3070-L'avortement dans tous les Etats - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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3070-L’avortement dans tous les Etats

En France, le sujet de l’avortement est esquivé par la plupart des responsables politiques qui le considèrent comme trop personnel et trop sensible. Mais il est au cœur du débat dans des pays emblématiques aux yeux des médias français.

FC N°3070

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Mexique
Début de légalisation

Première en Amérique latine (après Cuba) l’Assemblée municipale de Mexico a voté le 24 avril la dépénalisation de l’avortement jusqu’à 12 semaines de grossesse. Une décision que n’approuve pas la majorité du pays : 51,3 % des Mexicains se déclarent défavorables à la légalisation de « l’IVG » contre 30 % qui s’y disent favorables. Les organisations anti-avortement mexicaines espèrent de la cour suprême du pays qu’elle annule la nouvelle loi de sa capitale. En France, Le Monde cite l’épouse du président de la République du Mexique : l’avortement reviendrait à « nier l’avenir ». Quant au quotidien gratuit Métro du 26 avril, il montre « un groupe d’activistes catholiques (exprimant) sa consternation ». Accompagnée de cette légende, l’image de trois jeunes femmes en larmes est poignante.

Etats-Unis
Un début de restriction

Première en sens inverse le 18 avril de l’autre côté de la frontière : la Cour suprême américaine a planté un coin dans la législation abortive des Etats-Unis, l’une des plus permissives au monde depuis 1973. Par 5 voix contre 4, elle a validé une loi fédérale de 2003 interdisant une méthode chirurgicale d’avortement tardif jugée barbare (par démembrement du foetus dans le ventre de la mère). Dans un pays où sont pratiqués 1,2 million d’avortements chaque année, l’arrêt de la Cour (récemment rééquilibrée par le président Bush) ne remet pas en cause la « protection » d’un tel « droit constitutionnel » ; mais elle autorise qu’il soit restreint dans ses modalités.

Malgré la focalisation des regards sur le terrorisme et l’Irak, l’avortement reprend donc ses droits dans le débat intérieur, et confirme son statut de thème politique majeur depuis plusieurs décennies.

Allemagne
Une alternative
en débat

Les boîtes à bébés se répandent outre-Rhin. Alors que l’accouchement sous X « à la française » demeure interdit, 80 « tours d’abandon » ont été installés depuis avril 2000. Le premier, à Hambourg avait été inauguré à la suite de la découverte d’un nouveau-né dans une benne à ordures.

La présence de ces boîtes n’a rien de symbolique : Le Figaro précise que 26 nourrissons ont été déposés depuis 2001 dans la seule ville de Berlin (4 boîtes). Pour les uns, il s’agit d’une alternative à l’IVG ; pour les autres ces abandons révèlent au contraire les difficultés d’accès à l’avortement pour les femmes, notamment des immigrées. Le Figaro rapporte que ce sont les Verts allemands qui s’enthousiasment pour les tours d’abandon, allant jusqu’à lancer à Berlin une campagne d’information intitulée : « plutôt que de jeter les bébés à la poubelle ».

Pologne
Vers l’interdiction
totale ?

Le débat politique a fait rage, au Parlement polonais. Un petit parti « ultra catholique », la Ligue des familles polonaises (LFP) a tenté d’introduire un principe constitutionnel d’interdiction totale d’avorter. Les frères jumeaux Kaczynski au pouvoir qui sont opposés à l’avortement, se disaient favorables à un statu quo, la loi actuelle restant une des plus restrictives d’Europe. La moitié des députés de leur parti a pourtant voté avec la LFP. Ce sujet mobilise d’autant plus les Polonais que sous le communisme le pouvoir les incitait à avorter.

Pays-Bas
Prosélytisme maritime ?

Le ministre de la Santé a levé le 19 avril l’interdiction faite au « bateau de l’avortement » de circuler dans les eaux internationales. Cette clinique flottante des militants de l’association Women of Waves souhaite proposer aux ressortissantes de pays où l’avortement demeure prohibé de recourir à ses services à la limite de leurs eaux territoriales. Le navire a visité l’Irlande, la Pologne et le Portugal depuis 2001 avant d’être rappelé à
l’ordre par le gouvernement hollandais en raison des incidents diplomatiques qu’il provoquait. Le bateau s’est vu interdire de pratiquer l’avortement et se limite à la distribution de pilules abortives. Mais son autorisation de naviguer a déjà provoqué une protestation vigoureuse d’un dignitaire d’Arabie Saoudite.

Portugal
La loi est votée

C’est à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars dernier, que le Parlement lusitanien a adopté la loi dépénalisant l’avortement jusqu’à la dixième semaine de grossesse, après le référendum du 11 février, validant cette perspective par 59% de oui. Une façon pour ses dirigeants « d’entrer dans la modernité »…

Un panorama contrasté se dessine donc pour ce qui pourrait être le débat de société crucial de ce début de siècle. Débat planétaire et incertain : alors qu’on n’en finit pas de s’inquiéter de l’impact de l’avortement sélectif des filles en Asie, les responsables britanniques d’Amnesty international tentent de faire inscrire l’avortement légal dans… les droits de l’homme.

Tugdual DERVILLE