2874-Les chrétiens et la guerre - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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2874-Les chrétiens et la guerre

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A l’heure où nous « bouclons » ce numéro, le déclenchement de l’offensive anglo-américaine ne semble être qu’une question d’heures. Tout est prêt pour une conquête du territoire irakien, dont rien n’a pu dissuader le Président des Etats-Unis. Nous ne pouvons, pour notre part, que regretter cette décision. Une guerre n’est jamais anodine, elle entraîne forcément des drames, des traumatismes, et provoque toujours la mort d’innocents. Elle est parfois, c’est vrai, l’ultime recours, lorsque tous les autres moyens d’intervention on été utilisés en vain. Nous n’avons jamais soutenu ici le pacifisme inconditionnel, pas plus que ne l’ont fait le Pape et ses collaborateurs. Simplement, il nous a paru que la position notamment défendue par la diplomatie française était pertinente.

Les inspecteurs des Nations Unies auraient dû mener à bien leur mission, afin de déterminer si, oui ou non, l’Irak disposait des armes redoutables dont les Américains faisaient état sans avoir d’ailleurs apporté les preuves nécessaires.
Malheureusement, George W. Bush s’est refusé à entrer dans cette logique de contrôle et de désarmement. Son véritable but de guerre est le renversement de Saddam Hussein et l’installation d’une administration américaine capable de ménager une transition institutionnelle en Irak, et par la suite un changement global de la région dans le sens d’un accès à la démocratie. Nous faisons, avec beaucoup d’autres, toute réserve sur une telle stratégie. La mainmise américaine passera forcément pour l’opinion arabe pour une entreprise de conquête. Et c’est pour le coup que la fameuse thèse du « choc des civilisations » serait mise à l’épreuve, la sensibilité musulmane ne supportant pas l’arrogance occidentale et le terrorisme islamiste trouvant ainsi un élément propice à sa propagande et à l’enrôlement de ses futurs kamikazes.

Certains, d’ailleurs, ne manquent pas d’accuser l’équipe Bush d’être inspirée par un fondamentalisme religieux, d’autant plus dangereux qu’il donnerait une caution divine à sa stratégie hasardeuse. Le sujet est extrêmement délicat, et nous ne prétendons pas apporter un jugement définitif en quelques lignes. Simplement, l’attitude de Jean-Paul II à elle seule montre assez qu’on ne saurait tirer le christianisme tout entier du côté d’une croisade dont les finalités sont plus qu’ambiguës et dont les résultats pratiques risquent de créer des murs d’incompréhension entre les uns et les autres. La Providence laisse les hommes libres de leurs choix. Elle ne saurait être invoquée pour justifier une guerre.

C’est la droiture, la conformité aux biens fondamentaux, à la justice et au droit notamment, c’est aussi la prudence (vertu des hommes d’action et des politiques) qui déterminent, chez les hommes de foi, les raisons pour la guerre et pour la paix. Et non un illuminisme quelconque qui n’est ni chrétien, ni divin.

Gérard LECLERC