Une parabole pour le Synode - France Catholique

Une parabole pour le Synode

Une parabole pour le Synode

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La parabole du fils prodigue a souvent été invoquée lors du récent synode. Les gens qui s’efforcent de tout leur cœur d’honorer les enseignements de l’Eglise sur la sexualité et le mariage ont été assimilés au fils aîné dans la parabole de Jésus, celui qui en veut à son frère, le prodigue pénitent. C’est peu charitable et injuste. Permettez-moi de vous raconter une parabole qui traduit notre situation d’une manière plus exacte.

Un homme avait deux fils. Le cadet dit à son père : « Donnez-moi la moitié de vos biens tout de suite ». Et le père divisa son patrimoine en deux et en donna la moitié à son fils qui prit sa part et alla s’installer dans un pays éloigné où il dépensa la moitié de sa fortune en beuveries et en débauches, mais investit le reste dans une entreprise d’importation de poisson, si bien que quand la famine frappa le pays, il devint riche.

Après avoir couché avec un grand nombre de femmes, il se maria et divorça, puis prit chez lui un pâtre grec tout bouclé avec lequel il forniqua.

Un beau jour, il se souvint des saints jours de fête célébrés chez son père et versa une larme qu’il essuya rapidement, et dit à son compagnon : « Pédophilus, levons-nous et partons pour la maison de mon père où on célèbre de grands jours de fête qui n’existent pas dans ce pays ». Et ils se mirent en route.

Alors qu’ils étaient encore loin, le père aperçut son fils, se précipita vers lui, l’enlaça et l’embrassa. Et le fils dit : « Père, je me suis enrichi dans un pays lointain. Voici mon ami avec lequel je partage mon lit comme avec une femme et auquel j’ai donné des bagues, des chaussures et de belles tuniques. Va donc abattre le veau gras car je me languis de vos célébrations et je désire beaucoup voir de nouveau les saints mystères ». Le père hésita. « Assez parlé », dit le fils, « je suis de retour ! »

Le père s’exécuta donc, mais l’esprit troublé et le cœur lourd.

Quand arriva le temps de la prière, le fils cadet baissa la tête et serra la main de son compagnon. « Je vais vers l’autel de Dieu », dit-il, « de Dieu, la joie de ma jeunesse ». Le fils cadet versa une larme parce qu’il était revenu, l’essuya bien vite et fit un clin d’œil à son adonis.

Il en fut ainsi pendant de nombreuses années. Chaque sabbat, le père présidait la fête, et son esprit s’amollissait un peu tandis que son cœur s’endurcissait. Entre temps, les coutumes du pays lointain se répandirent dans cette contrée, et on raconta que les habitants vivaient comme des anges, sans se marier ni convoler, mais en couchant ensemble quand même. Et le père aurait bien voulu qu’il en fût autrement.

Pendant toutes ces années, le fils aîné s’occupait des champs de son père, asséchant les prairies, semant l’orge, désherbant, moissonnant les épis, séparant le grain de l’ivraie, broyant les graines et les rapportant dans des sacs à la ferme. Il avait épousé une femme vertueuse et patiente. Ils avaient un fils unique. Celui-ci les aimait tendrement et, depuis son plus jeune âge, suivait son père dans ses travaux, en l’aidant de son mieux. Il grandissait en taille et en sagesse, le teint vermeil et les épaules larges.

« Père », dit le garçon, « pourquoi mon oncle vit-il de cette manière? »

« Il ne sait pas ce qu’il fait », dit son père. « Tu dois prier pour ton oncle ».
Un jour, une jeune fille du pays lointain aborda le garçon et lui dit : « Joshua, tu es aussi beau qu’un taureau. Viens partager ma couche ». Et ses yeux brillaient comme le soleil sur les eaux. Le garçon s’en alla, et elle se moqua de lui en l’insultant.

« Père », dit le garçon, « pourquoi mon grand-père permet-il tout cela ? »

« Il est vieux et fatigué », dit le fils aîné. « Tu dois prier pour ton grand-père ». Et le fils aîné retourna à son travail, plus seul que jamais. Mais les gens se moquaient de lui et le traitaient de vieux débris. Et le garçon brûlant de honte défendait son père. Parfois il revenait à la maison en larmes et en sang, couvert de bleus et les poings endoloris. Pourtant, les filles continuaient à essayer de l’attirer et à lui dire : « Joshua, Joshua, bel éphèbe, viens partager notre couche ».

Mais le grand-père s’habitua aux nouvelles mœurs. Un jour, il organisa une grande fête et invita toutes les débauchées du pays pour se livrer à la débauche, installa un veau d’or au milieu et une statue d’un dieu aux cheveux crépus et une autre ayant le corps d’un homme et la tête d’un chien et appela tout le monde à haute voix : « Venez festoyer avec nous car le Seigneur nous a comblés de richesses abondantes ! » Et tous s’adonnèrent à la licence et à de bruyantes festivités.

Or, il arriva que le fils aîné et son garçon revenaient des champs, les jambes couvertes de boue jusqu’aux genoux. Quand ils entendirent le bruit de la fête, ils demandèrent à un serviteur ce qui se passait. « Votre père a fait égorger une douzaine de veaux parce qu’il a repris ses esprits et décidé de prendre chez lui une femme du pays lointain ».

Alors le fils aîné versa une larme et dit à son garçon. « Viens, mon fils », dit-il. « Rentrons à la maison pour prier ».

Mais Joshua dit : « Non, je n’irai pas avec vous ». Et il partit avec le serviteur vers la grande demeure.

« Mon fils », l’implora son père, « ne m’abandonne pas ! Tu es toujours avec moi et tout ce que j’ai est à toi ! »

« Père », dit Joshua, « Je t’ai aimé toute ma vie. Mais tu n’as rien et tu es un sot ». Sur quoi, il tourna les talons et s’en alla.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/10/29/the-synod-in-poetry-and-prose/


Anthony Esolen est conférencier, traducteur et écrivain. Il enseigne à Providence College.

Photographie : Le pape François embrasse des amis homosexuels à Washington en 2015