L’appel commun rédigé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel pour les élections européennes est une initiative importante, même s’il arrive bien tard. On veut espérer qu’il portera tout de même quelques fruits. Il est inutile de se voiler la face. L’abstention risque d’être le grand vainqueur des élections de ce dimanche 7 juin, et sa victoire sera forcément catastrophique. Elle prouvera d’abord que l’idée européenne ne mobilise plus les Français, dans un sens comme dans un autre. Surtout, elle sera un signe d’abdication.
Les responsabilités ne sont pas difficiles à établir. Il y a d’abord ce mode de scrutin absurde appuyé sur des circonscriptions sans autre intérêt que celui des grands appareils parisiens désireux de placer leurs recalés du suffrage universel ou d’assurer une porte de sortie honorable aux ministres en défaveur. Il y a aussi une campagne électorale pitoyable d’où l’Europe a été soigneusement écartée. À qui fera-t-on croire que la dérisoire pseudo-réconciliation de Ségolène Royal et de Martine Aubry a quelque chose à voir avec l’Europe ? Où est cette même Europe dans la logorrhée anti-Sarkozy des uns et des autres (du Modem au NPA, en passant par le Front national) sans parler des gesticulations de l’UMP. En restant le nez collé sur leurs calculs politiciens, les partis politiques français ont décidément trop fait la preuve de leur irresponsabilité.
L’occasion était pourtant unique de rappeler l’urgence de l’Europe en cette période de crise. Avec l’abstention, c’est la menace d’un Parlement européen mal élu qui se profile, avec, pour conséquence inéluctable le renforcement de cette technostructure européenne toujours dénoncée. Un Parlement européen mal élu sera un Parlement européen encore plus faible. Les décisions deviendront plus que jamais des décisions d’experts indifférents à la volonté populaire. On s’indigne – et on a raison – de telle ou telle directive absurde, on soutient les producteurs de lait ou les pêcheurs, mais on se désintéresse du seul remède possible à tout cela : l’élection des députés européens.
Alors que, plus que jamais, nous avons besoin de mieux d’Europe, il ne s’agit pas pour les Français de se résigner à sortir de l’histoire.
Voter aux élections européennes de ce dimanche n’est pas seulement un devoir, c’est une urgence.
Serge PLENIER