S.S. François et les "Oints du Seigneur" - France Catholique
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L'Église dans l'attente
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S.S. François et les « Oints du Seigneur »

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Il se passe cette année tant d’événements et à une telle cadence au sein de l’Église que beaucoup d’entre eux peuvent simplement nous échapper. Parmi eux, et presque inaperçu alors, ce remarquable message du Saint-Père François à l’intention du clergé, juste avant Pâques, sur la nature de la prêtrise lors de son homélie à la messe chrismale à Saint Pierre. Ses paroles méritent d’être retenues.

Au cours d’une messe chrismale les huiles destinées à l’onction pour le baptême, la confirmation, le sacrement des malades, ainsi que pour les ordinations, sont bénies par l’évêque du diocèse. La grâce de ces sacrements protège et grandit le culte de l’Église dont il a la charge.

À Rome, S.S. François déclara: « les lectures et le psaume de notre messe nous parlent des « oints du Seigneur »: le serviteur souffrant d’Isaïe, le roi David, et Jésus notre Seigneur. Tous trois ont un point commun: l’onction qu’ils ont reçue a pour but de transmettre l’onction de Dieu au peuple des fidèles, serviteurs des pauvres, des prisonniers, des opprimés.»
Il n’a pas précisé « pauvres catholiques », etc. L’Église s’est de longue date consacrée au service des pauvres et des opprimés, quelle que fût leur appartenance.

Les termes employés par François nous rappellent les mots chargés d’amertume du dernier empereur païen de Rome, Julien l’Apostat :

« Alors que les prêtres païens négligent les pauvres, les Galiléens détestés (les chrétiens) se dévouent en œuvres charitables, et, montrant une fausse compassion, ont mis en valeur et en actes leurs erreurs pernicieuses. Une telle pratique est fréquente chez eux, ce qui fâche nos dieux.» (lettre aux grands prêtres païens).

Naturellement, les dieux de Julien n’avaient aucune existence. Et dans la culture qui les portait, les actes authentiques de charité prouvaient combien les « dieux » n’étaient que le fruit de l’imagination. Ce n’est pas une expérience mineure que deux faux dieux, fruits de l’imagination de leur époque — le nazisme et le marxisme — ont éradiqué des dizaines de millions d’humains au cours du vingtième siècle. Et l’inventaire des effets de l’extrémisme « libéral » [de gauche] moderne dans des domaines tels que l’avortement est immense et va croissant dans notre propre société.

S.S. François joignait l’onction aux actes des oints, des prêtres. À l’origine :

« Les pierres seront au nom des Israélites, elles seront gravées comme des sceaux, chacune sera au nom des douze tribus. (Ex, 28:21). Ceci signifie que le prêtre célèbre en portant sur ses épaules le peuple qui lui est confié et en porte les noms inscrits dans son cœur. Revêtant notre simple chasuble, nous pourrions sentir sur nos épaules et dans nos cœurs les peines et les visages de nos fidèles, de nos saints et martyrs, si nombreux en ces temps.»

Psychologiquement et spirituellement, ce prêtre qui porte consciemment son troupeau est un autre homme lorsqu’il s’approche de la table du Seigneur. La grâce et ses efforts ont formé sa conscience à agir en ce sens. Le patron des prêtres, saint Jean-Marie Vianney, se considérait responsable de tous les manquements de son peuple.

S.S. François employait encore et encore le mot « peuple ». Un prêtre n’est pas un P.D.G. mais le berger de son troupeau. Le terme, issu des Écritures, est toujours d’actualité. Il n’a pas été remplacé par des variantes laïques modernes.

De plus, le berger exerce une action sur son troupeau :

« On reconnaît un bon prêtre à la façon dont sont oints ses fidèles: c’est une preuve évidente. Quand les gens sont oints d’une huile de joie, çà se voit: par exemple, sortant de la messe, ils semblent heureux d’avoir entendu une bonne nouvelle. Notre peuple aime entendre prêcher l’évangile avec « onction », quand l’évangile que nous prêchons touche leur vie de chaque jour, s’écoule comme l’huile d’Aaron jusqu’au bout des réalités, quand il donne la lumière aux moments de profonde obscurité, jusqu’aux zones extrêmes où les fidèles sont le plus exposés aux agressions de ceux qui voudraient abattre leur foi.»

Il ne s’agit pas de la bonne nouvelle d’une homélie comportant « deux bonnes blagues et une annonce », mais d’une Bonne Nouvelle, avec lettres majuscules. 1. De plus, S.S. François l’affirme, conscient par sa propre expérience que la foi véritable attire l’hostilité.
Sa réflexion s’achève par un regard sur la paroisse :

« Les fidèles nous remercient car ils ont senti que nos prières concernaient les réalités de leur vie quotidienne, leurs soucis, leurs joies, leurs fardeaux et leurs espoirs. Et quand ils sentent que l’arôme du Premier Oint, du Christ, les a pénétrés grâce à nous, ils se sentent encouragés à nous confier tout ce qu’ils voudraient soumettre au Seigneur. « Priez pour moi, mon Père, j’ai un problème », « Bénissez-moi, mon Père », « Priez pour moi » — ces mots montrent que l’onction (du prêtre) s’est écoulée jusqu’à la frange de son vêtement, se changeant en prière de supplication, supplication du Peuple de Dieu.»

Une paroisse authentique selon François est suprêmement collective, et véritable communauté (Hélas, le mot « Communauté » a été vidé de son sens aux USA). Et il cite aussi l’aspect négatif que risque de prendre la collectivité: « le prêtre qui ne s’arrache pas la peau et le cœur n’entend jamais un chaleureux et cordial mot de remerciements.»

Ce pape a une façon bien terre-à-terre, et solidement théologique, de transmettre la foi. Et ce n’est que le début.

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Photo S.S. François – Messe chrismale.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/pope-francis-and-gods-anointed-ones.html

  1. NDT: j’ai souvent entendu aux USA une blague innocente en début d’homélie, mettant les fidèles de bonne humeur. Est-ce propre aux quelques paroisses que j’y fréquente?