Tu aimeras ton conjoint... - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Tu aimeras ton conjoint…

Traduit par Bernadette Cosyn

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Quelqu’un a-t-il échoué à faire passer le message que les études ne cessent de montrer : la meilleure chose qu’un parent puisse faire pour son enfant est d’aimer son conjoint, le père ou la mère de cet enfant. A quelle fréquence avez-vous rencontré un parent qui vous assure : « J’aime vraiment mes enfants » pour ensuite déclarer combien il déteste son (généralement ex) conjoint ? De tels parents se sont-ils demandé comment l’expression de cette haine affecte leurs enfants ?

Si des études montraient de façon répétée que lire une histoire chaque soir à vos enfants est extrêmement bénéfique pour leurs succès futurs et leur développement (c’est d’ailleurs ce qu’elles font), est-ce que vous ne liriez pas pour vos enfants ? Ou si vous découvriez que votre fils ou votre fille est diabétique, le ou la bourreriez-vous de sucreries ? Aimer ses enfants, ce n’est pas uniquement un sentiment chaud et flou que nous ressentons quand nous les regardons, c’est un engagement à faire le maximum de ce qui est bon pour eux, même si c’est difficile.

Exprimons-le autrement. Si vous tombez sur un parent qui clame à tous les échos :  « J’aime vraiment mes enfants » mais qu’il ne se donne pas la peine de se lever du canapé pour les nourrir quand ils ont faim, qu’allez-vous penser ? Que c’est peut-être de l’amour-sentiment, mais certainement pas de l’amour-engagement.

De même, puisqu’un enfant a besoin de bien plus que la nourriture et le vêtement, il a besoin tout autant sinon plus de protection, d’engagement et d’un sentiment d’appartenance, si un parent refuse de mettre de côté les différends qu’il a avec l’autre parent afin de donner ces choses à ses enfants, qu’allons nous dire ?

Personne ne nie que cette forme de réconciliation puisse être difficile. Mais enfin, il ne vous est pas tous les jours facile de supporter votre chef, pourtant vous le faites. Et il est également difficile de supporter le policier qui vous arrête pour excès de vitesse, mais vous le faites également. Et c’était difficile, quand vous étiez à l’école, d’écouter votre entraîneur qui vous hurlait dessus, mais vous l’avez fait.

Maintenant, il y a là l’homme ou la femme avec qui vous vous êtes tenus devant familles et amis pour promettre devant Dieu de l’aimer, de l’honorer et de le ou la protéger pour le reste de votre vie, et vous ne seriez pas capable de lui adresser un mot gentil alors que le bien-être de vos enfants est en jeu ? J’ai rencontré des parents qui soutenaient qu’ils marcheraient sur des charbons ardents pour leurs enfants. Quel bien en résulterait pour les enfants en question, cela m’échappe, mais admettons qu’ils le feraient. Que s’est-il passé pour qu’ils ne puissent pas mettre leur fierté ou leur souffrance de côté suffisamment pour ne pas contaminer leurs enfants par la haine pour l’autre de leurs parents ?

Je ne suis pas inconscient ou insensible sur le fait que « des problèmes surgissent. » Des problèmes surgissent dans le travail. Des problèmes surgissent à l’école. Des problèmes surgissent quand vous intervenez sur la plomberie ou que vous remplacez les bougies de votre voiture. Nommez-moi une activité humaine où il n’y a jamais de problème. Les problèmes surgissent, il faut faire avec. Ce que je suggère, c’est que les problèmes seront résolu (ou devraient l’être) si, comme vous l’affirmez, vous aimez vos enfants.

Il y a aussi parfois le cas où le père ou la mère de votre enfant n’est pas votre conjoint. Ces situations sont particulièrement propres à engendrer des résultats dramatiques. Il est déjà suffisamment difficile de mettre ses différends de côté et sa fierté dans sa poche quand on traite avec quelqu’un qu’on connaît, qu’on respecte, envers lequel on s’est engagé. Cela peut devenir impossible quand il s’agit de quelqu’un que vous connaissez à peine. C’est la raison pour laquelle l’Église conseille de ne pas avoir de relations sexuelles avec qui que ce soit avant de se connaître, de se respecter mutuellement et de s’être engagé à consacrer sa vie à cette personne. Est-ce vraiment aussi ridicule que le laisse entendre le groupe des gens « décontractés et distingués » ?

Peu importe ce que disent de tels gens, la réalité de la reproduction humaine entraîne que vous serez le parent biologique de cet enfant jusqu’à la fin de vos jours. Vous et votre partenaire aurez créé une nouvelle vie : quelque chose d’entièrement nouveau, sans précédent et irremplaçable dans l’univers.

D’un certain point de vue, créer une nouvelle vie humaine est la chose la plus remarquable que deux êtres humains puissent faire. Essayez donc de trouver mieux. Un putt particulièrement réussi au golf ? Gagner très largement sa vie durant quelques années au sein d’une entreprise ? Réaliser un « home run » au base-ball ? Aucune de ces choses n’est mauvaise en soi ; mais elles n’ont rien de comparable avec l’engendrement d’un nouvel être humain.

Le docteur Frankenstein a-t-il dit : « J’ai finalement réussi : j’ai décroché un poste super bien payé chez Google ! » Ou bien : « Igor, tire-toi de là, ce putt va stupéfier le monde ! » Il y aura toujours un travail ou un putt plus remarquable. Mais il n’y aura jamais, jamais, un autre enfant à l’image de Dieu, doté d’infinies compétences, et exactement semblable à celui-là, à cet étonnant et unique être humain que vous avez engendré votre partenaire et vous.

Alors ne faites pas foirer ce qui devrait être le plus grand miracle que deux humains peuvent accomplir ensemble, ne transformez pas le plus grand don que Dieu puisse accorder en la plus grande tragédie de votre vie. Réservez les relations sexuelles à la personne que vous vous engagez à aimer et à chérir pour le reste de votre vie.

Si vous avez fait une erreur et que vous faites tout votre possible pour en tirer le meilleur parti possible, Dieu vous bénira. Il ne vous abandonnera pas, ni vous ni vos enfants. Je n’écris pas pour vous condamner. Mon expérience avec des parents concernés montre qu’ils seraient les premiers à avertir les autres afin qu’ils ne fassent pas les mêmes erreurs qu’eux.

Pour le reste, ne vous dupez pas vous-même en imaginant que vous pouvez aimer vos enfants et rayer d’un trait de plume leur père ou leur mère. Les enfants ne fonctionnent pas ainsi. Nous pouvons bien tous souhaiter qu’ils le fassent, mais à quelle fréquence la réalité se conforme-t-elle à nos désirs ?

Pour les enfants, c’est pareil.

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Randall Smith est professeur de théologie (chaire Scanlan) à l’université Saint-Thomas de Houston (Texas).

Illustration : « Enfant du divorce » par Javad Alizadeh, 2007

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/09/09/love-thy-spouse/