« Plomb durci » - France Catholique
Edit Template
Pontificat de François - numéro spécial
Edit Template

« Plomb durci »

Israël veut casser la force de frappe du Hamas.
Copier le lien

Le gouvernement israélien, toujours présidé par Ehud Olmert, démissionnaire depuis septembre, a lancé le 27 décembre une attaque aérienne contre toutes les installations officielles occupées par le Hamas dans la bande de Gaza. Ces attaques sont ciblées contre les forces de sécurité qui ont pris le pouvoir dans ce territoire en juin 2007. En moins de quarante-huit heures, le nombre des morts avait dépassé les 300, plus deux mille blessés.

Le Hamas avait rompu la trêve et lançait des roquettes sur les villes du Sud d’Israël. Le scénario était identique à celui du Hezbollah sur les villes du Nord. L’armée israélienne était alors intervenue au Sud-Liban à l’été 2006 avec un succès mitigé. Au moins la situation sécuritaire s’était-elle stabilisée. Le Premier Ministre, fort critiqué pour sa guerre du Liban, tente la même opération à Gaza afin, si possible, d’obtenir le même résultat.

La riposte est évidemment largement disproportionnée, si l’on tient une comparaison morbide entre les morts israéliens par roquettes – trois ou quatre ? – et les chiffres ci-dessus. Certes, les victimes ciblées ne sont pas civiles, lesquelles, par dégâts collatéraux, seraient de l’ordre d’une cinquantaine. En réalité, il ne s’agit pas de représailles mais d’une guerre. L’objectif est de détruire l’infrastructure d’un mouvement qualifié de « terroriste ».

Le calcul du gouvernement Olmert demeure de trouver un accord de paix avec les seuls qui veulent bien s’y prêter, c’est-à-dire l’Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas. La stabilisation en Irak ouvrait une fenêtre d’opportunité qui autorisait l’amorce de négociations avec Damas par la médiation de la Turquie. La conjoncture moyen-orientale semblait favorable. Favorable aussi pour éliminer la verrue que constitue le Hamas. Beaucoup de dirigeants arabes, à commencer par ceux de l’Égypte et la Jordanie, ne sont pas trop mécontents de la correction infligée par Israël à ces extrémistes. A la condition de bien contrôler les réactions de la « rue arabe », la pilule devrait passer. Affaiblies par la crise financière et la chute des cours du pétrole, les monarchies arabes du Golfe pensent plutôt à la paix qu’à la guerre.

Olmert et ses amis jouent leur va-tout. S’ils gagnent, ils sauvent leur propre existence politique. Ils valident le choix qu’ils avaient fait en 2005 de suivre Sharon hors du Likoud dans un nouveau parti Kadima dont la raison d’être était de créer une coalition pour un retrait unilatéral de la Bande de Gaza. Si donc ce retrait se terminait en apocalypse pour la sécurité d’Israël, c’est toute la pertinence de cette politique qui serait remise en cause. La seule chance du parti Kadima de ne pas perdre les élections prévues en février 2009 était de sauver la situation à Gaza immédiatement et radicalement. De cette façon, les chances de règlement, envisagées pour la fin 2008 et espérées encore avant la fin du mandat de George Bush le 20 janvier 2009, ne seraient pas perdues.

Si les électeurs israéliens font crédit à Kadima de l’opération « Plomb durci », Obama pourra vraisemblablement présider dans l’année à un accord créant un Etat palestinien dans les limites approximatives de 1967. Si au contraire ils choisissaient le Likoud avec Netanyahu, mais une composition nettement marquée à droite, voire à l’extrême-droite, il faudrait inventer une nouvelle stratégie pour l’ensemble du Moyen-Orient. Oubliés les Palestiniens, le jeu se jouerait entre Israël et l’Iran.