Soudan, Tchad : La paix consolidée ? - France Catholique
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Le saint Curé d'Ars
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Soudan, Tchad : La paix consolidée ?

Au Tchad comme au Soudan, on ne parle plus que de paix en vue de prochaines élections. Faut-il y croire ?
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Après 10 ans de guerres de déstabilisation par l’intermédiaire de rebelles dont les « pick-up », lourdement armés, menaçaient alternativement Khartoum et N’Djamena, le Soudan et le Tchad se sont réconciliés. C’était les 8 et 9 février 2010, lors d’une visite du président tchadien Idriss Déby à son homologue Omar el-Béchir. Celui-ci doit rendre la politesse dans quelques jours. Les milices étrangères seront expulsées de chaque pays – mais cela sera-t-il posible ? – et sont appelées à se rallier aux processus électoraux du printemps prochain. Les deux présidents évoquent le départ des forces de maintien de la paix, devenue « inutiles », et annoncent la création d’une force commune de surveillance de la région frontalière, en attendant un accord des belligérants dont les représentants négocient actuellement à Doha au Qatar…

Ainsi soulagé, le régime tchadien pré­pare en effet des élections législatives pour les mois à venir, prélude à une présidentielle en 2011, qui redorerait son blason international et permettrait enfin au pays de tirer partie d’un début de rente pétrolière jusqu’à présent gaspillé en armements.
Quant au président sou­­danais, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité au Darfour, il espère avoir mis une sourdine à cette question du Darfour pour concentrer ses efforts, lui aussi, à des élections prévues en avril dans tout le Soudan.
Car la question du Sud-Soudan paraît tout aussi miraculeusement réglée. Le 19 janvier dernier, le président el-Béchir et son premier vice-président, Salva Kiir, chef du Sud-Soudan, ne se sont-ils pas promis mutuellement, lors d’une rencontre à Yambio, la capitale de l’État sudiste d’Équateur occidental, « de ne plus jamais se faire la guerre » ? C’était pour une cérémonie fêtant les cinq ans de « l’accord de paix global » qui avait mis fin à 21 ans de guerre civile. C’est cet accord qui prévoit des élections générales en avril 2010 et un référendum d’autodétermination pour le Sud en janvier 2011. Or le président el-Béchir a affirmé que si le Sud choisissait l’indépendance, il serait le premier à reconnaître le nouveau pays !
L’impatience des uns et des autres à exploiter les gisements de pétrole du Sud-Soudan serait-elle, pour une fois, bonne conseillère ?

Jusqu’à présent les Chi­­nois ont signé des contrats avec les Nordistes, islamistes, à qui ils n’ont pas ménagé leur appui. Mais si, demain, les Sudistes, chrétiens et animistes, récupèrent le pac­tole, les Américains, qui les ont plus ou moins soutenus durant 20 ans, seront sans doute mieux placés… C’est du moins ce qu’on croit.

Mais il faut lire le bulletin Vigilance-Soudan*, qui suit le conflit méticuleusement, pour comprendre que les choses ne seront pas aussi simples. Les Chinois auraient déjà proposé au futur Sud-Soudan indépendant de lui construire un oléoduc à travers le Kenya, qui intéresserait beaucoup le pétrolier français Total ! Mais les dirigeants sudistes de Juba voudraient garder leur mot à dire sur le sort des nom­­breux Su­distes vivant au Nord, doivent tenir compte du partage des eaux du Nil, sont dans l’incertitude sur le tracé des frontières, pas seulement dans la région intermédiaire de l’Abyei qui, après arbitrage international, doit décider, par référendum, où elle entend se situer…

En vérité, personne n’est capable d’éliminer l’hypothèse de la reprise d’une guerre, tant cette paix généralisée semble irréelle…

* 41, rue Poliveau, 75005 Paris,
tél. : 33 (0) 1 43 31 40 67