1917, L’année des occasions perdues. - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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1917, L’année des occasions perdues.

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Le professeur François-Georges Dreyfus propose ici 1 un panorama complet de l’année 1917 dans l’Europe en guerre. C’est en effet un grand tournant de l’histoire militaire, faisant suite aux échecs militaires de la Somme et des Dardanelles, qui seront suivis en 1917 des lourdes pertes de l’offensive Nivelle au Chemin des Dames et des Italiens à Caporetto. Ces difficultés militaires s’accompagnent en France d’instabilité et de crises politiques, de rivalités militaires (Joffre-Galliéni- Lyautey-Sarrail), et de campagnes pacifistes (affaire Caillaux), jusqu’aux mutineries d’avril à juin (110 régiments), intelligement résorbées par le Commandant en chef, Pétain, qui combine action de la justice mlitaire, amélioration de la vie des soldats et reprise d’une offensive victorieuse à la Malmaison. Toutes ces péripéties sont analysées avec beaucoup de clarté par l’auteur, qui ne se contente pas de décrire l’année 1917, mais établit le lien avec les évènements passés et avec les évolutions à venir.

Le grand bouleversement de 1917 est constitué à l’évidence par la révolution russe de mars, qui sombre dans l’anarchie jusqu’à ce que Lénine, secrètement introduit par l’état-major allemand, prenne en octobre la situation en main.

Les occasions perdues, ce sont les tentatives de paix de l’empereur d’Autriche et du pape Benoit XV. Elles sont remarquablement traitées par FG Dreyfus, qui montre que la première, maladroitement introduite, se heurte à l’opposition italienne et surtout à celle du tandem Hindenburg-Ludendorff qui exercent un pouvoir militariste dans le Reich. Plus constructive, celle du pape, présentée par le nonce Pacelli, est littéralement cassée par le président Wilson en août 1917, par réflexe antipapiste et volonté d’imposer la prédominance américaine. C’est en éliminant la menace sous-marine et en apportant de gros moyens financiers que les Américains imposent leur prédominance.

Les autres belligérants ne sont pas oubliés : – l’Autriche-Hongrie en voie de décomposition face aux nationalités slovaque, roumaine et croate, cette dernière introduisant l’idée yougoslave,

– l’empire ottoman confronté au soulèvement arabe du Moyen-Orient, où Britanniques et Français sont en concurrence, et où les conséquences de la déclaration Balfour, floue et ambiguë, sont imprévisibles,

– le développement en Allemagne d’une « révolution conservatrice », antilibérale, voire antisémite, qui récupére le militarisme prussien et préfigure le national-socialisme.

– Les derniers chapitres établissent la synthèse des mutations socio-économiques, culturelles, artistiques(surréalisme) et des techniques de guerre qui modifient en profondeur la situation de l’Europe. Une riche bibliographie, une chronologie, des cartes très claires et un index confirment la qualité de l’ouvrage, qui apparaît comme une source d’information utile pour les étudiants et les passionnés d’histoire.

Maurice Faivre

  1. 1917, L’année des occasions perdues, éditions De Fallois, 2010, 415 pages 24 €