Un progrès fun ou amer ? - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Un progrès fun ou amer ?

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Je m’interrogeais il n’y a pas si longtemps sur la signification du progressisme, en soulignant l’ambiguïté du terme. Hier, un titre de Libération relançait la question : « Cannabis, mariage gay… la percée des États-Unis progressistes. » En effet, la victoire de l’opposition républicaine à Obama n’est pas la seule information à retenir à propos des États-Unis. D’autres consultations avaient lieu dans certains États sous forme de référendums à des problèmes de société. Résultat : les électeurs de Washington et de l’Oregon ont dit « yes » à la marijuana pour le plaisir. C’était le cas, l’an dernier, de de deux autres États. Calcul de Libération : plus d’un habitant des États-Unis sur vingt habite désormais dans un État ou le cannabis à usage récréatif est légal – ou en passe de l’être. On précise « usage récréatif », car l’usage thérapeutique est beaucoup plus largement permis. En revanche, la Floride a décliné la légalisation.

Le quotidien associe la marijuana au mariage gay : « Aujourd’hui plus de 61 % de la population américaine vit dans un État où le mariage homosexuel est autorisé. » Mais l’empire progressiste s’étend à d’autres domaines puisque Libé parle aussi de la montée de l’abolitionnisme qui est constante : plus de 29 % d’Américains vivent dans un État où la peine capitale n’existe plus, contre 12 % il y a vingt ans. On peut évidemment s’interroger sur les contours de ce progressisme. Qui définit l’échelle des progrès et surtout leur nature ? Il est vrai que les critères changent avec la marche de l’histoire. J’ai connu une période où c’était Joseph Staline que l’on reconnaissait comme le héros progressiste par excellence, et on parlait même de chrétiens progressistes parce qu’ils adhéraient en partie à l’entreprise stalinienne. Je sais à quel point un tel rappel peut être provocateur et singulièrement désagréable à ceux qui considèrent que progressisme et humanisme c’est tout un, et qui ont la plus grande horreur du stalinisme.

Je veux bien les croire, mais il m’est permis de penser que l’argument du progrès peut servir à de multiples usages. On apprenait hier encore qu’un canton suisse avait étendu l’usage du suicide assisté. Est-ce encore une avancée progressiste ? Auquel cas, le progressisme pourrait bien avoir un goût amer que ne saurait adoucir l’usage fun du cannabis selon Libération.

Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 6 novembre 2014.