Peace Christ ou la paix du Christ - France Catholique
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La chasteté : apprendre à aimer
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Peace Christ ou la paix du Christ

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Piss Christ est une photographie de l’artiste américain Andres Serrano, réalisée en 1987. Elle représente un petit crucifix en plastique immergé dans un verre rempli d’urine de l’artiste. Cette « œuvre » est exposée à Avignon depuis le début de l’année 2011. Le 17 avril dernier, un tirage de la photographie a été vandalisé à l’aide de marteau et d’objets coupants. Cet événement suscite en moi une double tristesse mais aussi une espérance : tristesse de voir que l’on bafoue l’image du Christ, mais aussi tristesse de la réaction violente de certains qui se disent chrétiens.

On ne peut qu’être blessé par cette transgression de l’image du Christ qui nous sauve par sa croix. La croix est le signe du chrétien, ce que nous avons de plus précieux. Et à la messe nous adorons et nous célébrons ce corps livré pour nous. Le Christ donne sa vie jusqu’au bout par amour. Et l’indifférence, voire le mépris qu’il reçoit en retour ne fait qu’ouvrir la blessure de son cœur transpercé.

Il est vrai qu’un certain art contemporain n’en n’est pas à sa première transgression. Déconnectée de la transcendance divine que l’art a exprimé pendant des siècles, une tendance de l’art de notre époque post-moderne semble prendre plaisir à briser les symboles religieux. Certains parlent de « Misère de l’art »  (Jean-Philippe Donecq) tandis que d’autre face aux obsessions scatologiques de l’art de notre temps, dise qu’« il n’y a pas d’art contemporain » (Jean Clair). Refusant le sacré, il s’agit de détruire le sacré. « L’Occident pue la mort » dit Michel Houllebecq. L’art ne serait qu’à l’image du nihilisme de notre époque, une pulsion de mort et de vide. D’ailleurs que cet événement se passe à Avignon est comme un symbole de l’inversion de notre société sécularisée. Alors que les pèlerins d’autrefois venaient recevoir la bénédiction du Pape, les pèlerins d’un nouveau genre célèbrent une nouvelle liturgie. La culture est souvent le culte des élites cultivées et agnostiques.

Cependant face à ces transgressions anti-chrétiennes, le chrétien ne peut pas réagir par la violence. Voici ce qu’écrit un certain Joseph Ratzinger : « La violence n’instaure pas le royaume de Dieu, le royaume de l’humanité. C’est au contraire l’instrument préféré de l’Antéchrist. … Le Christ a transformé en zèle de la Croix le « zèle » qui voulait servir Dieu par la violence. Il a établi ainsi définitivement le critère du vrai zèle – le zèle de l’amour qui se donne. » (Benoît XVI, Jésus de Nazareth, De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection, 2011, p. 28 et 36). La violence est une tentation que refuse le Christ pendant toute sa vie et au moment où il va être arrêté. « Et voilà qu’un des compagnons de Jésus, portant la main à son glaive, le dégaina, frappa le serviteur du Grand Prêtre et lui enleva l’oreille. Alors Jésus lui dit : « Rengaine ton glaive ; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. » (Matthieu 26,51-52) Déjà Pierre avait appris au lavement des pieds qu’il fallait se faire serviteur. Et il apprendra que le martyr ce n’est pas provoquer la violence, mais accepter l’incompréhension et la violence des autres. « Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas. » Il signifiait en parlant ainsi, le genre de mort par lequel Pierre devait glorifier Dieu. » (Jean 21,18-19)

Le corps du Christ est livré. Il est humilié sur la croix et par cette œuvre. La victoire du Christ passe par l’humiliation de la croix. Que le Christ soit abaissé est pour nous un signe d’espérance, parce que nous savons qu’il y a la Résurrection. Le martyr chrétien est celui qui sait que si tout semble perdu, alors la victoire de l’amour est proche, que dernière l’horreur visible pour tous de la croix nous avons la victoire cachée de la Résurrection. Les chrétiens ne doivent pas avoir peur d’être caricaturés, humiliés. Nul n’est plus grand que le Maître. Mais regardons le Maître pour savoir comment répondre à l’offense. L’agneau immolé s’en va en silence à l’abattoir. Son silence et sa docilité sont le chemin de sa victoire. « Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, donne-nous la paix »

Bertrand Souchard, auteur de « Dieu et la science en questions – ni créationnisme ni matérialisme », Presse de la Renaissance.