3134-Bulle immobilière et financière : les pompiers pyromanes - France Catholique
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3134-Bulle immobilière et financière : les pompiers pyromanes

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BULLE IMMOBILIERE ET FINANCIERE: LES POMPIERS PYROMANES

La bulle immobilière a en partie été gonflée par ceux au nez desquels elle explose. Les actionnaires ont pris les profits, les contribuables paieront la casse.

Les origines de la crise sont évidemment diverses, de la politique de taux excessivement bas de la FED aux nouvelles règles comptables de « fair value », c’est-à-dire d’inscription des actifs à leur valeur vénale, et non plus comptable, dans les comptes des sociétés, qui ont rendu les bilans très volatiles.

Mais les subprimes sont essentiellement le fait de Fannie Mae et Freddie Mac. La première a été créée en 1938 comme une agence gouvernementale pour faciliter l’attribution de prêts hypothécaires et développer l’accession à la propriété immobilière. Elle a été transformée en 1968 en entreprise privée d’Etat avec une ligne de crédit garantie par le Trésor et des obligations comptables et financières allégées. Deux ans plus tard une petite sœur lui a été adjointe par le Congrès avec le même statut.
Pour remplir leur mission de refinancement des prêts immobiliers, les deux sociétés sœurs rachètent les prêts hypothécaires consentis par les banques commerciales à l’aide d’emprunts obligataires émis par elles ou elles regroupent leurs créances et les vendent sur le marché. Semi-publiques ces sociétés empruntaient à meilleur taux et favorisaient l’augmentation rapide du crédit dans des conditions de plus en plus incertaines de solvabilité. C’est précisément ainsi qu’a été alimenté le marché des subprimes, ces instruments monétaires dérivés du marché immobilier et dont les actifs sous-jacents sont souvent ces prêts hypothécaires éparpillés au point que plus personne ne sait de quoi il s’agit ni où ils sont.
Les parlementaires américains ont favorisé le système en élargissant le champ et les limites d’intervention de Fannie et Freddie contre toute sagesse économique. Ils se sont mobilisés pour conserver aux deux sociétés tous les droits et privilèges possibles. Leur ténor est le démocrate Barney Frank qui défend le rôle de ces deux société depuis 1992 et clamait il y encore peu que « ces deux entités ne souffrent d’aucune crise financière ». L’actualité lui a donné tort puisqu’il a fallu que l’État américain vienne à leur rescousse précipitamment en injectant jusqu’à 200 milliards de dollars en échange de 80% de leur capital. Finalement les actionnaires perdront l’essentiel de leur capital,- et on ne sait pas pourquoi d’ailleurs ils ne perdront pas tout,- mais les porteurs d’obligations et autres crédits garantis par Fannie et Freddie ont été rassurés l’espace d’un matin.
C’est l’ambiguïté de ce système public/privé qui a augmenté le risque et dont le sauvetage a suscité d’autres appels au public. L’État a renoncé à renflouer la banque d’investissement Lehmann Brother, mais il a dû racheter l’assureur AIG et garantir l’épargne des Américains. Il n’est sûrement pas facile pour l’autorité publique de gérer une telle situation et elle a peut-être eu raison de s’impliquer autant pour éviter dans l’urgence l’effet domino que la chute de quelques piliers de la finance aurait pu entraîner pour toute l’économie.

Mais il n’est pas certain que cette action soit efficace et les pertes doivent toujours être financées. Vaut-il mieux que le contribuable les paye à la place de ceux qui ont pris le risque d’investir et qui n’auraient rien demandé ni rien offert à quiconque s’ils avaient gagné. Pour le moins, il faut espérer que les États en tireront les leçons et cesseront définitivement de jouer les pyromanes pour ne plus avoir à jouer les pompiers

Jean-Philippe DELSOL