2991-Le nu idéologique dans 20 Minutes - France Catholique

2991-Le nu idéologique dans 20 Minutes

2991-Le nu idéologique dans 20 Minutes

Jeudi 15 septembre, 8 heures, dans une gare ordinaire de la banlieue parisienne. Au milieu du flot de voyageurs pressés, des ribambelles d’enfants se rendent comme chaque matin à l’école. Bon nombre d’entre eux, comme les adultes, se saisissent aux distributeurs du quotidien gratuit "20 MINUTES". La lecture n’en est pas fastidieuse : quelques dépêches d’actualité et un peu de cette "info people" dont raffolent garçons et filles de plus en plus tôt. Rien que de très innocent ? ...
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… Pas si sûr. Ce matin-là, on verra plus d’un lecteur, adultes compris, refermer le journal d’un air stupéfait. En pleine avant-dernière page figure la photographie détaillée (les « détails » en question étant savamment mis en valeur par le parti-pris d’éclairage) d’un homme complètement nu, avec comme signature le logo d’une association et son slogan : « Aides félicite tous ceux qui se sont protégés cet été ».

Chacun sait la force des images et c’est à dessein que celle-ci a été choisie. Une bonne partie des enfants choqués ne le confieront pas à leurs parents. Et ces derniers ignoreront ce qui s’est passé lors de ce trajet de routine. C’est en leurs noms que Maître Antoine Beauquier, président de la Fédération Familles Médias, a décidé de porter l’affaire en justice. « C’est de l’exhibitionnisme médiatique : nous saisissons le Parquet des mineurs. » Et le père de famille de s’interroger : « Comment prétendre lutter contre la violence sexuelle qui fait tant de dégâts chez les jeunes quand on impose à tous et toutes cette image crue qui saute aux yeux, et qui porte atteinte à la dignité humaine ?  »

Certes, il ne s’agit-là que d’un bout de papier mais, l’avocat d’alerter sur « l’impact normatif des médias » qui, selon-lui, doivent être « responsabilisés. » Ceux qui ont contribué à la diffusion d’une telle image sont-ils donc si certains de leur force et de leur bon droit ? Mais que veulent-ils au juste ? Bien sûr, il s’agit pour Aides de manifester son attachement au sacro-saint préservatif, alors que le mouvement gay est traversé de conflits à son propos. Une frange risque-tout de ses membres revendique de s’affranchir des contraintes du latex, et Act up a suspecté Aides de complaisance vis-à-vis d’elle. Il faut surtout noter la surenchère qui obnubile les mouvements homosexuels anti-sida dans le domaine publicitaire. Pour eux, une publicité « morale » – et quoi de plus moral en effet que de féliciter quelqu’un pour son comportement ? – est une publicité qui « montre tout ».

D’où la tendance à assumer l’orientation pornographique des messages de prévention, au risque de heurter la sensibilité du public. Même les mouvements féministes ont protesté contre certains visuels qui leur semblaient humiliants pour les femmes. Une posture provocatrice voire contestatrice vaudra un brevet de bonne conduite à Aides de la part des théoriciens de la militance gay, mais l’association doit aussi maintenir de bonnes relations avec les pouvoirs publics qui l’alimentent grassement en subventions.

Par décision gouvernementale, la lutte contre le Sida a été décrétée « grande cause nationale 2005 » et le Premier ministre, après avoir répété son attachement au Pacs et à sa prochaine « amélioration », vient de plaider à l’ONU en faveur d’une taxe de 5 e pour tout acheteur de billet aérien pour financer cette lutte. Certes, avec 30 000 morts depuis son apparition, l’impact sanitaire du Sida dans l’hexagone, aussi atroce soit-il, n’a pas grand-chose à voir avec celui des autres maladies : alzheimer, maladies cardio-vasculaires, cancers (il y a 150.000 morts par cancer chaque année en France). Mais comment ne pas louer l’intention de faire enfin quelque chose pour les dizaines de millions d’Africains concernés, pour ne citer qu’eux ? On a tout de même le droit, preuve à l’appui, de contester l’option idéologique du tout-préservatif : l’Ouganda a fait figure d’épouvantail lorsqu’en pleine conférence internationale, devant un parterre d’Occidentaux médusés, il a pu démontrer l’efficacité remarquable de campagnes publiques prônant… l’abstinence et la fidélité ! En France, on peut suspecter certaines associations d’avoir mélangé la lutte contre le sida avec la promotion de l’homosexualité.

Intouchables, en raison du drame qui les a fondés, elles entendent inspirer une vénération quasi-religieuse. Ce même 15 septembre au matin, « Europe 1 » avait ouvert son journal sur un « parfum de scandale » autour de leur bête noire : Jean Paul II. Le maire de Ploërmel compte lui ériger une statue sur une place éponyme. Crime de lèse-laïcité ? Pour un peu on taxait le monument de pornographique.

Tugdual Derville