3019-Avortement sexo-sélectif - France Catholique
Edit Template
Van Eyxk, l'art de la dévotion
Edit Template

3019-Avortement sexo-sélectif

Deux ans de prison pour un médecin indien ayant proposé à une femme un avortement : la planète féministe applaudit.
Copier le lien

A toutes celles qui avaient rêvé l’avortement planétaire libre et gratuit comme le point d’orgue de l’émancipation féminine, l’Asie est en passe d’apporter un cruel démenti : le développement de l’échographie prénatale s’y accompagne d’une impitoyable montée de l’avortement sexo-sélectif des fœtus de sexe féminin. Une étude de la revue médicale The Lancet a révélé en janvier que, pour la seule Inde, ce sont pas moins de dix millions de filles qui ne sont pas nées au cours des vingt dernières années. Avec à la clé la menace d’un profond déséquilibre démographique : selon le gouvernement indien, le nombre de femmes pour mille hommes est déjà passé de 972 en 1991 à 933 en 2001.

Il faut dire que, dans de nombreux pays orientaux, la « valeur » d’une fille est culturellement évaluée en coût plutôt qu’en bénéfice : non seulement, une femme est destinée à servir sa belle-famille plutôt qu’à soutenir ses parents dans leur vieillesse, mais encore ceux-ci devront payer une lourde dot, en s’endettant pour s’en « débarrasser ». Autant le faire avant la naissance, surtout quand des politiques autoritaires tendent à limiter le nombre d’enfants par famille, et donc la « chance » d’une descendance mâle. Malgré l’interdiction de l’avortement sexo-sélectif, les accommodements entre les femmes enceintes et leurs médecins se sont donc multipliés dans la plus grande discrétion. Comme en Occident dans la lutte contre le racisme, il a fallu recourir à la méthode du testing pour surprendre en flagrant délit les médecins comme celui qui vient d’être lourdement condamné, une « première historique » estime Le Monde. Il a d’abord transgressé un interdit en révélant à une femme enceinte le sexe de son futur bébé et lui a ensuite proposé à mots couverts un « arrangement » pour « régler le problème ».

Alors qu’un peu partout dans le monde, on assénait un  » roit des femmes à disposer de leur corps », il faut désormais se rendre à l’évidence : ce sont surtout les femmes qui sont éliminées par l’avortement et victimes de leur prétendu « droit ». Mais pour cela, il faut bien admettre que, dans chaque avortement, c’est le destin d’une tierce personne qui est scellé. « Ce verdict est un grand encouragement pour tous ceux qui luttent pour sauver les bébés filles et défendre les femmes », confirme la responsable d’une ONG indienne. Elle considère même comme « un crime » de révéler à une femme qu’elle attend une fille.

Vu de France, on se scandalise volontiers des traditions machistes, qu’on connaît également pour la Chine (cf. F.C. n°2987 du 29 juillet 2005) en mesurant leurs conséquences à long terme : des dizaines de millions d’hommes nés en Asie sont condamnés au célibat, à la polyandrie ou à l’immigration… Nous ne sommes cependant pas en reste en matière d’avortements sélectifs. D’abord certains praticiens occidentaux se sont d’ores et déjà déclarés favorables aux choix du sexe des bébés à naître car les méthodes d’investigations prénatales encouragent les parents dans leur quête de l’enfant rêvé. Ce choix est interdit en France, au Canada ou en Grande-Bretagne, mais il n’est pas impossible aux Etats-Unis où 3 % des diagnostics préimplantatoire seraient réalisés dans ce but. Ensuite et surtout, nos échographes n’ont-ils pas de cesse que de détecter les paramètres permettant de justifier le refus de l’enfant qui s’annonce par ses propres parents ? La France détient le record du monde du dépistage de la trisomie 21 qui est même qui est même organisé et remboursé par les pouvoirs publics. Annoncer en France à de futurs parents la trisomie de leur enfant lui fait courir de plus grands risques que celui de leur révéler en Inde que c’est une fille. Mais c’est légal ici, et même pratiquement obligatoire.

Trugdual DERVILLE