Les contradictions de La Poste - France Catholique
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Le saint Curé d'Ars
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Les contradictions de La Poste

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La « votation citoyenne » sur l’avenir de La Poste — en réalité une initiative privée souvent effectuée avec les moyens du bord — semble avoir constitué une sorte de bouffée d’air frais dans le paysage politico-social de la rentrée. Elle a recueilli plus de deux millions de suffrages, le vote ayant été particulièrement massif dans les quartiers populaires et les zones rurales, selon le comité national contre la privatisation qui l’avait organisé. Et, comme il se doit, la grande majorité des participants s’est déclarée contre la transformation de La Poste en société anonyme. Par ailleurs, un sondage publié le 4 octobre dans Sud Ouest a montré 59 % des personnes interrogées favorables à un véritable référendum sur la question. Cela amène un certain nombre d’observations.

Au départ existe une confusion, parfois volontaire. Le ministre du Budget s’est montré très clair : « La question est un mensonge : le gouvernement souhaite que La Poste reste publique à 100 %, continue à exercer ses missions de service public pour l’aménagement du territoire ». Et Éric Woerth de rebondir : « Il faut mener jusqu’au bout le projet de la Poste, il faut surtout l’expliquer et éviter les caricatures comme c’est souvent le cas » car « 100 % du capital reste public ».
En effet, même s’il est soupçonné des plus noires intentions, le gouvernement ne fait que suivre la directive européenne de 1997, à l’époque acceptée par Lionel Jospin, dans le cadre de l’ouverture à la concurrence du marché postal à partir de 2011. Jean-Paul Bailly, le président de La Poste, explique qu’elle se trouve à l’étroit dans son statut d’établissement de droit public : il « limite nos possibilités d’acquisitions et d’alliances dans tous nos métiers ». Il faut également savoir que la transformation en société anonyme amènera 1,2 milliard d’euros de dotation de l’État et 1,7 milliard apportés par la Caisse des dépôts et consignations.

Cela dit, il faudra bien un jour ou l’autre ne plus se réfugier derrière l’affirmation des grands principes et l’étalage des bonnes intentions, tant du côté gouvernemental que de celui des défenseurs du statu quo. Tout le monde a en effet l’impression que le souci de rentabilité prime sur le sens de la proximité. Non seulement les agents ont interdiction de rendre des services, depuis la garde temporaire du courrier jusqu’aux facilités accordées à certaines personnes âgées et isolées, mais ils doivent tout faire pour vendre de plus en plus de produits non seulement postaux — dont le coût a grimpé — mais aussi financiers voire tout simplement commerciaux — telles des recharges de téléphone. Pendant ce temps, on ferme des bureaux en milieu rural et les files s’accroissent en ville avec des systèmes de plus en plus compliqués.
On ne peut enfin oublier les grèves permanentes sur des secteurs entiers à Paris, Marseille ou ailleurs, les erreurs et les retards de distribution de plus en plus nombreux ainsi que les pertes et les vols. L’image du « service public » ne sort pas grandie de ces contradictions et insuffisances.

Jean-Gabriel DELACOUR © Acip