3024-La rébellion des pères - France Catholique

3024-La rébellion des pères

3024-La rébellion des pères

Dans la logique de l’IVG, notre droit a consacré une forme de « toute-puissance maternelle », et l’effacement progressif des pères. Mais une «contre-attaque» masculine se profile.
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Le 7 avril, la Cour de cassation a rétabli dans sa filiation paternelle un enfant né sous X. Après l’avoir reconnu in utero son père demandait qu’on admette sa paternité. Ce jugement risque de saper le dispositif de l’accouchement sous X protégeant l’anonymat des femmes y ayant recours, mais il s’inscrit aussi dans un mouvement planétaire de retour de balancier au profit de la paternité.

En France, près de 2 millions de femmes élèvent seules leurs enfants, beaucoup de pères étant réduits au rôle de « géniteur », entre errance et irresponsabilité. Et parfois exclus. La « libération » des femmes a-t-elle laissé croire qu’elles étaient maîtresses du destin des enfants ? Le « droit à disposer de son corps » englobant l’enfant à naître a pu faciliter la résurgence de la famille matriarcale. Mais certains se rebellent.

En Suède, des juges ont condamné un donneur de gamètes à verser à sa descendance une pension alimentaire à la demande d’un « couple » de femmes qui avaient « bénéficié » de l’insémination artificielle avant de se séparer.

En Grande-Bretagne, ce sont des groupes de pères divorcés qui, au contraire, revendiquent leur paternité en campant dans les arbres et multipliant les coups d’éclat.

De façon moins spectaculaire, “SOS papa” milite en France pour l’égalité parentale après les divorces. L’association dénonce la garde systématique des enfants par leur mère, qui réduit la mission paternelle à la portion congrue : quelques vacances et quelques week-ends (en plus des pensions à verser). SOS papa est « marrainée » par Evelyne Sullerot, cofondatrice du Planning familial. Revenue du féminisme radical, la sociologue a fait de la critique de la « société sans pères » son cheval de bataille.

Aux Etats-Unis, la controverse tourne à l’absurde : un « Centre national pour les hommes » veut faire reconnaître « le droit constitutionnel d’un homme à refuser d’être père », en s’inspirant du célèbre arrêt Roe contre Wade, qui a instauré depuis 1973 un droit comparable pour les femmes avec l’avortement. La campagne est menée par un homme qui refuse de payer une pension alimentaire : il croyait son ex-petite amie stérile. Le Centre s’est déjà fait connaître en incitant les hommes à faire signer avant toute relation sexuelle un « contrat de sexe consenti » les protégeant contre toute allégation de violence sexuelle et des demandes d’indemnisation comme en ont connues nombre de célébrités…

Mais les griefs du « Centre national pour les hommes » vont plus loin : il demande qu’on prenne au sérieux les violences conjugales dont les hommes peuvent être victimes ; il proteste contre le constat de leur espérance de vie inférieure de huit ans à celles des femmes… Et il va jusqu’à traquer tout ce qui les empêcherait de porter des vêtements ou accessoires qu’on croit réservés aux femmes !

Un autre champ de bataille de la guerre des sexes, l’emploi, n’est pas épargné par la “contre-attaque” masculine. Chez nous, à l’occasion de son premier anniversaire, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité des droits (Halde) révèle qu’elle a cru devoir porter devant le procureur la plainte d’un homme. Il voulait être hôte d’accueil : l’annonce réclamait une femme.

L’anecdotique ne doit pas masquer les injustices dont souffrent les hommes. Ainsi, même si l’avortement est souvent dû à leurs pressions, la loi leur interdit de protéger l’enfant qu’ils ont conçu et réduit leur paternité… à l’impuissance.

Trugdual DERVILLE