Une autre politique, vraiment ? - France Catholique
Edit Template
Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
Edit Template

Une autre politique, vraiment ?

Copier le lien

Que l’on soit satisfait ou consterné par l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, il semble qu’il y ait un accord assez général sur l’importance de l’événement. On évoque la chute du mur de Berlin, les attentats du 11 septembre 2001, pour mieux illustrer l’idée d’une rupture fondamentale, d’ampleur mondiale. Ce serait la fin d’un monde. Mais de quel monde ? Celui de la mondialisation que l’on disait heureuse et que le politologue américain Francis Fukuyama définissait justement par « la fin de l’histoire » ? Le triomphe de l’État de droit et de l’économie du libre-échange signifiait l’entrée dans un autre âge de l’humanité. Mais ce monde-là a-t-il vraiment existé ? Le phénomène de la mondialisation est incontestable avec le développement des échanges commerciaux. Mais il n’était nullement synonyme de paix internationale et de croissance économique harmonieuse.

Le candidat républicain a trouvé un écho considérable en s’attaquant aux dysfonctionnements de la mondialisation, aux dégâts et aux injustices qu’elle a produits. Et son discours a des échos chez nous, en France, en Europe, où on a assisté à la même dégradation de la condition des classes moyennes, qui a suivi celle de la classe ouvrière. Les pires travers de l’homme Trump, sa démagogie, sa vulgarité, loin de jouer à son détriment, l’ont aidé au contraire à affirmer sa figure de grand imprécateur qui n’a peur de rien, et surtout pas de l’élite dominante.

Une véritable politique alternative va-t-elle se définir et s’imposer, au-delà de la polémique et de la dénonciation ? On le verra très vite, avec ce nouveau président qui est aussi un pragmatique et pourrait nous surprendre. Mais il est vrai que la tâche est redoutable, que les difficultés à surmonter sont d’une complexité qui défie les simplifications outrancières. Les redéfinitions intellectuelles qui s’imposent devront aboutir à de nouveaux paradigmes. Du moins l’espère-t-on. La complexité du monde, ses défis, exigent un réexamen qui prenne en compte les données que l’on avait ignorées et les échecs cruels dont nous souffrirons encore longtemps. Mais pour cela, il faudra que le débat public se renouvelle et se pacifie. Ce n’est pas gagné d’avance.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 10 novembre 2016.