3140-Obama et l'avortement - France Catholique
Edit Template
Van Eyxk, l'art de la dévotion
Edit Template

3140-Obama et l’avortement

Copier le lien

Secrétaire d’État à la Solidarité, Valérie Létard n’a pas voulu rester à l’écart de l’« obamamania » enflammant toute la planète. Mercredi 5 no­vembre, son communiqué louait le nouveau président des États-Unis qui « tout en respectant les personnes qui ne partagent pas sa position, a toujours défendu le choix de donner la vie ». Traduire : le droit à l’avortement. Valérie Létard estime en effet que « la préservation du droit des femmes, tel que défini dans l’arrêt de la Cour Suprême Roe contre Wade, qui a reconnu l’avortement comme un droit constitutionnel, invalidant les lois le prohibant ou le restreignant, sera une des priorités » d’Obama. La secrétaire d’État française applaudit au passage une législation américaine qui – l’ignore-t-elle ? – autorise l’avortement pendant les neuf mois de la grossesse, au point que la technique de « l’avortement par naissance partielle » (partial birth abortion) y fait toujours scandale.

Certes, le camp McCain, surtout par la présence de la colistière Sarah Palin, donnait légitimement espoir aux « prolifes » dont la plupart ont logiquement dédaigné le vote Obama. Devant le Planning familial américain le 27 octobre 2007, le sénateur de l’Illinois avait promis : « La première chose que je ferai, si je suis élu président, ce sera de signer le Freedoom of Choice Act. » Ce projet de loi, désigné par le sigle FOCA, vise à entraver toute restriction étatique au droit fédéral à l’avortement et à garantir à celui-ci un financement public. Mais c’était en pleine primaire démocrate. Une surenchère opposait alors Barak Obama à Hilary Clinton, considérée comme davantage « prochoice » (pro avortement) que son challenger. Dès qu’il fut assuré de l’investiture démocrate, Obama semble avoir atténué sa radicalité. Certains ont ainsi noté qu’à l’emblématique convention de Denver, la parole fut donnée au sénateur Bob Casey, un catholique autrefois ostracisé par Bill Clinton pour ses positions « prolife ».

Selon Austin Ruse, que nous avons interrogé au lendemain de l’élection, la menace représentée par le FOCA reste « sérieuse ». Le directeur du Catholic family and human rights institute estime qu’ « Obama va signer cet acte dès que le Congrès l’aura voté, faisant tomber notamment les lois locales imposant des notifications paren­tales pour les mineures voulant avorter ou interdisant que des hommes adultes les em­mènent avorter dans d’autres États ». Le FOCA risque d’allumer une guerre de tranchées à l’heure où l’on prône l’union nationale contre la débâcle éco­nomique. Dès janvier, les puissantes associations de défense de la vie mobiliseront leurs nombreux relais dans le camp républicain, mais aussi chez les démocrates.

Il reste que, dans une démocratie où tout est remis à plat tous les deux ans, et où, désormais, d’après les sondages, une majorité des plus jeunes électeurs se dit hostile à un « droit à l’avortement », Obama doit ménager les défenseurs de la vie s’il veut garder une majorité parlementaire, et durer.

La société américaine offre en réalité un tableau à la fois plus ouvert et plus contrasté qu’en France, où le débat sur la législation en faveur de l’avortement est tabou, même si la loi française est bien plus restrictive que celle des Etats-Unis. Le célèbre arrêt Roe contre Wade de 19731 (comparable à notre loi de 1975) n’a jamais semblé définitivement acquis. On envisage toujours un revirement de jurisprudence, à la faveur du renouvellement des magistrats de la Cour Suprême. Leurs mandats, à vie, sont conférés par le président. Compte tenu de l’âge et de la santé des juges en place, Obama pourrait avoir à désigner deux magistrats, ce qui retarderait d’autant la perspective du retournement espéré. Mais le nouveau président peut-il ignorer les « prolife », dont certains pèsent lourd dans son camp politique ? Leurs postures à l’approche des élections étaient devenues délicates. Ils affirmaient qu’Obama était plus concrètement « prolife » que son challenger. N’était-il pas contre la guerre en Irak ? N’allait-il pas, par sa politique sociale interventionniste, faire baisser le nombre d’avortements dont on sait qu’il fait des ravages dans les classes pauvres ? La hiérarchie catholique a marqué ses distances par rapport à de tels raisonnements, en visant notamment celui qui allait devenir vice-président, Joe Biden le catholique.

Sous la pression, Obama s’est même replié sur des positions encore inconcevables en France comme celle de promouvoir l’adoption comme alternative à l’avortement. Certes, dans l’une des innombrables consultations marquant le jour historique de son avènement, l’Etat du Dakota du Sud a rejeté un référendum visant à reconnaître que « la vie humaine commence dès la conception », mais par seulement 55% des votants, contre 45%. Le débat reste entier.

(1) Norma McCorvey, L’Affaire Jane Roe, his­­toire d’une manipulation, 368 pages, 24 €, éd. de l’Homme Nouveau.

http://janeroe.over-blog.com/

http://www.zenit.org/rssfrench-19292

http://www.35h.travail.gouv.fr/actualite-presse/communiques/valerie-letard-felicite-barack-obama-pour-son-election-son-action-faveur-droits-femmes.html

http://americatho.over-blog.com/article-24440409.html