François coupe court à l’homophobie : « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? »
Jésus : « Ne prenez pas d’argent dans vos ceintures, pas plus de petite monnaie que de pièces d’or ou d’argent ; ni sac de voyage, ni tunique de rechange, ni chaussures, ni bâton…»… François préconise « une Église pauvre pour les pauvres… »
Jésus : « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni… »
François rappelle l’indissolubilité du mariage mais cite son prédécesseur à l’archevêché de Buenos Aires qui met en doute la validité d’un mariage sur deux.
Jésus : « Rendez à César ce qui appartient à César… » … François créée une commission pontificale de huit membres, tous laïcs, à l’exception de son secrétaire, « experts des matières juridique, économique, financière et administrative », dotée d’un droit de regard « très large », sur l’administration du patrimoine du Saint-Siège (Apsa).
Une Église qui commence par balayer devant sa porte avant de prêcher…
Ce qui est vrai en matière de finance, l’est plus encore en matière de justice.
« Lorsque le monde est entré dans l’ère juridique et a remplacé la conscience par la loi, son niveau spirituel a baissé. » Là est le risque. Là est le péché d’un cléricalisme qui défausserait les calomniateurs de leurs responsabilités et compromettrait l’Église. Vain calcul : « La bouche dit ce qui déborde du cœur. L’homme bon a un bon fond et il en tire de bonnes choses, l’homme mauvais a un fond mauvais et il en tire le mal. Je vous l’affirme : tout ce qu’on aura dit sans raison, on en rendra compte au jour du jugement. Ce sont tes paroles qui te blanchiront, et ce sont tes paroles qui te condamneront. »… « La vérité rend libre » tandis que l’hypocrisie ! Raison d’État, en ton nom, que d’affaires Dreyfus !
Corporatisme clérical, que de prédateurs livrés à leurs addictions, que de victimes lovées sur leurs blessures ! Tribunaux d’exception, que de bûchers !
Promis, on ne recommencera plus… mais elle a la vie dure, l’hypocrisie ! À peine débusquée ici, la voici qui réapparaît là. Hier, on cachait la vérité, aujourd’hui on la viole pour assouvir une jalousie, s’attribuer un pouvoir ou, tout simplement par peur d’avoir peur. Hier on masquait, aujourd’hui, on dénonce. Toujours au nom de la vertu, comme il se doit. Elle est ouverte la chasse aux sorcières qui s’ébroue dans la fange des réseaux dits sociaux. Les rumeurs érigées en preuves, les faux témoins avançant masqués, les clameurs de la foule tenant lieu de débats, l’instruction en place publique… Jésus en a été victime – jusqu’à la Croix. L’Église s’en souvient et c’est parce qu’elle s’en souvient qu’Elle a promulgué un droit interne qui organise sa justice tout comme Elle a organisé l’exercice de sa charité. Et voila pourtant l’administration de ses biens prise la main dans le sac… Le péché – et la grâce – balayent les structures.
Et la justice de l’Église ?
Là il ne s’agit plus d’argent, mais de l’honneur des hommes, de l’honneur de ceux qui ont consacré leur vie à l’Évangile. Ne se rendraient-ils pas coupables de « complicité pécheresse », l’innocent et son juge qui, par lassitude, ou quiétisme, laisseraient s’installer un déni de justice, au risque de scandaliser les petits et de compromettre la vie éternelle des accusateurs ? Qui sait le vrai sur la validité d’un mariage, qui sait le vrai sur une accusation incontrôlée ? Un organisme lointain au prix d’une coûteuse et lourde procédure… ou les intéressés eux-mêmes ? S’il faut une procédure, qu’elle soit, à tout le moins, respectueuse du droit naturel. C’est, dans l’ordre économique, l’esprit de la démarche confiée par le Saint-Père à la commission ad hoc.
Nous tous, clercs et laïcs, accusés et accusateurs, juges et parties, éditeurs et auteurs, et même bonnes gens venus pour le spectacle, serons cités en appel par Celui qui – et chaque minute nous en approche – viendra dans la gloire juger les vivants et les morts.
Jean-Claude Didelot
Éditeur
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