Les enfants dévoyés du système américain - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Les enfants dévoyés du système américain

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Dans mon dernier éditorial, j’ai soulevé la question de savoir si les enfants qui sont élevés aujourd’hui dans le cadre de nos lois et de nos institutions étaient réellement toujours les enfants du système américain. Mes lecteurs qui ont fait vocation d’enseignement pensent que, dans ce texte, je suis resté à la surface des choses. Un correspondant écrit qu’il a trouvé, parmi ses étudiants, de nombreuses références aux « droits que l’Etat nous a donnés ».

L’idée sous-jacente est, bien entendu, que tous les droits dont nous jouissons ont été créés par les lois décrétées ou mises en œuvre en un endroit donné. Ce qui exclut, tout spécialement, l’idée que certains droits sont inhérents à la nature humaine, ou dérivent des principes mêmes du droit. A ce stade, les étudiants suivent les stéréotypes largement répandus parmi leurs aînés. N’entendons-nous pas à longueur de temps les juristes et les commentateurs invoquer « les droits dont nous disposons en vertu du Premier Amendement » – comme si, en l’absence de cet Amendement, nous n’aurions pas le droit de nous réunir, de publier ou de pratiquer un culte ?
Tout ceci nous ramène aux débats des premiers constituants à propos d’une Déclaration des Droits. Vous trouvez des magistrats et des juristes qui ont apparemment oublié les discussions de fond initiées sur le sujet au début de notre République. Les réserves exprimées à l’égard d’une Déclaration des Droits ne l’ont pas été par des personnes qui étaient opposés aux droits. Bien au contraire, le souci était qu’une Déclaration des Droits ne limite ou ne réduise la portée de nos droits : qu’elle ne donne l’impression que les droits écrits sont bien plus importants que les droits que nous avons négligé de coucher par écrit. Le résultat serait d’inculquer au peuple américain une fausse idée concernant le fondement même de leurs droits : qu’il ne bénéficie que des droits qui sont écrits et insérés dans le droit positif.
Nous reviendrons sur ce point. Une question récemment s’est posée à propos de l’étrange inclination du président Obama à rechercher l’accord des Nations Unies préalablement à l’engagement des forces américaines en Libye pour s’opposer au col. Kadhafi et le renverser. Les étudiants ont avalé sans broncher la ligne de conduite de la Maison Blanche renvoyée en écho par les médias : l’aval des Nations Unies confère à cette intervention une valeur « légale ». « Légale » ?

Les enfants du système américain ont jadis été allaités à la Déclaration d’Indépendance qui dispose que le seul gouvernement légitime pour des êtres humains est celui qui « tire ses pouvoirs du consentement des gouvernés ». Quelle législature dûment institutionnalisée a-t-elle pu instituer la « loi » aujourd’hui attribuée aux Nations Unies ? Les délégations qui disposent du droit de vote aux Nations Unies n’ont pas été élues ni nommées par des gouvernements qui seraient eux-mêmes élus par leurs peuples respectifs. Et la Constitution des Etats-Unis donne au Congrès tout pouvoir pour punir les atteintes au Droit des Gens, et les « Traités signés… avec l’autorité des Etats-Unis, auront force de loi suprême dans le pays. »
Ce que l’on entend ici par Force de Loi donnée aux Traités ou au Droit des Gens dépend de l’accomplissement des formes constitutionnelles de notre propre pays – le Congrès votant les lois et le Sénat approuvant les Traités. Selon les termes du Chief Justice (Président de la Cour Suprême) John Marshall, il y a bien longtemps, le droit international est fondé sur le principe qu’ « aucune nation ne peut imposer sa loi à une autre. Chacune édicte ses propres lois qui valent pour elle seule. »

Certains de mes étudiants sont d’avis qu’il serait utile que les actes de notre gouvernement soient soumis au contrôle des opinions d’une « communauté internationale ». Quelle « communauté internationale » ? S’agit-il de prendre l’avis moral autorisé des gouvernements qui qualifient la conversion au christianisme de crime capital, approuvent la circoncision féminine et la polygamie, et imposent la Charia ?

S’il s’agit de rechercher l’avis moral d’une autre organisation, pourquoi pas l’Américan League (championnat de baseball) ou NASCAR (courses de stock-car) ? A moins que nous ne trouvions ce contrôle exercé par l’institution créée à cet effet par les Pères Fondateurs – Oups- le Congrès des Etats-Unis.

Admettons qu’il soit moralement justifié de chercher à chasser du pouvoir un despote vicieux qui aurait ordonné la mort de citoyens américains. Si c’était effectivement moralement justifié, pourquoi cela cesserait-il d’être impératif si les Etats-Unis n’avaient pas obtenu l’accord des Russes et des Chinois au Conseil de Sécurité des Nations Unies ? Quelle est la moralité de ces raisons dont la validité dépendrait de l’accord des voyous et des despotes bureaucratiques qui les gouvernent ?

Si nous pensions que les intérêts américains justifient une intervention dans cette situation, pourquoi devrions-nous monnayer notre liberté d’action auprès des Russes et des Chinois ? Comment imaginer qu’il n’y aurait pas un prix à payer ? Que nous puissions imaginer payer ce prix et rechercher un accord là où il n’est pas moralement requis est une preuve supplémentaire de la distance qu’a prise cette administration (Obama) avec les principes qui constituent le gouvernement de ce pays qu’il a été appelé à diriger sans bien le comprendre.

Les adolescents qui vivent parmi nous ne font pas la différence car ils vivent sous une administration (Obama) qui n’est désormais pas plus inspirée par la tradition américaine qu’ils ne le sont eux-mêmes.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/children-astray-in-the-american-regime.html