Un renouveau impossible à prévoir - France Catholique
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Un renouveau impossible à prévoir

Traduit par Yves Avril

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Quand le Fils de l’Homme reviendra, trouvera-t-Il encore la foi sur terre ?

C’est une bonne question sous plusieurs angles, ici en Occident, où nous voyons l’Eglise poursuivre une implosion historique qu’on peut documenter dans les termes les plus extrêmes. Les églises se sont vidées et fermées, les séminaires de même, et ce qui est le plus alarmant, la malade en train de dépérir ne saisit ni la gravité de son état ni sa cause.

Je le déduis des déclarations du Centre – des diocèses, ou de Rome – qui emploient le terme de « renouveau », en le coulant le plus souvent dans un langage assez peu inspirant, mécanique et bureaucratique.

Oui, il y a des endroits où se produit un renouveau authentique, dans la redécouverte de l’ancienne liturgie de l’Eglise et de son enseignement. Lex orandi, lex credendi, les deux vont ensemble.

Mais ce n’est pas cela que prêche le Centre. Et là les média n’ont pas à être blâmés, car si c’était cela qu’il prêchait, nous en entendrions très certainement parler. Car les media l’attaqueraient furieusement, en insultant le pape et les évêques comme ils ne cessent d’attaquer l’archevêque de San Francisco pour ses prises de positions catholiques.

Il y a réellement des points de confrontation à l’intérieur de l’Eglise, suffisants pour suggérer que l’histoire n’est pas finie et que l’avenir n’est pas établi. Je veux mentionner les trois les plus importants parmi ceux qui m’intéressent :

1. Le synode de la famille, programmé pour octobre, promet des affrontements directs entre ces « traditionalistes » qui souhaitent avec vigueur qu’on soutienne et qu’on encourage la famille, comme cela a toujours été présenté dans l’enseignement catholique, et ces « progressistes » qui souhaitent mettre l’accent plutôt sur des problèmes, considérés comme nouveaux, de la sexualité, et permettre ce qui ne l’a jamais été auparavant.

2. Une année jubilaire exceptionnelle « de la miséricorde » a été proclamée, qui commencera juste après, où pour la première fois on ne met pas l’accent sur la vie de Notre Sauveur, mais sur une idée abstraite. On commence à murmurer sur l’effet que cela produit, en détournant du Christ l’attention des chrétiens sur le « programme » d’un pape charismatique.

3. Plus immédiatement nous allons voir la semaine prochaine la publication d’une encyclique dont on annonce déjà le titre, Laudato Si. Elle sera sur l’environnement en tant qu’opposé aux questions spirituelles et elle sera publiée en compagnie d’officiels des Nations Unies : les puissances mondiales qui se sont montrées dans le passé n’être pas amies de la Sainte Eglise. Une controverse doit suivre.

Sous chacune de ces rubriques il y aurait bien d’autres choses à écrire. Par exemple l’encyclique va être publiée en plusieurs langues, mais le latin qui fait autorité doit attendre. Ce n’est pas un sujet mineur pour une Eglise qui autrefois pensait en latin. Maintenant elle pense dans un babillage de langues vernaculaires, et le Saint Siège emploie en fait des luthériens instruits pour fixer une version « officielle » – cela après qu’on a fait circuler les différentes versions « alimentaires » dans la blogosphere.

C’est un nouveau « signe des temps » que beaucoup, même parmi les plus cultivés, ne voient pas en cela de problème. Cela les dépasse. Il ne vont pas arrêter de prendre en considération les implications d’une papauté qui perd progressivement contact avec le contenu concret de l’enseignement de l’Eglise à travers les siècles, et qui par là se condamne à un « dialogue » de plus en plus frivole avec le Zeitgeist.

C’est le signe que l’Eglise est en train de perdre ses fondements, sa continuité et sa consistance, son équilibre – dans un monde qui est, si je peux me permettre cette familiarité, plein d’alligators. Elle devient une Eglise qui non seulement se retire mais disparaît, avec un prélat sur qui on ne peut compter.

Il y a beaucoup de causes directes à l’effondrement que nous avons vu – effondrement démontrable objectivement – qui a été un des grands aspects de sa vie dans « l’esprit de Vatican II ». Et on les rencontre de plus en plus, à Rome même, dans les déclarations répétées selon lesquelles « nous ne pouvons pas revenir en arrière, nous ne pouvons qu’avancer ». Les généraux qui ont pris cette attitude dans l’histoire, ont tous connu le malheur.

Permettez-moi de donner ce qui me semble un exemple de première importance, qui m’est apparu la semaine dernière alors que j’assistais à la messe, en voyage. Précisons que j’ai été « gâté » par les pratiques de ma propre paroisse où domine le Vetus Ordo.

Je pense au sacrilège qui consiste à prendre l’hostie dans la main. C’est la « nouvelle norme » même si l’Eglise enseigne encore formellement que seules des mains consacrées peuvent la toucher. Mais le Corps du Christ passe de main en main, souvent entre non-consacrés – qui ne penseraient pas à s’agenouiller.

Cela contribue à un environnement dans lequel les formes de respect sont négligées, ou même quand on les pratiques, sont considérées comme sans importance.

Mère Teresa de Calcutta a dit un jour que la vue de gens prenant la communion dans la main était « la chose la plus triste dans le monde ». Elle était parfaitement sérieuse, et elle a avait dit « triste », elle qui vivait quotidiennement face à l’horreur, dans l’ombre de la vallée de la mort. C’était son chemin, sa vocation ; pourtant elle n’avait rien vu de plus affligeant que cela.

Je vais dire les choses clairement : la personne qui reçoit la communion dans la main ne peut évaluer ce qu’est cette hostie. Il reçoit le Christ légèrement. Dans le meilleur des cas, c’est un imbécile. Et l’horrible vérité est que nous avons des évêques qui encouragent cette pratique.

Pourtant là où les évêques font défaut, le Christ ne nous fera pas défaut. Et en tant que soi-disant1 catholique « traditionnel » – comme si les fidèles dans l’Eglise pouvaient être réduits à un parti, ou une faction parmi d’autres factions- je crois très sérieusement que le Christ n’abandonnera pas son Eglise.

On pose aujourd’hui des questions sérieuses sur qui est digne de recevoir la communion : si elle peut être reçue par ceux qui n’ont pas été absous de péchés mortels. Mais ces questions sont soulevées avec un arrière-plan où l’eucharistie est déjà profanée avec désinvolture.

Espérer contre les espoirs spécieux du monde : c’est notre vocation ;
Je ne peux pas savoir comment viendra une authentique restauration ; seulement qu’elle doit venir et par des voies que nous n’attendions pas.


David Warren est ancien rédacteur en chef de l’ Idler Magazine et chroniqueur au Ottawa Citizen. Il a une très vaste expérience du Proche et de l’Extrême-Orient. Son livre Essay on Idleness [« Essai sur la paresse »] est disponible sur davidwarrenonline.com.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/06/12/unpredictable-renewal/

Vendredi 12 juin 2015