La Chaire des Bernardins - France Catholique
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Léon XIV et saint Augustin
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La Chaire des Bernardins

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1er colloque du pôle de recherche du Collège des Bernardins : « Anthropologies du monde et pensée chrétienne ».

René Girard titulaire de la « Chaire des Bernardins » pour l’année 08/09.

Vendredi 21 et samedi 22 novembre s’est tenu au Collège des Bernardins un colloque test de sa méthode et ses objectifs. Autour du thème de l’anthropologie et de la pensée chrétienne, des universitaires et des théologiens, des savants et des praticiens, des chrétiens, des musulmans et des laïcs ont exposé et confronté leur pensée devant un public de 250 à 400 personnes de tous âges. Principaux intervenants : M. le Professeur M. Godelier, M. le Recteur G.-F. Dumont, M. le Professeur R. Girard, M. J. Vanier, Mgr P. d’Ornellas. Le cardinal André Vingt-Trois a remercié M. René Girard d’avoir accepté d’être le premier titulaire de la « Chaire des Bernardins » pour l’année 2008-2009.

Dans une première étape, on a discuté les « conditions de la connaissance de l’altérité ». M. Maurice Godelier (EHESS) a exploré les conditions objectives et subjectives qui permettent à un anthropologue de terrain d’accomplir son travail scientifique : raison critique, sens de l’universel, décentrement ; Mme Elisabeth Claverie (EHESS) a expliqué comment l’anthropologie scientifique, née avec les Lumières d’une libération du religieux, doit aujourd’hui apprendre à considérer les phénomènes religieux sans a priori négatif ; le P. Alain Mattheeuws, jésuite (I.E.T. – Bruxelles), a examiné comment tout homme est ouvert à l’altérité que ce soit aux niveaux psychologique, interpersonnel et religieux.

Dans une deuxième étape, les interventions se sont centrées sur « l’étranger et le prochain ». M. Gérard-François Dumont (Paris IV Sorbonne) a étudié la manière nouvelle dont se pose la question de l’étranger, au plan démographique et éthique, dans un monde globalisé, où les flux migratoires se sont intensifiés. M. Youssef Seddik (EPHE) a exprimé l’expérience de l’universel qui est celle des membres de la civilisation islamique et la situation nouvelle qui est la leur du fait des suites de la décolonisation et de l’immigration vers des pays sécularisés. M. Jean Vanier (fondateur de l’Arche) a médité les racines des peurs qui empêchent la rencontre des hommes et a appelé à l’édification d’une société plus humaine, car plus accueillante aux différences.

La troisième étape a été occupée par la question du « sacrifice ». M. René Girard (Stanford) a proposé une interprétation des pratiques sacrificielles des sociétés néolithiques qui confirme les analyses de la théorie mimétique et fait apparaître la spécificité de la tradition judéo-chrétienne. Mme Ysé Tardan Masquelier (ICP) a présenté les résultats de la recherche sur la critique du sacrifice qui s’est accomplie aussi bien dans l’Inde védique que dans la Grèce du 6ème – 5ème siècles. Le P. Jean-Robert Armogathe (EPHE) a exposé, à la lumière de la théorie mimétique de René Girard, la compréhension théologique de la messe comme sacrifice de louange qui fait mémoire de la Croix du Christ.

La quatrième étape était consacrée au couple de concepts qui peut paraître contradictoire : « jouissance – pauvreté ». M. Jean-Guilhem Xerri (Aux Captifs la libération) a dressé l’état des lieux d’une Europe fascinée par l’hyperconsommation, qui identifie la jouissance à une possession et la pauvreté à un manque, au prix d’une perte du lien social, d’une dégradation de l’environnement, d’un affaissement de sens spirituel. Mme Nala Chahal (sociologue) a présenté et analysé les changements de perspectives dans les politiques de développement de certains pays arabo-musulmans, qui privent une partie des populations de tout accès au bien commun. Mgr Pierre d’Ornellas (évêque de Rennes) a proposé un regard sur le pauvre et sur les Ecritures bibliques qui dévoile le scandale de la pauvreté, comme humiliation de l’homme, et cherche dans la rencontre du pauvre un chemin où se révèle la dignité infinie de la vie.