Chaque édition du pèlerinage des pères est unique. Elle touche les cœurs là où ils en sont, dans la vérité de leur vie. La 49ᵉ n’a pas fait exception. Pour beaucoup, elle a même été particulièrement marquante.
Bertrand confie : « J’ai marché l’an dernier alors que j’étais soigné pour un cancer, et je me suis vraiment senti porté par mon chapitre. Ces moments de vie sont d’une force bouleversante. » Ce témoignage illustre ce que vivent chaque année des centaines d’hommes venus de toute la France : un dépouillement progressif par la marche, la chaleur, la prière… Et peu à peu, la parole se libère, les cœurs s’ouvrent.
Le point culminant de ce chemin est la montée vers le sanctuaire de Saint Joseph, le deuxième jour. C’est là, dans cet effort partagé, que les âmes se laissent toucher. Certains pèlerins viennent en famille avec leurs frères, leur père, leurs beaux-frères, ceci donne une autre résonance au pèlerinage.
Ce 49ᵉ pèlerinage sur le thème « confiance il t’appelle » s’inscrit dans un moment charnière : l’approche du 50ᵉ anniversaire. Un chiffre qui marque un jalon, un rythme profond dans la vie de l’Église et des hommes. Pour Bertrand, « l’homme est pétri de rites. Le pèlerinage est un rite, un repère : ce premier week-end de juillet qui rassemble les pères depuis bientôt un demi-siècle. Il faut rendre grâce pour ces 50 éditions qui ont porté tant d’hommes. »
Les thèmes proposés chaque année résonnent dans les parcours personnels. Pour ce pèlerin régulier, ils ont même structuré sa vie : « Ils correspondaient aux étapes de mon existence. Mais pour cela, il faut accepter de se laisser porter. »
Porter, et se laisser porter : telle est peut-être la plus belle leçon du pèlerinage. Bertrand raconte « Quand tu arrives à Cotignac avec tes casseroles, tu réalises que ton frère pèlerin porte encore plus lourd que toi. » Ce chemin fait tomber les masques. Dans certains chapitres, le pèlerinage commence par cette question simple : “Pourquoi tu marches ?” et c’est l’occasion, malgré l’inconnu, de se livrer, de se connaître, de se porter les uns les autres, dans cette mystérieuse communion des saints.
Le pèlerinage suit le mouvement spirituel de Cotignac : d’abord Saint Joseph, où l’on dépose les intentions du cœur, celles qu’on n’ose parfois pas dire à voix haute. Saint Joseph a dit à Cotignac : « Soulève ce rocher et tu boiras.» À Notre-Dame de Grâce, la Sainte vierge a dit : «Venez recevoir les dons que je veux répandre ici. »le pèlerin se laisse alors porter. Comme dans la Sainte Famille, la Vierge prend la relève après Joseph, et nous conduit.
Ce chemin est exigeant : jusqu’à six litres d’eau par jour pour certains, sous un soleil implacable. Mais c’est aussi une source : « Ce pèlerinage marque les visages. Il redonne le sourire, il nourrit, il élève, il nous porte», nous dit Bertrand. Le plus beau signe de sa fécondité se voit à la fin, dans les adieux du dimanche. « C’est là que tu mesures la profondeur de ce qui a été vécu. »
Pour beaucoup, le rêve continue de grandir : « Mon ambition serait qu’un jour on soit 5 000, malgré les défis logistiques que cela représenterait. Que chaque père de famille puisse vivre cela une fois dans sa vie. Et peut-être un jour… venir avec son fils.