3080-Somalie - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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3080-Somalie

A vues humaines, il est difficile d’entrevoir la réelle fécondité de la présence de l’Eglise dans ce pays et, a fortiori, son avenir.
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Alors que de nouveaux affrontements meurtriers ont ensanglanté Mogadiscio, un couvre-feu a été instauré fin juin dans la capitale pour une durée indéterminée. Ces affrontements s’ajoutent aux conditions de vie déjà épouvantables des Somaliens : situation humanitaire catastrophique, confusion politique totale, indicateurs de santé parmi les plus déplorables de la planète, mortalité infantile élevée… Le conflit entre les chefs de guerre et les tribunaux islamiques, la quasi-partition du pays en trois zones (Somaliland, Puntland et Somalie), et la division traditionnelle en clans et sous-clans, rend la sortie de cette crise et de ce chaos très hypothétique.

La situation est d’autant plus regrettable que la Somalie est l’un des rares pays africains à connaître une unité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse. Le problème principal reste les Somaliens eux-mêmes : très susceptibles et bagarreurs, la notion de partage avec les autres clans leur est étrangère. « Un jour néanmoins, le désir de paix sera plus fort », estime Mgr Giorgio Bertin, évêque de Djibouti et Administrateur apostolique de la Somalie, où il a passé quinze ans avant la « chute » de Mogadiscio en 1991.

En 1989, l’évêque de Mogadiscio, Mgr Salvatore Colombo, est assassiné. Mgr Bertin devient administrateur. Il doit se réfugier au Kenya en 1991. La cathédrale de Mogadiscio a été brûlée puis dynamitée. Dix ans plus tard, il est nommé évêque de Djibouti tout en gardant l’Administration apostolique de la Somalie. C’est lui qui prépare les émissions de Radio Vatican en Somalie et qui a traduit la petite Bible Dieu parle à ses enfants (un projet de l’AED). Son cœur y est resté attaché. Il attend de pouvoir y retourner. L’Eglise y est ultra-minoritaire : 7000 catholiques, presque tous étrangers.

On se souvient bien sûr de Sœur Leonella Sgorbati, assassinée à Mogadiscio le 17 septembre dernier. Sœur Leonella était enseignante à Mogadiscio, où elle assurait un cours pour infirmiers. Benoît XVI a salué sa mémoire : « A certains, il est parfois demandé le témoignage suprême du sang, comme cela est arrivé à Sœur Leonella, victime de la violence. Cette sœur qui, depuis des années, servait les pauvres et les plus petits, est morte en prononçant le mot ‘pardon’ : voilà le témoignage chrétien le plus authentique, un signe pacifique de contradiction qui démontre la victoire de l’amour sur la haine et sur le mal… Il ne fait aucun doute que suivre le Christ est difficile, mais, comme il le dit, seul celui qui perd sa vie à cause de lui et de l’Evangile la sauvera (Mc, 8, 35) ».

Mgr Bertin est membre de la Conférence des évêques latins dans les pays arabes. Dans tous les pays concernés, l’Eglise est minoritaire. Difficile de parler à voix haute ou d’entreprendre une évangélisation ouverte, mais la présence de l’Eglise est appelée à porter des fruits. A travers les écoles, les hôpitaux, les œuvres de bienfaisance, la radio quand c’est possible, l’Eglise peut témoigner. Même si c’est difficile, l’évêque insiste pour dire qu’il est là pour la mission, pour l’annonce de la Bonne Nouvelle.

Il déplore une certaine ambiguïté parfois de l’Eglise dans le dialogue inter-religieux. Pour lui, ce dialogue est un aspect de l’évangélisation et il ne faut pas l’oublier ! Lorsqu’il entend des phrases comme : « on ne part pas pour évangéliser mais pour être évangélisé », il ne comprend pas. « Comment peut-on susciter des vocations missionnaires avec ça ? » s’interroge-t-il.

La corne de l’Afrique attend la Bonne Nouvelle. A nous d’aider l’Eglise, par la prière et le partage, à annoncer l’Evangile.

Marc FROMAGER