2986-Derrière le mirage olympique - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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2986-Derrière le mirage olympique

Paris 2012 a implosé le 6 juillet, comme une baudruche médiatique de plus. La déception avalée, chacun est sagement passé à quelque chose de plus sérieux. Aux yeux du maire de Paris pourtant, le résultat ne passe pas, et risque même d’être ravageur pour l’amitié franco-anglaise. Pour un peu, il rappellerait l’humiliation de Fachoda ravivant, en 1898, la tradition anglophobe.
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Et puis il y a eu ces terribles attentats qui ont endeuillé Londres le 7 juillet. Plus de cinquante morts, sept cents blessés. Vies brisées ou volées par l’atrocité meurtrière des kamikazes. Avec les Britanniques, une grande partie de la planète s’est sentie agressée. Et, d’une certaine façon, la folle réalité du terrorisme à ramené à la raison ceux qui auraient souhaité étaler leurs états d’âme de perdants. Les quatre déflagrations de ce jeudi-là semblaient devoir remettre à son juste niveau la nouvelle sportive de la veille.

A l’annonce des attentats, le maire de Paris d’ailleurs s’est reprit. Endossant son habit d’homme d’Etat, il a lancé une phrase empruntée à l’histoire : « Nous sommes tous des Londoniens ».

Mais, comme dédouané par ses belles déclarations, dès le lundi 11 juillet, au conseil municipal de Paris, puis devant des journalistes, il n’a pu se retenir d’étaler à nouveau ses rancœurs. Il a pinaillé sur les visites reçues à Singapour par Tony Blair « dans sa chambre, en tête-à-tête », contraires aux 117 règles édictées par le CIO, et sur ces « dizaines de membres” de ce même CIO auxquels on aurait fait des promesses inavouables. Il a accusé le vainqueur de la compétition de « franchissement de ligne jaune », appelant à la rescousse l’idéal olympique et les grands sportifs. Il désignait ceux-ci par leurs prénoms en précisant : « Je les adore ! »

Mais voilà que « David » (ndlr Douillet) se rebiffe et fustige à son tour une campagne française monopolisée par les politiques. A croire que ceux-ci n’ont pour programme pour la capitale – ou pour la France – que d’offrir au peuple de gigantesques fêtes.

Une fois le mirage olympique évanoui on est en effet en droit de s’interroger : le seul projet de société capable de fédérer la nation au point que tout ce qu’elle compte de sagesse officielle multiplie les appels à la « mobilisation générale » peut-il se résumer à l’organisation d’une compétition sportive, quand tant d’autres défis se posent à elle ? L’envahissement de l’espace public par un éphémère logo, icône déclinée jusqu’en de monumentaux totems ne fut-il pas excessif ? De même que le plan de communication fondé sur cet enjeu de sables mouvants qui l’ont englouti en un instant.

Si l’union sacrée de toute la classe dirigeante – leaders économiques, syndicaux, sportifs, politiques – dans un consensus effaçant tout clivage a si vite volé en éclats, c’est qu’elle était factice, comme ces parades compulsives qui masquent la vacuité du nombrilisme contemporain. Les fêtes, utiles à la vie, ne sauraient lui donner un sens.

Ces liturgies païennes, comme les jeux du cirque, sont-ils l’opium du peuple ? Pour prétendre éradiquer la pauvreté en Afrique, l’Occident n’a pas trouvé mieux, le 1er juillet, que d’en organiser huit ! Huit concerts gratuits quoique coûteux, monumentaux mais dérisoires.

Pour en revenir aux Jeux de 2012, le maire de Paris, chef de file de sa victoire programmée, ne se remet donc pas de ce qui lui apparaît comme une injustice. Jack Lang a bien « sa » fête de la musique – et cet événement rituel désormais planétaire l’a quasiment statufié comme ministre de la culture pour l’éternité. Bertrand Delanoë ne pouvait se contenter de sa Nuit blanche trop peu universelle ou de l’artificiel “Paris-plage”. L’éléphant du PS, auquel on prête des ambitions nationales, se consolera-t-il avec l’organisation des « jeux gays » par Paris en 2010 ? On en doute.

Tugdual DERVILLE