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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Ultimes cadeaux

Traduit par Bernadette Cosyn

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« Il est monté sur la hauteur et a capturé des prisonniers ; il a comblé de dons les hommes. »

Aujourd’hui, nous accompagnons Notre Seigneur vers la montagne pour Son Ascension. Nous pourrions être perdus et ne savoir que dire. Notre Seigneur a essayé de nous préparer à ce moment. Il nous a enseigné que nous devrions être heureux pour Lui car Il retourne au Père (cf. Jean 14:28). Et de fait cette solennité doit avoir le caractère de cette joie simple du Fils qui retourne au Père. De nouveau Notre Seigneur nous invite à nous réjouir parce que, par Son retour au Père, Il va nous accorder l’Esprit-Saint. S’Il ne part pas, l’Esprit ne pourra venir. Il en résulte qui est préférable pour nous qu’Il s’en aille. (Jean 16:7)

Cependant, tout comme les disciples avant nous, nous échouons à retenir tout ce qu’Il a dit. Matthieu nous dit que les disciples L’ont accompagné jusqu’à la montagne où s’est déroulée l’Ascension : « ils adorèrent, mais eurent des doutes »(Matthieu 28:17)Nous apprenons de Luc que leurs esprits étaient toujours centrés sur les réalités terrestres, qu’ils se préoccupaient de la restauration du royaume d’Israël (cf. Actes 1:6).

Alors comment approcher ce mystère ? Quelles doivent être notre disposition d’esprit et nos paroles ? Peut-être que deux histoires tirées de l’Ancien Testament peuvent nous servir d’illustration et d’instruction pour ce mystère de l’Ascension.

D’abord, nous avons l’épisode de Jacob avec l’ange (Genèse 32:25-32). La Genèse dit simplement de cet événement mystérieux : « un homme lutta avec lui jusqu’à l’aube. » Qui que puisse être ce personnage, Jacob comprend qu’il vient du ciel et qu’il pourrait conférer une bénédiction. Et donc Jacob le tient fermement et exige : « je ne te laisserai pas partir que tu ne m’aies béni. » C’est ainsi que Jacob a reçu une bénédiction divine et est devenu Israël, le patriarche d’une nouvelle nation.

Comme Jacob après la rencontre, toutes les analogies sont boiteuses (NDT : le texte de la Genèse dit que Jacob a été blessé à la hanche lors de cette nuit de lutte et en est resté boiteux). Nous ne retenons pas de force Notre Seigneur comme Jacob l’a fait avec l’ange. Juste après Sa Résurrection, Jésus n’a-t-il pas rabroué Marie-Madeleine pour avoir fait précisément cette erreur ? (cf Jean 20:17) Mais si nous ne nous agrippons pas de façon littérale à Notre Seigneur pour le retenir, nous devons cependant imiter l’insistance de Jacob. Jacob possède une confiance et une ténacité qui conviennent parfaitement à la fête de l’Ascension. Il affiche l’assurance que quiconque monte au ciel dispense des dons sur nous ici bas : « Il s’est élevé… il a donné des dons aux hommes » (Ephésiens 4:8)

En raison de son insistance, Jacob a reçu un nouveau nom, une nouvelle vie, un nouveau but. Ainsi donc, nos ultimes paroles adressées à Jésus ne devraient pas être un questionnement sur l’instauration par Lui d’un royaume terrestre ou sur tout autre préoccupation de ce monde. Nous devrions plutôt Lui demander de nous bénir. C’est pour cela qu’Il remonte vers le Père. Alors puissions-nous être avides de recevoir une bénédiction – que l’Unique effectuant son Ascension nous gratifie d’une nouvelle vie et d’un nouveau but par le don de l’Esprit.

Dans la seconde histoire tirée de l’Ancien Testament, nous avons les prophètes Elie et Elisée (2Rois 2:1-14). Quand son mentor et maître est près d’être enlevé au ciel, Elisée le suit de Bethel jusqu’à Jéricho, jusqu’au Jourdain. Le départ imminent d’Elie semble déjà connu. Les foules demandent à Elisée : « sais-tu qu’aujourd’hui le Seigneur va t’enlever ton maître ? » Il donne cette réponse laconique : « Oui, je sais. Soyez tranquilles. » Alors, quand est venu pour Elie le moment d’être enlevé au ciel, Elisée supplie : « puissé-je recevoir une double part de ton esprit. »

Pourquoi une double part ? La même part n’aurait-elle pas été plus que suffisante ? C’est une étrange requête et on a beaucoup glosé là-dessus. Pour aujourd’hui, nous n’avons besoin de considérer que l’audace de la requête. Elisée ne se contente pas de demander… il ne demande pas seulement la même chose… ni même un petit peu plus ! Il demande une double part de cet esprit qui a fait d’Elie un si grand témoin de l’alliance.

Cette audace devrait être également la nôtre comme nous accompagnons Notre Seigneur vers son Ascension : donne-moi une double part de ton Esprit. Pourquoi être timide à demander ce qu’il brûle de nous accorder – et en abondance – alors qu’il monte précisément en vue de le faire ? Cette audace devrait caractériser nos neuf prochains jours, alors que nous prions pour obtenir le don de l’Esprit promis. Cette audace élargit nos cœurs pour recevoir ce qu’Il brûle de nous donner.

Il est maintenant monté pour répandre ses dons sur nous. Il nous a commandé d’attendre le pouvoir venu d’en-haut. Alors que nous nous préparons pour la Pentecôte et le don de l’Esprit-Saint, puissions-nous prier avec l’insistance de Jacob et l’audace d’Elisée. Viens, Esprit-Saint.

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Le père Paul Scalia est un prêtre du diocèse d’Arlington (Virginie). Il est délégué de l’évêque pour le clergé.

Illustration : l’Ascension, par James J. Tissot, vers 1890 (Brooklyn Museum)

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/05/05/parting-gifts/