Mgr Murphy à Long Island: un juste combat. - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Mgr Murphy à Long Island: un juste combat.

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J’ai habité une bonne dizaine d’années dans le Diocèse de Rockville-Centre (État de New York). Créé en 1957 par Pie XII, il englobe les comtés de Nassau et Suffolk; cent trente trois paroisses accueillent un million et demi de catholiques, 52% de la population.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la population catholique de Long Island a monté en flèche. Les allocations attribuées aux anciens G.I. et les prêts immobiliers fédéraux pour anciens combattants entraînèrent l’exode massif des vieux quartiers New-Yorkais de tradition catholique vers ce que l’historien Kenneth Jackson a surnommé « Les frontières de l’herbe à chat ».
La première cité-dortoir fut construite peu avant 1950 par « Levitt and Sons, inc. » dans le comté de Nassau. Les 4.000 cabanes à lapins construites sur d’anciens champs de pommes de terre et d’oignons constituèrent la ville de Levittown, habitées essentiellement par des militaires catholiques jeunes mariés.

En raison de la nombreuse population catholique, Long Island avait un caractère conservateur, politiquement et culturellement. En 1952 Eisenhower recueillit plus de 70% des suffrages de Long Island, Nixon, 65% en 1972, ainsi que Reagan en 1984. Les catholiques y ont dominé le Parti Républicain, et occupé nombre de postes électifs à titre fédéral, de l’État [de New York], ou local.

Mais au cours des trois dernières décennies la communauté catholique de Long Island a vu évoluer sa démographie. Les catholiques survivants de « la plus nombreuse génération » sont octogénaires, ou plus. La génération « Baby-boom » prend sa retraite dans les États ensoleillés et moins taxés. La désindustrialisation de New York a poussé bien des « cols bleus » à chercher du travail dans le Sud et le Sud-Ouest. Les familles de jeunes catholiques n’ont pas les moyens de vivre sur Long Island, où pèsent les impôts d’État et locaux les plus élevés du pays. Et il y a un nombre croissant de « catholiques non-pratiquants ».

Le très révérend William F. Murphy, Docteur en théologie, Docteur en humanités latines est depuis 2001 le quatrième titulaire du diocèse de Rockville Centre. Mgr Murphy, né à Boston, reçut ses diplômes supérieurs à l’Université pontificale grégorienne de Rome, et exerça de 1980 à 1987 comme Sous-Secrétaire au Conseil pontifical pour la justice et la paix. Il enseigna également la théologie aux Universités pontificales St. Thomas d’Aquin et Grégorienne.

Mgr Murphy n’est pas resté en retrait quand il s’est agi de défendre l’enseignement de l’Église sur la place publique. Il s’est exprimé contre les obligations anti-catholiques imposées par le ministère de la Santé publique [NDT: cotisation obligatoire des entreprises pour couvrir par l’assurance-santé les dépenses de contraception, stérilisation, avortement du personnel féminin], contre le « mariage » homosexuel dans l’État de New York, et le projet de « Décret relatif à la santé dans le domaine de la reproduction » qui légaliserait l’avortement en toutes circonstances, sans limitation liée à l’avancement de la grossesse.

En réaction à l’appétit insatiable du gouvernement-Leviathan, Mgr Murphy notait :

« Le gouvernement se fait de plus en plus le régulateur et l’administrateur de nouvelles attitudes et politiques sociales, se substituant aux administrations ou organismes intermédiaires et aux initiatives locales.»

Il poursuivait en soutenant que l’État-Nounou violait le principe de subsidiarité, selon lequel le gouvernement a pour rôle de protéger et garantir la liberté de quiconque se livre à des activités à caractère social, activités mieux effectuées par les plus petits groupes capables de s’en charger.

Le diocèse de Rockville Center a fait récemment la « une » de la presse nationale [de tous les USA] avec le soutien de Mgr Murphy à la décision d’un curé de retirer à un laïc l’autorisation de distribuer la Sainte Communion — il était aussi catéchiste pour les enfants du CM2 — parce que, homosexuel, il venait d’épouser un homme.

Avec fracas dans les médias, l’association « Faithful America » (Amérique des Fidèles), organisme de propagande internet gauchiste « de justice sociale et politique », a remis à l’évêché une pétition lancée sur internet, dont voici le texte:

« Cher Monseigneur Murphy,

veuillez autoriser Nicolas Coppola à reprendre ses activités bénévoles dans sa paroisse — et bien proclamer que les fidèles gay et lesbiennes sont bienvenus pour participer à toutes les activités paroissiales dans votre diocèse. Sincèrement, 18.603 membres de Faithful America. »

Refusant de céder, le bureau diocésain a accusé réception des pétitions « qui ne remplissaient pas les trois grands colis reçus. En fait, une seule boîte aurait suffi, les deux autres étant vides.»

Puis le bureau diocésain poursuit :

« L’Église catholique reconnaît à tous la même dignité humaine, et le droit à la protection de cette dignité humaine. Ceci ne justifie en rien la création d’une nouvelle définition du mariage, mot dont la signification traditionnelle a une importance majeure pour les progrès fondamentaux de la société. L’enseignement bien établi de l’Église reconnaît le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme pour la vie, union sainte et d’amour, accueillante aux enfants, organisée pour le bien des enfants et des époux. Quelles que soient les décisions civiles, cette définition ne change, ni ne peut changer aux yeux de l’Église car elle a ses racines dans la téléologie biologique et dans la loi naturelle… Comme l’a rappelé Mgr Murphy, « L’enseignement de l’Église ne promeut pas la discrimination envers les hommes et femmes homosexuels. Nul n’est autorisé à la discrimination à cause d’orientation sexuelle. » Il n’empêche qu’en ce qui concerne les institutions de l’Église et ceux qui en diffusent l’enseignement, tous doivent soutenir cet enseignement et s’y plier en particulier dans leur comportement public. »

Être appelé à distribuer la Sainte Communion n’est pas un droit, c’est un privilège. Se faire accorder ce privilège implique une bonne connaissance de l’enseignement de l’Église, d’y adhérer dans sa vie privée comme en public, et de participer pleinement à la vie paroissiale. Les gens mariés hors de l’Église, hétérosexuels comme homosexuels, ne répondent pas à ces exigences fondamentales, et ne peuvent ni distribuer la Sainte Communion, ni enseigner le catéchisme.

Ce serait bien s’il ne s’agissait que d’un incident isolé. Mais c’est vraisemblablement le coup d’envoi de futurs conflits. Le « mariage gay » menace de devenir une arme non seulement pour ceux qui veulent attaquer l’enseignement moral catholique, mais aussi pour ceux qui veulent sa destruction de l’intérieur.

Formons le vœu que tous les évêques du pays soient prêts à résister à ce genre d’agression. Et qu’ils suivent l’exemple courageux de Mgr Murphy pour la défense des droits de l’Église et de l’enseignement catholique dans un environnement de plus en plus hostile.

http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/long-islands-bishop-murphy-fighting-the-good-fight.html