Environnement : LA NATURE EN VILLE : CHOIX DE SOCIETE - France Catholique
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Environnement : LA NATURE EN VILLE : CHOIX DE SOCIETE

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Le ministère de l’écologie et du développement durable organise le 29 juin à la Cité universitaire de Paris un colloque sur la nature en ville.
Y a-t-il une nature en ville? Ce pourrait être en effet la première question qui vienne à l’esprit. Pour les « puristes », il ne saurait en être question, car la ville serait, par définition, à l’opposé de la nature. Pour d’autres, au contraire, la nature est partout, y compris par conséquent dans la ville, qui en serait même une forme d’émanation.

En fait, cela dépend de la définition donnée au mot nature. Si la nature est ce que l’homme n’a pas transformé, alors la ville n’a pas de nature parce qu’elle n’est pas naturelle. Mais dans ce cas, dans nos sociétés fortement anthropisées, y a-t-il encore une place pour la nature, y compris à la campagne ? En fait, il faut admette que la nature est présente là où il y a une forme de vie, ce dont la ville n’est pas dépourvue. En revanche, la place de la nature en ville a fortement évolué au fil du temps. De la ville contre la nature, ou se protégeant de celle-ci, au cours des siècles passés, on est passé, dans la seconde partie du XIXème siècle, à la ville avec la nature, mais sous une forme très maîtrisée, qu’il s’agisse d’un but d’agrément (jardins publics), voire de pacification (jardins ouvriers) ou bien encore d’hygiénisation (canalisation et busage ou couverture des rivières et canaux, disparition des berges et des talus). Avec le développement de la voiture et du tourisme de masse, la nature dans la ville est redevenue, dans les années 60 à 80, un accessoire, voire un élément superflu pour les citadins, de plus en plus nombreux et qui préfèrent aller à la recherche de la « vraie nature », forcément sauvage et lointaine. D’où le triomphe, à cette époque, de la ville minérale, dépourvue de tout élément végétal, et qui se développe également, à la faveur de la fièvre spéculative, tant en bord de mer que dans les stations de sports d’hiver.

Tout change à partir des années 90, avec la remise en cause, à la fois du « tout voiture » et du « tout économique ». Les usages sociaux vont alors à l’affirmation de la nature en ville, avec la réappropriation et la revalorisation des jardins publics, des terrasses et des berges, le fleurissement des façades et aussi le grand retour du jardin personnel. Ce dernier bénéficie également de l’engouement pour les produits biologiques, de telle sorte qu’il est à la fois un moyen d’alimentation, de divertissement et d’aménagement. Il s’agit là encore d’une forme très maîtrisée de la nature en ville qui connaît aussi des facettes plus imprévues. A côté du végétal, l’animal est aussi très présent. Pas seulement les animaux domestiques, encore que ceux-ci aient aussi beaucoup évolué avec le temps, avec la présence d’animaux exotiques, mais aussi les animaux sauvages qui hésitent de moins en moins à pénétrer dans les villes pour trouver leur subsistance, profitant en cela du désordre des cités avec leurs poubelles débordantes qu’affectionnaient déjà en leur temps les rats, des villes évidemment. Et puis, le soleil et la pluie, qui alimentent souvent la conversation des citadins, ne sont-ils pas une irruption de la nature au coeur des villes, avec leur bienfait et leur désagrément, car la nature a le don de s’inviter là et quand on ne l’attend pas toujours. Les plus savants diront alors que la ville est peut-être un écosystème caractérisé par les interactions des éléments naturels comme l’hydrographie, le climat et les sols, et les apports humains à travers les constructions, les voiries et les réseaux divers.

Oui, la nature est en ville, et c’est sans doute en fonction de la place qu’on lui accorde qu’on peut dire à quelle société et même à quelle civilisation nous appartenons.

Fabrice de CHANCEUIL