En avant, amis catholiques - France Catholique
Edit Template
Rechristianiser la France
Edit Template

En avant, amis catholiques

Copier le lien

Il y a quatre ans, de bonne heure le matin de Pâques, je me suis réveillée trempée de sueur froide.

Je marchais dans une foule, incapable de rien voir au-delà des gens serrés autour de moi. Je ne pouvais pas voir où nous allions, mais je savais seulement que nous marchions dans un immense cercle autour de quelque chose. Soudain, je me suis arrêtée et je me suis dirigée à contre courant vers le centre.

En arrivant à une éclaircie, je me suis trouvée face-à-face avec un homme très âgé, assis sur un rocher. C’était tout ce qu’il y avait au centre.

Il m’a saluée par mon nom, et m’a demandé si je savais qui il était. J’ai dit : « Vous êtes un disciple du Christ. Vous êtes Pierre. » (A ce moment-là, je n’avais aucune idée d’où je sortais cela.)

Il a répondu : « Oui. Et le temps est venu que vous veniez avec moi. »

Je me suis réveillée en sursaut. Des heures plus tard, je me suis trouvée dans les bancs d’une église protestante, l’esprit divaguant pendant le sermon de Pâques. J’ai pris une Bible et je l’ai ouverte aux paroles de Matthieu 16 :18 : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. »

Un an plus tard exactement, je devenais catholique.

Il y a quelques dimanches, alors que je traversais l’avenue Pennsylvania à Washington, D.C., en entrant dans une église, ma blouse s’est soulevée autour de mon ventre, gonflé d’une nouvelle vie impatiente; mon mari était à mon côté.

Les passants avaient le regard fatigué et sans expression que donne une nuit d’excès Des ordures glissaient le long du trottoir. Des gens et des papiers étaient poussés doucement par le vent le long de l’église, comme si elle n’était pas là. N’allant nulle part en particulier.

Pendant un très court instant, j’ai eu l’impression que je rêvais encore, un pied suspendu au-dessus du passage piéton rayé, mon ourlet soulevé lentement vers les portes. Le vent me poussait sur le côté mais mes yeux étaient fixés sur St Pierre et son rocher.

C’était le dimanche de Laetare. C’était la messe des Philippins ; le prêtre était africain, deux femmes chantaient les hymnes en langage gestuel pour les sourds. L’Eglise universelle. Serrée entre le Marché Merveilleux et l’épicerie Trader Joe’s. Les lectures parlaient d’une de ces destructions apparemment sans nombre de ce temple-ci ou de celui-là. Le prêtre nous rappelait que chaque fois que nous sentons la morsure de notre sacrifice de carême, nous faisons un petit pas vers le Christ.

Pendant cette courte vie, nous faisons l’une de deux choses. Nous marchons autour de l’Eglise ou nous marchons vers elle.

C’est vraiment tellement simple. Ou nous marchons derrière le Christ, luttant contre les démons accrochés à nos épaules, écrasés par les hideux bernacles du péché, tombant sur le sol pour goûter une fois le doux Sang. Un doux frôlement avec la Chair. Ou nous restons sur le côté, à L’observer.

Le week-end dernier, pendant le Triduum, les catholiques d’Amérique ont mis de côté pendant un moment le chaos HHS (Health & Human Services : la Santé et les Services sociaux) 1 pour s’arrêter au pied de la Croix. Nous faisions si peu de bruit que quelques-uns d’entre nous pouvaient même entendre le bois qui craquait dans le vent.

Pendant la période entre le carême et l’octave de Pâques où nous nous trouvons maintenant, le temps est suspendu à une vieille ficelle et nous nous accrochons à la Croix. Nous sentons ses échardes sur notre joue humide. Nous dormons la nuit d’une façon agitée quand les agents de Satan, avec leur mémoire tronquée, croient pendant quelques heures qu’ils ont remporté la victoire.

Puis, nous nous réjouissons de Pâques et de toute sa gloire. Le tombeau est si vide et le monde est si plein. La vie est de nouveau voluptueuse. Nos âmes débordent.

Puis, c’est lundi matin et le cardinal Dolan est de nouveau là, à la télévision, en train de défendre l’Eglise contre le mandat du HHS. Ross Douthat nous rappelle combien la religion est devenue polarisée en Amérique.

Notre boîte de réception est fâchée que nous ayons pris le week-end pour suivre le Christ sur son chemin de Croix, et accompagner Sa Mère pendant qu’il mourait, et pour nous réjouir avec les femmes et leurs épices quand Il n’était plus là le dimanche matin.

Mais Pâques se termine et le monde nous envahit une fois de plus. Satan ramasse l’arme qui se nomme « mondanité.»

Quelque soit l’avenir de ce mandat HHS, n’oublions pas que notre Eglise a survécu beaucoup plus longtemps que les tromperies bureaucratiques. Elle a survécu à des siècles de guerres et de persécutions. Elle a vu ses temples complètement détruits, reconstruits, et détruits de nouveau. Elle a même survécu à la fumée de Satan dans ses tentures.

En ce moment, elle survit à une période de grande incrédulité et d’hostilité. De fait, elle prospère mystérieusement.

Alors, tandis que nous autres Catholiques, descendons la colline du Golgotha et retournons au temps ordinaire encore une fois, nous rencontrerons une fois encore les maux ordinaires qui s’insinuent dans notre chemin. Comme le mandat HHS.

Ne vous y trompez pas. Le mandat HHS est peut-être le plus sérieux assaut que notre Eglise ait jamais connu dans l’Amérique moderne. Les temps dans lesquels nous vivons ne sont pas tellement ordinaires pour les Catholiques américains.

Mais notre Eglise est construite sur le rocher le plus éternel.

Et les Portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre Elle.

Alors, en avant, amis catholiques.


Ashley E. McGuire est éditeur-en-chef de AltCatholicah

— –

Illustration : St Pierre, pape, par Pierre Paul Rubens, c. 1611

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/march-on-fellow-catholics.html

  1. NDT : Le ministère de la Santé et des services sociaux a annoncé récemment que toutes les organisations privées devraient procurer des contraceptifs gratuitement à leurs employés.