Vie politique et violence - France Catholique
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Vie politique et violence

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Écouter l’éditorial : Si nous avions oublié que la politique est une guerre, une lutte de style tauromachique, c’est-à-dire un combat qui suppose la mise à mort de l’adversaire, l’actualité se charge de nous le rappeler. Michel Rocard expliquait il n’y a pas si longtemps combien il avait été meurtri par son expérience à l’intérieur du Parti socialiste. Rien n’est plus violent et impitoyable que la lutte que se livrent entre eux les éléphants. Là où on imaginerait naïvement la fraternité des grands camarades, unis par un idéal commun, il faut voir simplement le champs clos de toutes les rivalités meurtrières. Sans doute cela ne va t-il pas jusqu’au sang versé et nos politiques ont même renoncé à un des beaux arts de la troisième République, c’est à dire la pratique du duel au froid petit matin, chacun accompagné de ses témoins. Mais la violence symbolique n’en est pas moins redoutable, elle peut tuer aussi moralement. Et les médiations dont elle dispose, loin de purifier les cœurs, de les pacifier, peuvent les meurtrir une vie durant. Pardon de ce préambule, laissons plutôt parler l’actualité… Nous l’avons reçu en plein visage hier avec l’ouverture à Paris du procès de l’affaire Clearstream. Il y eut déjà la déclaration de Dominique de Villepin dans le hall du Palais de justice. En quelques mots, la tragédie était annoncée. Avec la rivalité irrémissible de deux hommes, dont le ressentiment mutuel ne semble pouvoir connaître de fin probable. Après tout, Giscard et Chirac ne se sont jamais réconciliés et leur cohabitation forcée autour de la table du Conseil constitutionnel provoque encore des répliques assassines. De la tragédie grecque à Hegel, l’humanité n’échappe pas à des déchirements infinis. N’est-ce pas un des protagonistes de l’affaire qui s’est promis que l’adversaire finirait pendu à un croc de boucher? Ce n’est pas vrai que les mots dépassent la pensée. Car si la sauvagerie est exclue des mœurs d’un pays civilisé, la mise à mort n’en demeure pas moins l’obsession de la conscience déchainée par une démesure inhérente à notre humaine nature. Et que l’on ne pense surtout pas que la justice des hommes est le moyen infaillible d’établir la mesure contre la démesure, la sagesse contre la folie, la sérénité contre la vengeance. Montesquieu nous avait déjà prévenu là-dessus. La justice est le plus impitoyable des pouvoirs. Un journaliste, Paul Lefebvre, nous en avertissait hier pour avoir passé sa vie durant dans les prétoires. Il savait qu’un homme peut sortir déchiqueté moralement d’un mois d’affrontement judiciaire. Là où l’on croit discerner les moyens d’obtenir un jugement équitable, on risque de sortir encore plus meurtri du tribunal qu’en y entrant. Et comme j’ai choisi de ne vous faire grâce de rien, j’évoquerai pour finir un reality show que nous impose un ancien Président de la République. Oui un reality show, affecté de la violence symbolique et réelle qui s’impose sur un plateau de télévision. Avec ce paradoxe que la littérature, en l’espèce le roman, n’est pas conviée ici à prendre de la distance pour nous faire réfléchir sur notre condition. Non, ici l’auteur prend prétexte de la fiction pour nous imposer en direct une liaison avec la princesse la plus médiatique du XXe siècle. C’est non seulement une agression à la littérature, c’est une provocation qui se moque de l’honneur des familles, du respect dû aux siens, du respect de la fonction publique. Et y a-t-il pire violence que celle qui prend pour cible la pudeur qui constitue notre dignité d’hommes et de femmes ? Gérard LECLERC
Écouter l’éditorial :
Le Grand Témoin à 7h33 le mardi 22 septembre, animé par Louis Daufresne : Xavier Grenet, ancien président du Mouvement chrétien des cadres dirigeants (MCC), ancien DRH du groupe Saint-Gobain chargé des cadres, membre de l’association des bénévoles de la maison Jeanne Garnier, auteur de « Cahiers, joies et tourments d’un DRH – préfacé par Roger Fauroux »

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