Une voix dans le désert - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Une voix dans le désert

Avortement

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La meilleure porte-parole du mouvement pro-vie au Canada prend de l’âge. On ne doit pas demander son âge à une dame, mais je puis révéler qu’elle a maintenant atteint sa dixième année de scolarité obligatoire dans un lycée de Toronto. Sa carrière d’oratrice a débuté en septième année, quand elle s’est inscrite à un concours de l’enseignement public et a choisi pour thème l’avortement. Sa position : contre. Même si la défense d’une position controversée est naturellement le coeur de ce genre de concours, mes lecteurs ne seront peut-être pas énormément surpris d’apprendre que son professeur « pro-choix » tenta de la dissuader. Lia Mills persista cependant et son professeur fut impressionné par le résultat. Bluffant. Elle devait peut-être être autorisée à traiter ce sujet, juste pour cette fois. Il y avait cependant un autre problème. Le discours parlait de Dieu. Lia fut avertie que cela outrepassait les limites : supprimez donc ce passage. Elle écouta poliment. Le lendemain, elle expliqua à son professeur qu’elle avait examiné le problème avec attention et non, elle ne pouvait pas retirer Dieu. Elle expliqua patiemment la logique de son discours. Je ne sais pas ce qu’il en est aux USA, mais ici au Canada, une adolescente de 12 ans expliquant un raisonnement logique à un niveau théologique, c’est plutôt rare. Le professeur moyen ne doit pas y être préparé. Et donc, Dieu est resté. Au niveau de l’école, le discours fut bien reçu, du moins par le public. L’un des juges avait quitté la salle avant le début. Les autres dirent à Lia qu’elle était disqualifiée. Mais ils étaient bien en peine de justifier leur décision, et après de nombreuses plaisanteries entre eux, ils changèrent d’optique et déclarèrent qu’elle était la gagnante incontestée de ce concours. De ce moment, le professeur de Lia a été conquis. Ils sont allés au niveau régional. Davantage de cafouillage et d’agitation, mais pour faire court, la vidéo sur You Tube a rapidement été vue un million de fois et traduite dans différentes langues. Lia, pour sa part, est devenue diplômée en réception de courriels de haine et de menaces de mort. Elle a marqué à ce point. Sa propre mère a été enregistrée disant qu’elle ne sait pas ce qui se passe dans l’esprit de son enfant. Elle est d’une famille chrétienne et dans l’ensemble pro-vie <> Contactée par LifeSite News, elle a dit qu’elle avait ricané à propos de tous ces commentaires sur You Tube déclarant que la mère de Lia devait l’avoir embrigadée. C’est tout le contraire. Elle utilise le mot « mystère » pour décrire le comportement de sa fille. Quoi qu’il en soit, Lia a laissé tomber le thème de l’avortement pour son discours suivant, lui aussi un événement sur You Tube. Elle a abordé l’euthanasie. Depuis maintenant des années, elle a parlé sur le vaste thème des questions liées à la vie, à de nombreux publics, tant virtuels qu’en chair et en os. L’un de ses plus grands succès a été une allocution à 12 000 personnes sur la Colline du Parlement, à Ottawa. Elle peut avoir besoin de protection, mais il est évident qu’elle n’est pas le genre de personne à accepter de se taire. Jamais. Qu’elle puisse être profondément agaçante pour beaucoup, je vous l’accorde. Je me rappelle mon propre agacement quand l’un de mes fils, alors âgé de 12 ans, m’a dit : « tu sais papa… ça paraît plus sensé de réfléchir à ton problème plutôt qu’à ce que tu ressens face à ce problème ». Mais je m’en suis remis. Lia est devenue porte-parole de quelque chose appelé « les Jeunes Défenseurs ». Sur Twitter, elle se présente comme : « amoureuse de Jésus, pleine de feu pour Dieu, pro-vie, survivante, revivaliste, secoueuse de pays, transformatrice du monde, oratrice, danseuse, actrice, fille, sœur ». Une médecine de cheval pour une civilisation nourrie par une auto-dévalorisation mensongère. Ce que j’ai trouvé de plus remarquable, cependant, c’est un portrait d’elle dans un récent numéro du magazine Toronto Life – une petite île plaisante à visiter dans le consumérisme progressiste séculier. Quand on m’a montré l’article, illustré par une photo pleine page du visage de la très jeune Lia, j’ai frémi. Oh, ai-je pensé, est-ce qu’ils la traînent dans la boue. Mais non. L’article tout entier était honnête, la présentant comme une sorte d’enfant prodige dont les habitants de Toronto pouvaient même, à la rigueur, être un peu fiers. Cet article n’était qu’une petite chose dans l’impact qu’ont les médias, mais on est de temps en temps estomaqué. Ma première pensée a été « Catherine de Sienne ». D’accord, j’ai poussé un peu loin les choses, mais il m’est revenu qu’au quatorzième siècle, Dieu a eu besoin de quelqu’un pour expliquer quelques petites choses à un pape. Peut-être bien qu’au vingt-et-unième, le pape est au point, mais Dieu a besoin de quelqu’un pour expliquer quelques petites choses au peuple. J’ai été particulièrement frappé, en regardant les vidéos de Lia, par sa maîtrise surnaturelle de la logique. Elle va droit au but, d’une façon intensément rationnelle, utilisant tous les accessoires qui lui tombent sous la main. Deux crèmes glacées, par exemple, pour expliquer de manière tangible à ses auditeurs la différence entre un avis subjectif et un avis objectif, entre une préférence personnelle et un acte qui défie la loi naturelle. Croyez-moi, ce n’est pas à l’école qu’elle a appris cela. Nous pouvons laisser l’histoire suivre son cours, la morale de cette aventure est déjà établie. Quand il y a une volonté accordée au désir de Dieu, Il trouve un chemin. Ca n’a pas d’importance si les forces du politiquement correct sont liguées contre vous. Il y a des circonstances où elles échouent, où les murs de Jéricho s’écroulent soudainement, où les trompettes jouent la bonne note. Dieu veut notre détermination, face à un ennemi apparemment invincible, pour, moyennant la Foi, déplacer la montagne du moment. Il veut « notre » détermination, mais quasiment jamais en collectif. A travers mes récents bavardages contre les vanités de la démocratie, j’ai essayé de faire comprendre ce point. Dieu, le Christ dont on parle dans les Evangiles, semble laisser l’action des foules à l’autre camp. La Vox Dei semble de fait préférer la précision d’une voix individuelle. Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/voice-in-the-wilderness.html
David Warren est un ancien rédacteur du magazine Idler et était jusque récemment journaliste à Ottawa Citizen. Il a une profonde connaissance du Proche-Orient et de l’Extrême-Orient. Photo : Mademoiselle Lia Mills.