We're British - France Catholique

We’re British

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Le rejet de l’indépendance de l’Ecosse à une forte majorité (55,4 contre 44,6% avec une participation record de 85%) démontre la force de l’identité britannique. Les conséquences se feront sentir à travers tout le monde anglophone et l’Europe.

Le retournement d’une majorité d’indécis lorsqu’il apparut dans les derniers jours que le « oui » à l’indépendance gagnait des points a montré l’attachement dont continue de bénéficier le Royaume Uni : la monarchie, la monnaie, un certain mode de vie. L’identité britannique forgée par trois cents ans d’histoire commune est finalement supérieure à l’identité écossaise. Cette dernière n’était pas seulement qu’une nostalgie gaélique ou un sentiment négatif d’exclusion (notable à Glasgow, la ville principale qui a voté « oui », la plus touchée par le chômage). Non plus qu’un mesquin égoïsme cherchant à garder pour soi les ressources du pétrole de la mer du Nord, la référence au « modèle » social norvégien (qui s’était séparée en 1906 du royaume de Suède) n’ayant pas convaincu. Le parti nationaliste écossais d’Alex Salmond avait su présenter un véritable projet d’avenir, alternatif, devant lequel une majorité de votants a finalement rechigné. Est-ce à dire que le statu quo l’a emporté ?

Chacun s’accorde à dire que plus rien ne sera jamais pareil. Les promesses de changement ont été multipliées dans la panique de la dernière ligne droite par les chefs des trois partis officiels, conservateur, travailliste, libéral-démocrate. Le premier ministre David Cameron s’est engagé à aller plus loin dans la régionalisation. Il sort gagnant d’un pari qui s’est avéré plus risqué que prévu. Mais il doit répondre maintenant à une vague de réaction au sein de son propre parti, venue des profondeurs de l’Angleterre. Avant le mouvement écossais, on avait vu émerger des revendications « anglo ». Le débat ressurgit. Cameron l’a évoqué dès les résultats écossais connus : les Anglais doivent aussi pouvoir décider par eux-mêmes des lois « anglaises » ! A bon entendeur salut !

Que l’Ecosse, le Pays de Galles et l’Irlande du nord se sentent plus « British » et l’Angleterre plus « English » renforce également la main du cabinet de Londres dans les négociations européennes. Les Conservateurs y sont également conduits face à la montée du parti pour l’Indépendance du Royaume Uni (UKIP), vainqueur aux élections européennes de mai dernier, à l’affût des élections générales de 2015. Beaucoup d’Ecossais partisans du « oui » voulaient aussi préempter la prise de distance du Royaume Uni par rapport à l’Europe. La Commission de Bruxelles n’a pas voulu l’entendre.

Les Canadiens anglophones et les Australiens se sont prononcés ouvertement contre l’indépendance de l’Ecosse, ce qui en dit aussi beaucoup de la survivance des liens du Commonwealth et de la Couronne. Cela ne parle pas non plus en faveur de l’appartenance européenne (ni de la survie du parti québecois).

Au total, le résultat du référendum scelle la fin d’une certaine Ecosse, au moins pour une génération et vraisemblablement plusieurs. Il n’est pas dit que les Ecossais favorables à l’indépendance, notamment les plus jeunes (vote à 16 ans !), qui ont vécu un moment exceptionnel d’enthousiasme et de foi en l’avenir, aient une autre chance dans leur vie. Ils resteront « britanniques » pour le meilleur et pour le pire, ou vivront une forme d’aliénation et de dépolitisation.