La venue de l’Esprit Saint (Antoine Van Dyck, vers 1619)
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La célébration de la Pentecôte met fin à la période de carême et de Pâques de l’année liturgique. Les quarante jours de carême, les quarante jours précédant l’Ascension, et les dix jours menant à la Pentecôte renouvellent chaque année les mystères de la Passion, de la Crucifixion, de la Résurrection, de l’Ascension et de la venue de l’Esprit-Saint.
La prière des chrétiens est caractéristique. Nous prions d’abord le Père, par Son Fils, en union avec l’Esprit Saint. Nous adressant pleinement à Dieu, disant toute Sa vérité, nous trouvons toujours les trois Personnes Divines, Dieu unique. S’adresser ainsi à Dieu ne résulte pas de conclusions philosophiques, mais de l’enseignement donné par le Christ. Réfléchissant à ces vérités révélées sur Dieu nous sommes amenés à une profonde réflexion sur ce qui est.
Nous rencontrons Dieu le Père grâce aux Écritures. Ce que nous savons du Père, nous l’avons appris par Son Fils. « celui qui me voit voit le Père.» Le Saint Esprit nous est moins évident. Il nous est difficile à cerner. Les Écritures parlent de « feu » et de « vent ».
L’Esprit-Saint est aussi appelé Consolateur, Intercesseur. L’Esprit-Saint est l’aboutissement, ou la conclusion, de la Divinité, les trois personnes en un seul Dieu, totalement unies en la divine réalité. Tout est dit ainsi. À la question « qui es-tu?» Dieu répondit: « je suis.» S’il existe autre chose — évidemment, ce qui nous entoure existe — c’est par « l’amour », « le don », mots associés à l’Esprit Saint. Toute la création de Dieu est amour et don, elle n’était pas nécessaire.
Beaucoup de gens reprochent au christianisme d’être trop compliqué. Cette histoire de trois personnes, deux natures, et un Dieu unique aurait bien besoin d’être simplifiée. Les Juifs et les Musulmans ne s’encombrent pas de ces nuances. Mais nous, Catholiques, nous y attachons, c’est un devoir. Nous ne bâtissons pas notre Dieu à notre image, ni en conformité avec ce que nous ferions si nous étions Dieu. Nous avons une tâche fondamentale.
Nous devons connaître et conserver le don reçu dès le commencement. Bien sûr Dieu ne nous a pas dit: « Écoutez, je ne vous révélerai de moi que ce que vous êtes capables de comprendre.» Il a plutôt exprimé quelque-chose comme: « Ce que je vous révèle par le Christ, je veux que vous le méditiez. Vous en saisirez le sens ainsi que la réponse aux nombreuses questions qui, autrement, vous resteraient indéchiffrables.»
Jean-Paul II écrit dans son encyclique sur l’Esprit-Saint « Dominum et vivificantem » : « Si Jésus Christ lui-même est la révélation suprême et la plus complète de Dieu à l’humanité, le témoignage de l’Esprit en inspire, en garantit et en confirme la transmission fidèle dans la prédication et dans les écrits apostoliques, tandis que le témoignage des Apôtres en assure l’expression humaine dans l’Eglise et dans l’histoire de l’humanité.» (NDT: cette citation est tirée de la version française de la-dite encyclique).
Ainsi, ce que nous tenons maintenant de l’Église, c’est fondamentalement l’enseignement du Christ aux Apôtres. L’envoi par le Christ d’un intercesseur est le signe du souci constant du Père: que la destinée de Ses créatures et la rédemption de l’humanité par le Christ soient vraiment présentes face à la faute qui a marqué l’histoire de l’homme.
Naturellement nous sommes toujours libres de rejeter la révélation. Jamais dans sa relation avec nous Dieu n’écrase notre liberté, même pas la liberté de Le rejeter. J’imagine que l’exercice individuel et fréquent de cette liberté de dénier explique la longue durée du temps qui s’écoulera depuis l’Ascension jusqu’à la fin des temps.
Le Saint-Esprit s’emploie à corriger les effets de tels péchés gratuits. « Pécher, c’est refuser de croire, comme Jésus l’a constaté chez les siens, à commencer par ses concitoyens de Nazareth. Pécher, c’est nier sa mission, refus qui l’amènera à la condamnation, à la mort.»
Lors de son homélie de Pentecôte 2010, Benoît XVI expliquait que « l’Église n’est jamais enfermée dans des cloisons politiques, raciales, culturelles, il ne faut pas la confondre avec des états ou des fédérations d’états, car son unité relève d’un ordre différent, aspirant à la transcendance de toutes frontières humaines.» L’unité de l’Église est l’œuvre de l’Esprit-Saint nous assurant que notre ultime destin n’a rien de politique. C’est une forme de transcendance individuelle, quel que soit le régime sous lequel nous vivons.
Pour Benoît XVI « Jésus vit toujours son sacerdoce d’intercession au profit du peuple de Dieu, de l’humanité, et donc prie pour nous tous, demandant au Père de nous envoyer le Saint Esprit.» Notre but sur terre, c’est la vie éternelle, à nous d’en décider. Nous y parviendrons dans les conditions de nos vies quotidiennes, accompagnés par ceux qui sentent aussi l’appel à la vie éternelle.
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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/the-holy-spirit.html
James V. Schall, S.J. , professeur à l’Université de Georgetown.