3017-Cryoconservation des cadavres - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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3017-Cryoconservation des cadavres

Certains, surtout aux Etats-Unis, s'imaginent qu'ils peuvent s'offrir une résurrection terrestre, que les progrès de la science de demain seront capables de leur assurer.
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Le docteur Raymond Martinot était un fervent adepte de la cryoconservation. C’est un coup de chaleur qui a fait partir en fumée les dernières illusions de son fils Remy à propos du destin de sa dépouille qu’il maintenait congelée dans la crypte du château familial depuis 2002, aux côtés de celle de sa mère, « refroidie » depuis 1984. Un banal incident technique, une panne électrique doublée d’une défaillance du système d’alarme du congélateur, a ruiné l’espoir mis dans de futures prouesses scientifiques conférant à l’homme l’immortalité ici-bas. Le réchauffement fut relatif (de – 65° Celsius à – 20°) mais suffisant pour convaincre Remy de jeter l’éponge dans le bras de fer qui l’oppose à la justice française. Son avocat a annoncé le jeudi 16 mars que les deux corps avaient été incinérés. Le fils paraît soulagé, car l’incident met fin à vingt ans de procédure judiciaire. En France, où l’on n’a le choix qu’entre l’inhumation et l’incinération, un arrêt du Conseil d’Etat a désavoué le 6 janvier dernier le procédé funéraire de mise au frais.

Depuis le physicien américain Robert Ettinger qui publia en 1964 « L’homme est-il immortel ? » la cryogénisation fascine les personnes qui combinent notre désir d’immortalité avec un scientisme extrême. James Bedford fut en 1967 le premier homme à se faire congeler, après sa mort d’un cancer. Les expériences sur les batraciens, puis la congélation des gamètes d’homo sapiens, et surtout de leurs embryons vivants, mais aussi le clonage ont ensuite alimenté le fantasme. En 1996, la revue New Scientist affirma qu’une équipe d’Afrique du Sud avait réussi à faire rebattre le cœur d’un rat préalablement congelé à moins 176 degrés C. La nouvelle fit battre celui de plusieurs entrepreneurs flairant l’aubaine. Aux Etats-Unis, Alcor Life Extension offre, pour une somme dépassant les 100 000 dollars, la congélation totale d’un défunt à – 196° C, et, pour la moitié du prix, elle se limitera à sa tête où l’on veut croire que résident les fonctions indispensables à la résurrection… terrestre. Une industrie est née, à mi-chemin entre le funéraire et la science fiction. Son chiffre d’affaires serait de trois cents millions de dollars. Il faut tout de même préciser que, faute d’être capable d’envahir l’ensemble des cellules d’un corps aussi complexe que le nôtre par une substance empêchant les dégâts irréversibles causés par le froid intense, on est loin de maîtriser le processus, d’autant que le voyage retour (le réchauffement) semble plus complexe encore à contrôler. Mais surtout, il ne s’agit pas de réveiller un fringuant Hibernatus de sa léthargie mettant en œuvre l’idée développée par Barjavel dans « La nuit des temps ». Il faudrait là inverser le processus d’une mort déjà advenue (sans oublier les dégâts causés par les maladies qui l’ont entraînée). Or, elle fait son œuvre en quelques minutes, en détériorant les cellules d’une manière irréversible. Autant vouloir « transformer un hamburger en vache » ironise un scientifique.

La quête éperdue d’immortalité révèle combien l’homme est tendu vers ce qui dépasse sa condition mortelle, et l’on peut s’en réjouir. Sans pour autant cautionner la tentation de s’affranchir du temps qui nous est donné pour vivre ici-bas. Repos de l’âme en tout cas pour les chrétiens : nul besoin, pour croire en la résurrection de leur chair, de la plonger dans l’azote liquide.

Trugdual DERVILLE