Comme des Protestants ! - France Catholique
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La chasteté : apprendre à aimer
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Comme des Protestants !

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Des politiques (et des théologiens) encouragent le gâchis dans la vie de l’Église. Nancy Pelosi et Ted Kennedy.

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Anticipant la visite en Allemagne cette année du Pape Benoît XVI, plus de 200 « théologiens » allemands ont publié « Église 2011: il faut repartir ». Ils expliquent dans leur prose besogneuse que l’Église doit changer. Comme d’habitude : ordination des femmes, etc., etc. ! C’est leur impérieuse volonté, fondée sur le « magistère » imaginé par des universitaires. Ce fantasme les travaille depuis les années 1960, bien qu’il y ait eu des tentatives pour lui trouver des liens avec l’influence de l’Université de Paris au Moyen Âge, époque où cette institution était un lieu de recherches pour répondre aux questions posées par l’épiscopat.

Ce qui semble échapper aux « Théologiens Catholiques » — entre guillemets, car on a peine à saisir les liens de tels francs-tireurs avec l’Église catholique historique — c’est leur appartenance à un pays majoritairement Protestant. L’environnement national peut bien exercer une pression sur la pensée catholique si les gens ne prennent pas assez le soin de saisir les limites de leurs propres règles.

Bien sûr, le cas classique était l’insistance du jésuite Karl Rahner au sujet de l’ordination des femmes, fondée sur l’idée qu’avec la disparition du patriarcat de notre culture, les femmes devraient être admises à l’ordination par l’Église. Ce qui pourrait être plausible si la désignation des apôtres avait été guidée par des principes culturels. Mais si nous nous tournons vers LE prêtre, à la prêtrise duquel participent tous les prêtres, c’est vers le Christ en personne et le choix non fortuit de Dieu de s’incarner en un homme, Jésus de Nazareth. Les hommes prêtres expriment la prêtrise masculine du Christ. La culture est plutôt une question d’environnement, alors que le genre est ontologique, il concerne l’être lui-même. En l’occurrence, c’est bien la décision de Dieu de s’incarner au masculin.

Le terme Protestant implique qu’on s’oppose à quelque chose. Il impose un cadre a priori à l’élaboration des concepts. La posture revendicative retire quelque chose d’essentiel, à savoir: «L’Église tout entière doit préserver son unité dans ses fondamentaux.» (Vatican II). Ce n’est pas simplement une déclaration péremptoire. Disons plutôt qu’elle est autoritaire car la vérité est unitaire et existe dans «l’Église Catholique dotée de toute la vérité révélée de Dieu avec tous les moyens de la grâce.» (Vatican II). Évidemment la démarche allemande consiste à tendre vers une structure de contestation intellectuelle et d’en cadrer le défi selon un mode intellectuel.

Aux États-Unis la situation des catholiques est comparable, mais l’approche est différente. Pas intellectuelle. Écoutons Nancy Pelosi 1 tenter d’enseigner saint Augustin à nos évêques, ou Ted Kennedy chercher à imposer à l’Église les vues étroites d’une petite élite sur nombre de questions ; personne ne croira que la controverse catholique américaine a un caractère intellectuel. Ce serait plutôt une action perturbatrice, on patauge politiquement dans des flaques boueuses et on voudrait ainsi gâcher un peu le système.

L’approche est toujours contestataire, mais elle est délibérément — presque au vu et au su de tous — subversive. Elle incarne une stratégie politique conforme à la fascination exercée sur les Américains par la politique.En définitive, elle repose sur la conviction que la vérité est simplement politique. En Amérique on tolère que des professeurs enseignent aux séminaristes que les débuts de la prêtrise remontent au quatrième siècle, ou qu’un prêtre est l’équivalent d’un pasteur protestant. La subversion se trouve dans ce genre de raisonnement qui divise l’Église et sème le trouble chez les prêtres dans les paroisses. Les évêques qui autorisent de tels enseignements dans les séminaires préparent des lendemains qui déchantent pour leurs successeurs.

L’attitude protestante, si je peux l’appeler ainsi, revient à répéter l’erreur de Rahner confondant les catégories de réalités. Rahner a pris en considération l’idée socio-culturelle mineure du patriarcat, lui accordant une importance imméritée. La nature fortuite de la culture ne domine pas la nature essentielle de l’homme. La controverse sur la nature de l’Incarnation ne concerne pas les évènements, mais l’essence, divine et humaine. Dieu n’agit pas au hasard. L’Incarnation est un choix délibéré de Dieu. Ce choix s’est porté sur l’Incarnation en un être humain masculin.

Lisant les déclarations de Pelosi ou de Kennedy, on constate qu’ils mélangent les idées répandues dans leur entourage avec les vérités enseignées par l’Église. Ce sont des domaines totalement différents. La vérité de l’Église est la vérité de Jésus-Christ, il ne faut pas l’évacuer par la pensée égocentriste d’une élite éphémère dont on ne se souviendra éventuellement que comme d’un petit mot en bas de page de l’histoire des idées de l’humanité.

Le choix des catholiques américains qui adoptent la posture protestante est inquiétant en ce sens qu’ils introduisent la subversion dans les diverses institutions de l’Église catholique. À l’instar des « théologiens » allemands ils sabotent le rôle des institutions. De même que des incapables ou des fraudeurs dans le système bancaire, ils perturbent le fonctionnement de l’institution. La banque perd ses moyens d’action, et l’Église est brouillée dans ses efforts pour porter clairement le message du Christ à un monde qui, indubitablement, se porte mal d’un faux Évangile.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/the-protestant-posture.html


Père Bevil Bramwell. Oblat de Marie Immaculée, il enseigne la théologie à l’Université catholique Distance – Hamilton (Virginie).

  1. NDT: ancienne présidente Démocrate (gauche) au Congrès