3121-Venezuela, une Eglise sous tension - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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3121-Venezuela, une Eglise sous tension

Où l’on vérifie que le Christ fait forcément de l’ombre à qui se présente en Messie populaire…
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Largement majoritaire (96% de la population), l’Église catholique refuse de voir réduire son influence auprès du peuple par un pouvoir politique qui penche de plus en plus vers un socialisme à l’ancienne. Si l’on ne peut pas encore parler de persécution franche, la situation des catholiques devient difficile.

Au pouvoir depuis 1999, et réélu en décembre 2006 avec 60% des suf­frages, le président Hugo Chavez avait renforcé son autorité depuis les élections législatives de décembre 2005 – boycottées par l’opposition – et où les chavistes avaient remporté tous les sièges. Mais avec un taux de 75% d’abstention, cette assemblée législative, bien que légale, n’est pas vraiment représentative. On a d’ailleurs vu qu’en décembre 2007, un référendum, pour étendre encore les pouvoirs présidentiels, pouvait être perdu par le pouvoir, ce qui a d’ailleurs constitué une énorme surprise.

Mais, loin d’en tirer une leçon de modération, le Président a jugé qu’il devait, en conséquence, accélérer sa politique de contrôle étatique sur l’économie, les médias, voire la religion… La hausse des cours du pétrole, dont le Venezuela est un très gros producteur, lui permet toutes les audaces et gomme les erreurs de gestion. Les journaux et la télévision sont muselés. Les télé­phones des personnalités sont sur écoute. Même les évêques et leurs proches sont surveillés.

Malgré une religiosité bien ancrée, le peuple n’est pas suffisamment fort dans sa foi pour résister à l’endoctrinement idéologique d’un président volontiers démagogue et manipulateur.

Pour diviser l’Église, Chavez tente de créer une Église nationale, employant l’expression d’« Église bolivarienne » (en référence à Simón Bolivar qui a affranchi le Venezuela de l’Espagne au XIXe siècle). Un « Parlement bolivarien interreligieux » a été créé, dans lequel toutes les décisions sont prises par vote, chaque confession ayant le même nombre de représentants.
Au terme de son Assemblée plénière de 2005, la Conférence des évêques du Venezuela avait rendu publique une exhortation intitulée « Dialogue et pardon pour la Paix ». Se déclarant « politiquement indépendants mais non indifférents », les évêques y dénonçaient la concentration des pouvoirs entre les mains du Président, les risques que cela en­traînait pour la démocratie, les intimidations contre les opposants poli­tiques ou leur arrestation. Pour conclure, les évêques exprimaient l’urgence « d’établir au Venezuela un dialogue authentique et responsable entre le gouvernement et ceux qui ne partagent pas son projet politique et social… ».

Ils demandaient aussi de grâcier les civils et militaires condamnés pour raisons politiques. Plus récemment, les évêques ont demandé au gouvernement de garantir la liberté de l’enseignement, gravement menacée par un projet de loi, et de maintenir l’enseignement religieux à l’école, tel que la loi actuelle le prévoit. Ils ont aussi rappelé aux parents et aux enseignants catholiques de s’acquitter avec responsabilité de leur mission d’éducateurs de la foi.
L’Église au Venezuela est déterminée à pour­suivre sa mission d’annoncer et de servir l’Évangile, avec une attention particulière pour les pauvres et le souci de la réconciliation entre tous les Vénézuéliens.

Le 27 avril dernier, avait lieu, pour la première fois dans le pays, la béatification d’une fille de l’Église du Venezuela : Mère Candelaria de San José, fondatrice des sœurs carmélitaines vénézuéliennes. Une occasion pour l’Église de rendre grâce et d’aborder l’avenir avec sérénité.