3098-Avortement : la filière espagnole - France Catholique

3098-Avortement : la filière espagnole

3098-Avortement : la filière espagnole

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Le scandale des avortements illégaux à Barcelone jusqu’à huit mois de grossesse vient de trouver sa première traduction judiciaire avec plusieurs arrestations. En France, le Planning familial affiche sa solidarité avec les prévenus.

L’affaire couvait depuis plusieurs mois, après que, en 2004 puis en 2006, des journalistes britanniques puis danois ont révélé que des cliniques barcelonaises étaient susceptibles de proposer des avortements tardifs, illégaux en Espagne, mais surtout très loin des délais admis dans les autres pays européens. Aujourd’hui, trois personnes dont un médecin ont été incarcérées par un juge d’instruction de la capitale catalane. Trois autres médecins seraient mis en cause. En Espagne, l’avortement est dépénalisé depuis 1985 avec des délais différents selon le mobile de l’acte : viol jusqu’à 12 semaines de grossesse, handicap jusqu’à 22 et sans limite lorsqu’il y a danger pour la santé physique ou psychique pour la mère. Une formulation que des praticiens peu scrupuleux, à la recherche d’une clientèle étrangère, ont décidé d’interpréter de façon extensive. Et jusqu’ici sans contestation. Il suffit de considérer qu’une grossesse non désirée constitue un grave danger pour la vie psychique de la femme, critère légitimant en Espagne un avortement jusqu’au terme de la grossesse.

En Espagne comme en France, les promoteurs de l’avortement tentent de retourner le scandale à leur profit. Dans la péninsule ibé-rique, ils essaient de faire modifier la loi afin d’étendre le délai légal pour avorter sans condition, ce qui est une promesse socialiste de 2004. En France, le Planning familial a exprimé sa « solidarité » avec les cliniques de Barcelone. Une prise de position en forme d’aveu, même si elle peut surprendre par son caractère public. Jamais remis en cause par les autorités françaises, le Mouvement Français pour le Planning Familial (MFPF) ne fait pas mystère des filières clandestines qu’il organise pour permettre à certaines femmes de contourner ce qu’il reste de limite à la loi hexagonale sur l’avortement. Ces femmes « hors délai », et parmi elles nombre de mineures, sont régulièrement envoyées vers les pays limitrophes où sévissent, dans leurs cliniques privées, des « partenaires » du Planning. Cette possibilité de transgresser en Hollande, outre Manche et, plus récemment au-delà des Pyrénées est entrée dans les mœurs. Elle est même avancée par le Planning pour demander que la loi française se cale sur les pays les plus laxistes. La clandestinité devient un argument émotionnel. Les femmes enceintes « obligées de voyager pour avorter » et celles « qui ne peuvent se payer le voyage » sont posées en victimes. « La France (…) exclut la notion de difficulté psychosociale dans la définition de la santé de la mère », proteste ainsi le communiqué commun de trois associations : MFPF, CADAC (Coordination des Associations pour le Droit A l’Avortement) et ANCIC (Association des Centres d’Interruption de Grossesse).

Le militantisme extrême les conduit à encenser les cliniques de Barcelone qui « prennent en charge les situations des ‘clandestines’hors la loi des autres pays ». Et les promoteurs de l’avortement de dénoncer la situation française : délais légaux dépassés du fait de rendez-vous jugés trop tardifs, « hypocrisie des pays comme la France qui pourrait organiser la prise en compte des motifs de détresse psychosociales » et jusqu’à « l’hypocrisie des discours sur l’égalité hommes femmes ».

Entre les postures libérales et libertaires, cette complicité n’a rien d’illogique. On estime entre 3 000 et 6 000 euros par avortement les tarifs des cliniques Barcelonaises soupçonnées, pour des actes réalisés parfois à 7 ou 8 mois de grossesse. En France, la remise en cause des filières du Planning familial ne pourra venir que des femmes qui s’en révéleront victimes. Les médias, les pouvoirs publics et les tribunaux prendront-ils le relais ?