3009-Adoption par couples homosexuels : fronde des élus - France Catholique

3009-Adoption par couples homosexuels : fronde des élus

3009-Adoption par couples homosexuels : fronde des élus

Au moment où l'on découvre les conclusions de la mission parlementaire sur la Famille, les Maires pour l'enfance, qui s'opposent à la célébration de "mariages" homosexuels assortis d'un droit à l'adoption, exigent d'être consultés.
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Après les 180 députés et sénateurs UMP et UDF qui ont constitué une entente parlementaire contre le mariage et l’adoption homosexuels, les promoteurs de l’Appel des Maires pour l’Enfance ont rendu publique, le 20 janvier, une nouvelle liste de responsables politiques ayant le même avis : 50 personnalités, sur les 12.000 maires signataires, qui sont élus de villes importantes ou exercent d’autres fonctions électives notables. Une façon pour les initiateurs de la pétition de contourner l’étouffoir médiatique qui a longtemps pesé sur leur initiative. Son succès autorise pourtant leur porte-parole, Franck Meyer, maire UDF de Sotteville-sous-le-Val (76), à demander que les maires soient consultés pour toute mesure les impliquant dans leurs fonctions.

Qu’un tiers d’entre eux ait pris la peine de remplir et renvoyer le formulaire de l’appel, ne trompe pas, les maires étant peu enclins à pétitionner, et prudents quand il s’agit d’un sujet sensible. C’est donc une forte majorité des maires qui récuse le mariage homosexuel, même si la très consensuelle Association des Maires de France a jusqu’ici fait mine de négliger l’ampleur de la fronde. Pour gouverner pareil mastodonte, il faut savoir allier les contraires et éviter tout ce qui peut faire des vagues, au risque de fermer les yeux sur les sujets qui préoccupent le plus grand nombre.

« Trop, c’est trop », s’agace en effet plus d’un maire à propos de la surexploitation médiatique de revendications somme toute marginales. « Elus de proximité, nous sommes directement confrontés aux fractures sociales et aux difficultés de nos contemporains, » explique Franck Meyer qui n’ignore pas que les maires sont les élus préférés des Français. « Notre expertise à propos du sens du mariage, et plus globalement de l’institution familiale comme source de repères et de développement social, ne peut être balayée d’un revers de bras au nom de revendications privées et minoritaires », précise-t-il. Directeur de l’école publique de sa commune, il souligne qu’ »on ne peut délibérément priver certains enfants d’avoir un père et une mère », considérant que là serait la discrimination. Et de répondre à ceux qui invoquent « l’égalité des droits » que le refus de marier deux personnes de même sexe n’a rien d’une discrimination : « c’est une réponse différente justifiée par une différence de situation ».

La contestation des maires, toutes sensibilités politiques confondues, tranche avec le net clivage droite gauche qui se dessine pour le moment sur ce sujet au Parlement. Pour Christine Boutin (député UMP – FRS), c’est bien la question des repères anthropologiques sur lesquels on entend fonder la société qui divise : « droit à l’enfant d’un côté, droit de l’enfant de l’autre ». A l’UMP, quelques députés ont certes pris position pour le lobby homosexuel à l’image de Nadine Morano, une proche de Nicolas Sarkozy. Interrogé le 17 janvier sur RTL, le Président de l’UDF, François Bayrou paraît lui-même hésitant : certes, il n’est « pas favorable » à l’adoption homo sexuelle, mais précise vouloir » n’en parler qu’avec une grande prudence ». Et surtout, il va jusqu’à reprendre à son compte le sophisme de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) : l’existence de situations de fait où des enfants sont élevés par des personnes homosexuelles. Cela concerne « beaucoup de parents » croit même utile de préciser François Bayrou. L’APGL utilise depuis des années ce piège du fait accompli, pour légitimer le droit à l’adoption, mais aussi l’accès aux modalités artificielles de procréation pour les personnes homosexuelles. Il s’agit d’imposer le concept d’ »homoparentalité » contraire à l’écologie naturelle de la filiation.

Les 50 maires dont les noms sont désormais publics peuvent-ils craindre une forme de lynchage médiatique ? Les signataires du Collectif des Maires de France pour le mariage républicain, qui avaient empêché la signature du Pacs en mairie en 1998, se souviennent des listes noires de maires jugés « homophobes » publiées à l’époque.

Et certains médias prennent déjà soin de compenser les interviews des élus opposés à l’adoption homosexuelle par « d’émouvants témoignages » mettant en scène deux femmes – plus rarement deux hommes – entourant de toute leur tendresse de délicieux bambins.

Ce qui peut cependant donner aux maires le courage de résister à la pression, c’est de savoir qu’ils rejoignent une très forte proportion de leurs administrés.

A en croire les sondages d’opinion, les Français semblent au milieu du gué, une majorité se dit favorable à « l’équivalence des droits » pour les personnes homosexuelles, mais une plus grande majorité encore reste défavorable à l’adoption homosexuelle, pourtant incluse, pour le lobby gay dans l’équivalence des droits !

La réaction des maires pourrait les inciter à la cohérence. La députée Valérie Pecresse (UMP) qui va prochainement rendre public son rapport sur la famille avait envisagé, comme solution de repli, que le Pacs soit désormais signé en mairie, mais elle a entendu que les Maires pour l’Enfance y sont opposés : en rapprochant le mariage du Pacs, une telle évolution entretiendrait davantage encore la confusion institutionnelle.

Tugdual DERVILLE