2998-Charlie a 3 mamans - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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2998-Charlie a 3 mamans

Avec la procréation médicalement assistée, les cas de figures de “parentalité” se multiplient, suscitant de nouveaux désirs dont les victimes sont les enfants.
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L’histoire familiale de Charlie, petit Anglais de 4 mois, est déjà un casse-tête. Car la femme qui l’élève, Alex, 32 ans, ne lui a donné ni ses gènes, ni le jour. Deux de ses sœurs s’en sont chargé : l’une, sa jumelle Charlotte, a fourni un ovocyte, et l’autre, Helen, 35 ans, a bien voulu être mère porteuse. Cet échafaudage s’est appuyé sur la fécondation in vitro. Seul le père a donné son sperme. Si c’est la sœur jumelle qui a été choisie comme donneuse, c’est qu’elle était la plus apte à procurer à la mère adoptive un « bébé génétiquement le plus proche possible d’elle ». L’enfant a donc un père mais aussi, d’une certaine façon, trois mamans. Deux d’entre elles se feront appeler « tantes », mais n’auront-elles pas une autre légitimité à ses yeux ? Celle qui a accouché de Charlie avoue : « je suis surprise de constater à quel point il me manque ».

Alex, la seule que Charlie apprendra à appeler « maman », confie de son côté avoir craint que « le bébé ne l’aime pas ». Il faut constater que pour lutter contre une stérilité irréversible provoquée par le traitement chimiothérapique d’un cancer, elle a, sans le savoir, fait sauter d’une façon inédite la barrière de l’interdit de l’inceste sur le plan génétique. Et puisqu’il semble que la médiatisation de cette naissance évitera un secret de famille sur la manipulation, Charlie devra assumer le statut étrange de ses drôles de tantes. Peut-on faire l’impasse sur le risque d’une construction affective et psychologique malmenée ? L’imbroglio familial dans lequel cette conception à quatre s’est nouée, révèle la confusion générée par une procréation artificielle aggravée par l’usage des « mères porteuses ». Et l’instrumentalisation de l’enfant.

Entre la Belgique et les Pays-Bas, c’est un autre scandale qui vient d’être révélé. La petite Donna, à 8 mois, est l’enjeu d’un crêpage de chignon international que le roi Salomon n’a pas imaginé lorsqu’il dut départager deux mères revendiquant le même enfant. Car la mère porteuse belge a fait monter les enchères, revendant la petite fille dont elle avait accouché pour le compte d’un couple flamand, à un couple adoptif de hollandais, après avoir échoué dans une tentative de vente à deux Belges homosexuels. Le tribunal d’Utrecht a fini par trancher en faveur de la nature ou plutôt de ce qui en est resté : Donna sera rendue à son père biologique belge.

Il faut dire que le plat pays fait figure d’eldorado pour les « praticiens de la fertilité ». Les candidats à l’homoparentalité médicalement assistée s’y précipitent. La fameuse clinique Erasme de Bruxelles attire les Françaises – « 72% de sa clientèle » – dont « une majorité d’homosexuelles » selon sa responsable, le docteur Anne Delbaere, qui craint même que l’accueil de ces femmes en quête d’insémination avec donneur « se fasse au détriment des couples hétérosexuels ».

Cette migration procréative donne l’occasion aux militants français de l’homoparentalité, qu’elle soit adoptive ou « procréative », de ressortir des arguments déjà entendus dans un autre contexte : « Pourquoi faut-il que nos concitoyennes s’expatrient comme certaines auparavant pour l’IVG ou d’autres pour l’aide à mourir ? » interroge Nadine Morano, député UMP, dans un entretien à Libération. Et celle qui prend soin de préciser « Je suis mère de trois enfants et catholique pratiquante » de s’insurger : « Il n’est pas normal qu’une femme, qui, de toute façon, se fera inséminer à l’étranger, s’exile ainsi. On ne peut pas interdire le désir de maternité. Au nom de l’égalité, il faut les laisser avoir accès à la PMA en France ». Nadine Morano tente de rallier l’UMP à l’homoparentalité en s’appuyant sur le fait que Nicolas Sarkozy reconnaîtrait « que la droite a eu une posture idiote au moment du PACS ». Elle utilise une dialectique amalgamant l’expression d’un désir de maternité avec la promotion de son assouvissement à tout prix.

Derrière l’invocation de « l’égalité des droits », utilisant comme cheval de Troie l’existence d’enfants déjà élevés par des personnes homosexuelles, c’est le droit à l’enfant qui prime sur le droit de l’enfant. Sinon pourquoi ignorer le « principe de précaution » demandé par la présidente de Enfance et Famille d’adoption dans son audition à l’Assemblée nationale ? Janice Peyret conteste qu’on prive délibérément les enfants de la chance d’avoir un père et une mère. Loin de toute idéologie, le député UMP Yves Nicolin rappelait quant à lui la France à la réalité : 25 000 couples y sont en attente d’adoption.

Trugdual DERVILLE