L’étrange prix Nobel de Barack Obama - France Catholique
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L’étrange prix Nobel de Barack Obama

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L’attribution, par le comité spécialisé du Parlement norvégien, du prix Nobel de la paix au président américain Barack Obama a plus suscité de questions que soulevé d’enthousiasme. L’intéressé lui-même a réagi « avec surprise et une profonde humilité ». Sans doute a-t-il perçu qu’il ne se trouvait encore qu’au début de « ses efforts extraordinaires afin de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples », pour reprendre l’expression des cinq décideurs scandinaves. Ceux-ci ont d’ailleurs fourni une curieuse explication en disant qu’ils avaient eu peur, s’ils avaient davantage attendu, de récompenser l’action du chef de l’État américain « trop tard ».

Comme beaucoup de commentateurs l’ont noté, cette édition 2009 concerne donc plus des intentions que des actions, des paroles que des succès. On peut même se demander s’il ne s’agit pas d’un cadeau empoisonné, qui fixe l’attention sur les faits et gestes d’un homme qui a tout juste derrière lui neuf mois de mandat, le condamnant en quelque sorte à se surpasser. Alors qu’il reste confronté aux difficultés sociales nées de la crise économiques, qu’il peine à définir une nouvelle politique aussi bien en Afghanistan qu’en Iran et qu’il n’a toujours pas fait évoluer les rapports entre Israéliens et Palestiniens, il se retrouve couronné comme un champion.

C’est là qu’il faut se demander si les nobélisateurs d’Oslo ne sont pas tombés dans un de leurs travers favoris, qui consiste à applaudir à tout ce qui va dans le sens de l’utopisme béat et du progressisme international*, au risque de se situer complètement à côté de la plaque. Généralement hostiles à tout ce qui peut paraître de droite, ils priment avant tout ce qui flirte avec « l’air du temps », comme l’a d’ailleurs reconnu Thorbjoern Jagland, le président du comité norvégien. Pour eux, l’essentiel semble résider dans les belles et généreuses idées et les postures qui déclenchent la sympathie, mais sans vraiment tenir compte des réalités — même si, sur le plan international, ils ont su récompenser en 1978 Anouar al-Sadate et Menahem Beghin et en 1983 Lech Walesa, dont on comprend qu’il ait pu juger l’actuel prix « prématuré ».

Faut-il rappeler qu’Alfred Nobel avait, dans son testament, précisé que l’attribution du prix de la paix devait concerner « la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix » ? Il est vrai que, il y a sept années, Jimmy Carter avait été primé — tout comme, il y a deux ans, l’ancien vice-président Al Gore. Comme par hasard, tous les trois sont membres du parti démocrate, autrement dit la gauche étasunienne. Cette distinction consolera en tout cas Barack Obama de l’élimination, dès le premier tour, de sa bonne ville de Chicago dans la course aux Jeux olympiques de 2016.

Jean Étèvenaux © Acip

* Qu’on se souvienne des résultats effectifs de la diplomatie du prix Nobel Aristide Briand.