3079-Le choix du sexe par l'avortement - France Catholique

3079-Le choix du sexe par l’avortement

3079-Le choix du sexe par l’avortement

L’arrivée sur le marché Européen d’un test permettant de déterminer le sexe d’un fœtus de six semaines relance le débat sur l’avortement de convenance.
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Le petit monde de l’orthogénie est en émoi. Les méthodes folkloriques censées prédéterminer le sexe d’un enfant à concevoir pourraient avoir trouvé une dangereuse alternative : un test sanguin est désormais disponible sur Internet pour les femmes enceintes désirant connaître précocement le sexe de l’enfant qu’elles attendent.
A six semaines de grossesse, il suffit d’une goutte de sang maternel et de 350 euros, sans recourir aux services médicaux. Ne leur reste-t-il pas le temps d’avorter légalement, jusqu’à la 12e semaine de grossesse, sans justification ni entretien préalable ?

Le Planning familial nie tout mobile de ce genre chez les femmes qu’il reçoit. Mais une enquête réalisée par le magazine Elle auprès d’un panel de ses lectrices donne un tout autre éclairage : 50% des femmes interrogées se disent prêtes à utiliser ce test et surtout 18% affirment qu’elles recouraient à l’avortement si son résultat décevait leur attente.

L’Agence de biomédecine dénonce l’illégalité de la pratique, mais avoue ne rien envisager pour l’éviter. Quant aux spécialistes de la procréation, ils sont partagés : s’ils légitiment la détermination du sexe du fœtus quand il s’agit d’avorter d’enfants porteurs de maladies frappant l’un des deux genres, ils récusent en général toute idée de sélection anténatale selon le seul critère du sexe. Certains tablent sur la « pédagogie » pour en dissuader les couples. Mais leur argumentation est prise au piège du déni de l’humanité du fœtus.

Que dire aux femmes enceintes auxquelles on a affirmé que l’embryon n’était rien et qui ont fini par le croire ? Comment les dissuader d’avorter pour simple convenance après avoir prétendu que l’IVG précoce était indolore ?

Pour ce qui concerne la pyramide des âges, le démographe Laurent Toulemon se veut rassurant : alors que la préférence pour les garçons vaut à plusieurs pays asiatiques des dizaines de millions d’hommes en surnombre, on n’imagine pas que l’avortement sélectif selon le sexe puisse aboutir en Europe à semblable déséquilibre. Cependant nul ne peut ignorer le souhait de la plupart des parents de fonder une famille « équilibrée », un désir qui pousse d’ailleurs certains parents à augmenter le nombre de leurs enfants. Des études occidentales montrent a contrario que des parents gratifiés du « choix du roi » (un garçon, une fille) ont tendance à s’arrêter là. On décèle tout de même en Occident une légère préférence pour les garçons : si on a uniquement des filles, on aura davantage tendance à allonger sa famille que si on a uniquement des garçons. Le mobile de cette propension serait plus « traditionnel » qu’utilitariste. Si les garçons perpétuent mieux le nom de famille, les filles sont censées constituer – en Europe – une meilleure « assurance vieillesse ».

C’est finalement une situation paradoxale qu’on observe en France en matière d’avortement : entre banalisation et prise de conscience. D’un côté, les pouvoirs publics s’alarment de l’augmentation des IVG pendant que de plus en plus de femmes témoignent que le geste n’a rien d’anodin et laisse des traces psychologiques douloureuses. De l’autre, une partie d’entre elles semble penser que l’IVG est là pour régler tous les problèmes jusqu’à exaucer leurs moindres désirs.
Le slogan « Réussir son bébé » de la chaîne de magasins de puériculture Aubert illustre cette culture de maîtrise. L’Etat a sa part de responsabilité : il envoie actuellement aux médecins un livret visant à faire connaître l’IVG par RU486 à domicile et non plus à l’hôpital. Il entretient l’illusion d’un avortement-minute.

Les hommes ne sont pas en reste à l’instar de celui qui contestait, le 27 juin, en Cour de Cassation la paternité juridique de l’enfant que sa compagne avait conçu de lui contre son gré.

C’est une voix qu’on n’attendait plus qui s’élève : réagissant à un reportage télévisé montrant une clinique privée de Barcelone proposer l’avortement à une journaliste enceinte de 8 mois, Simone Veil a estimé, sur France 2, cette situation « effrayante ».

Et l’auteur de la loi de 1975 d’ajouter : « Il est de plus en plus évident scientifiquement que, dès la conception, il s’agit d’un être vivant ».

Tugdual DERVILLE