Voici la fin d’une époque. C’est un fait à prendre en compte dans le bilan de nos vies de Chrétiens, dont nous sommes personnellement responsables. Le curé, ou l’évêque, ou le professeur de fac qui nous a mal guidés ne sera pas à nos côtés lors du jugement. Pas plus que l’excuse de « la culture » ou des médias. Le carême est la bonne période pour évacuer toutes les excuses et réfléchir sur les sujets les plus sérieux, de plus en plus graves au fil des ans.
Le style « self-service » des paroisses — vous passez à l’église pour y recevoir les sacrements, et un petit quelque-chose en, plus — a laissé des générations de catholiques américains médiocrement informés et très insuffisamment formés pour affronter une culture d’abandon de la vie, de la foi, de la vérité et de la moralité. Alors se pose aux catholiques la question : comment mener ma vie dans un monde en perpétuelle contradiction avec ce que je crois nécessaire pour atteindre la sainteté ?
La réponse ne se trouve pas dans l’enfermement dans des ghettos catholiques, ce qui contredirait la signification de notre baptême. Toutes les tentatives du genre que j’ai connues en Amérique ont vite échoué — laissant souvent un goût d’amertume. Nous, baptisés Chrétiens, sommes destinés à vivre dans le monde et y relever ses défis.
Pour commencer, il nous faut un repère central dans nos vies : « La vie n’est pas le résultat de lois et de hasards de la matière, mais, en tout, et au-dessus de tout, il y a une volonté personnelle, un Esprit qui, en Jésus, s’est révélé comme étant l’Amour. » (Benoît XVI). Ainsi la vie est une conversation ininterrompue avec le Dieu qui est amour. Chaque événement, chaque rencontre participe à cette conversation. Conduire la voiture, téléphoner, toucher quelque chose, parler, sourire, tout cela fait partie de la conversation. Tout a un sens pour nous en vue de notre salut — ou contre nous, à l’encontre de notre salut.
Pour le savoir, il faut se tourner vers Dieu fait homme venu parmi nous. Jésus-Christ « nous dit ce qu’est vraiment l’homme, et ce que l’homme doit accomplir pour être véritablement humain. Il nous montre le chemin, et ce chemin est vérité. Lui-même est à la fois chemin et vérité, Il est donc aussi la vie à laquelle nous aspirons tous. Il nous montre aussi le chemin au-delà de la mort; seul celui capable de le montrer enseigne vraiment la vie. » (Benoît XVI).
Ainsi nous recevrons de sa part la boulonnerie pour assembler ce qui donne sa signification à la vie, soit, en pratique, ces vérités que Lui (le Verbe Incarné) nous révèle par l’Église, les Écritures et la Tradition.
Une part de cette Tradition peut aider beaucoup à faire le bilan de votre vie et de vos relations: la « Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps – Gaudium et Spes. Le catholicisme est une religion extraordinairement objective. On trouve des milliers de saints dans son histoire. Les catholiques ne vont pas se fourvoyer dans le monde trompeur des idéaux. Il n’y a pas dans l’Église d’indulgence pour la perpétuelle excuse des bonnes intentions en contrepartie des témoignages authentiques. Le catholicisme a des règles claires et nettes — au désespoir de ceux qui de toujours prétendent faire d’un catholicisme imprécis leur fournisseur de feuilles de vigne.
Cette Constitution pastorale n’a rien de flou. Elle propose des principes clairs pour la vie catholique. Après un bref prologue, elle est composée de deux parties. La première concerne « L’Église et la vocation humaine » et la seconde traite « de quelques problèmes urgents ». La première partie propose une explication par l’Église (par le Christ) de la condition humaine.
Une bonne lecture pour saisir ce que nous sommes vraiment. En quelques chapitres la seconde partie traite de « Mariage et famille », « Essor de la culture », « Vie économico-sociale », « Vie de la communauté politique » et « Sauvegarde de la paix et construction de la communauté des nations ». Si vous ne savez par où commencer, il serait utile de démarrer par un inventaire sur votre propre vie.
Je vous suggère de prendre une phrase à la fois. Par exemple : « La santé de la personne et de la société tant humaine que chrétienne est étroitement liée à la prospérité de la communauté conjugale et familiale. » (op. cit. Seconde partie, chapitre premier 47-§1) Est-ce que je le crois sérieusement ? Est-ce que je m’y attache dans tous mes actes? Sinon, il faudra que je change ma vision et mon comportement. Et pourquoi pas tout de suite ?
Essayez de passer une journée à suivre cette perspective chrétienne, et voyez comment les choses peuvent changer. Puis essayez d’en faire autant avec d’autres passages de bon conseil à récolter dans ce texte tellement riche. Le résultat pourrait vous surprendre. Vous pourrez désirer vous rapprocher de plus en plus du Christ, et réussir une vie plus chrétienne. Et tout cela malgré les nombreux et lourds défis de notre époque qui passe.
C’est cela, le catholicisme. Bon carême.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/lent-at-the-end-of-an-age.html