3090 - Péninsule arabique entre liberté et contrainte - France Catholique
Edit Template
Van Eyxk, l'art de la dévotion
Edit Template

3090 – Péninsule arabique entre liberté et contrainte

Copier le lien

On compte 3 millions de
catholiques dans les pays
de la péninsule arabique,
presque tous étrangers.
Sauf en Arabie Saoudite,
ils jouissent d’une certaine
liberté de culte mais
dans un environnement
qui reste contraignant.

On estime aujourd’hui le nombre
de catholiques dans la péninsule
arabique à au moins trois
millions (contre 200.000 il y a
trente ans), dont un million en
Arabie saoudite. Un recensement, fait à
la sortie de la messe dominicale dans la
cathédrale d’Abou Dhabi, a permis d’enregistrer
pas moins de 93 nationalités
de provenance, même si la majorité sont
Indiens, Philippins, Sri Lankais et Libanais.
Le Saint-Siège a noué des relations
diplomatiques avec le Yémen en 1998, avec
le Bahreïn en 2000 et avec le Qatar en
2002. Le Vicaire apostolique pour la péninsule,
Mgr Paul Hinder, un capucin suisse,
réside aux Emirats Arabes Unis. Le nonce
apostolique, Mgr Mounged El-Hachem,
évêque libanais, réside au Koweït, premier
pays arabe du Golfe à avoir établi des relations
directes avec le Vatican. Au Koweit,
il y a huit lieux de culte, dont quatre dans
des locaux permanents et les autres dans
des maisons louées. L’émirat compte 150
à 200 chrétiens koweïtiens et 350.000
chrétiens étrangers.
Au Qatar, une véritable église est
en train d’être construite, ce qui est un
événement historique car il n’y a jamais
eu d’église au Qatar et que, dans ce pays,
comme en Arabie saoudite, la population et
les gouvernants sont musulmans wahhabites,
un islam particulièrement rigoriste.
C’est pourtant l’émir du Qatar qui a offert
la parcelle où l’église est construite. Elle
sera inaugurée le 2 février 2008, en la
fête de la Présentation. « Notre Dame du
Rosaire », c’est son nom, n’aura ni clocher
ni croix visible de l’extérieur.
Ces petits pas sont le résultat de beaucoup
de patience et de délicatesse, mais
également de la bonne conduite des catholiques,
qui ont tenu à observer les règles
des sociétés locales et dont la ferveur, la
prière et la participation en grand nombre
aux célébrations du culte a impressionné
les autorités. La qualité des écoles catholiques
est aussi appréciée et cela a un
impact positif sur les populations et les
élites locales. En trente ans, sept écoles
ont été construites dans les Émirats et
une au Bahreïn. Elles sont dirigées par
des religieuses de différentes congrégations
(comboniennes italiennes, carmélites
indiennes, chaldéennes de Bagdad,
soeurs du Rosaire de Jérusalem). Sur un
total de 16500 élèves, plus de 60% sont
musulmans.
Néanmoins, la situation reste difficile.
En Arabie Saoudite, toute expression
chrétienne reste formellement prohibée.
Au Yémen, plusieurs chrétiens convertis
d’origine musulmane ont été arrêtés
et battus en 2005. Presque tous ont été
relâchés après avoir payé une amende. La
Constitution yéménite garantit la liberté
religieuse mais déclare que l’islam est la
religion d’État et que la charia est la source
de toute la législation.
Pour la plupart des catholiques, la vie
sacramentelle reste inaccessible, notamment
pour ceux qui vivent dans le désert,
sur les plates-formes pétrolières et pour
les chrétiennes qui sont employées comme
domestiques dans des familles musulmanes.
Ces dernières n’ont pas, faute
d’avoir la permission de leurs patrons, la
possibilité de fréquenter la messe dominicale.
On observe d’ailleurs un durcissement
au niveau des relations entre musulmans
et chrétiens, la familiarité d’autrefois,
lorsqu’elle existait, ayant disparu, du fait
de la pression des groupes fondamentalistes.