Charité et politique - France Catholique
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La chasteté : apprendre à aimer
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Charité et politique

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Dans ces temps chahutés, il faut oser parler de politique et de charité. Comme dimanche est la journée chrétienne de la communication, je suis les directives du Conseil pontifical pour les communications sociales : utilisons les nouveaux médias au service de la Parole. D’un côté, on entend parler de séparation du politique et du religieux ; de l’autre de la distinction qu’il faudrait faire entre action sociale, voire solidarité et charité. Tout cela me paraît barbare. Ce qui sort de bon du cœur de l’homme ne se saucissonne pas comme ça. Pie XI, en une époque effroyable, disait : « la politique est le lieu de la plus grande charité », montrant par là que se désintéresser de la politique est manque de charité et, aussi, qu’il faut voir plus loin et plus grand que nos petites relations courtes – sans pourtant les négliger – pour servir le bien commun.

Question de vocation, certes : tout le monde n’a pas l’âme militante et il faut du courage pour se lancer dans l’action politique. L’harmonie voudrait que, dans toutes les actions mettant en relation quelques personnes ou des millions de personnes, se trouve ce lien de la charité. Mais d’un côté, nous ne pouvons pas l’imposer de la part de ceux qui ne partagent pas notre foi, de l’autre, sur le terrain, qu’est-ce qui distingue une œuvre de charité d’une œuvre sociale ?

Il me semble que les événements en Europe nous donnent à réfléchir : qu’on le veuille ou non, nous sommes solidaires les uns des autres. La Grèce est en grande difficulté, pour toutes les raisons que vous voulez. N’empêche, que vous le vouliez ou pas, vous devrez l’aider. Il en irait de même d’une grande catastrophe naturelle. A ce niveau politique, nous pouvons nous retrouver à coopérer avec des approches sociales et politiques et des convictions religieuses très différentes.

En allant plus en Orient, on peut se demander pourquoi après tant d’années de conflits, une certaine vie y est quand même possible. En effet, dans beaucoup de pays, l’islam se durcit et instaure une forme d’Etat dur, difficile à supporter par les non musulmans. Et pourtant, il arrive, plus qu’on ne le pense, que de bonnes relations existent entre des gens très différents, tout simplement parce qu’ils vivent, comme chrétiens ou comme musulmans, un certain amour du frère. C’est le seul dialogue qui existe depuis des siècles parce que je ne pense pas qu’il y eût jamais une vraie plateforme de discussion théologique entre chrétiens et musulmans. Cet amour du frère est inspiré par Dieu. Sur ce point essentiel, tout le monde est d’accord en Orient. Mais chez nous, sachons aussi voir assez grand et assez haut pour discerner et faire ce qui peut servir les relations. Et si nous le faisons, nous serons tout heureux de découvrir que l’amour de Dieu n’a pas de frontière ; qu’il est pratiqué, même sans le savoir, par des hommes et des femmes de bonne volonté.