Toujours Alep - France Catholique

Toujours Alep

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Il me faut encore aujourd’hui revenir sur la Syrie et la situation à Alep. J’ai expliqué hier mon désarroi face à la tragédie, dont il est extrêmement difficile de démêler toutes les données. Je me rends compte que mon court exposé ne pouvait embrasser toute cette complexité et que certaines formules succinctes auraient besoin d’être explicitées, sans que je sois sûr de parvenir à une formulation satisfaisante. De plus, des objections parfois très vives m’ont été opposées de la part de certains qui me suivent habituellement avec bienveillance. Je me serais contenté de répéter la désinformation anti syrienne, me laissant ainsi manipuler par une vaste propagande.

J’avoue encore mon dénuement : je n’ai pas d’informations particulières, je tente de m’informer avec les moyens du bord, en lisant notamment les confrères spécialisés. Je ne crois pas être partisan, j’essaie de comprendre et ne veut exonérer quiconque des crimes commis. C’est pourquoi il m’est impossible d’approuver les exactions de l’armée syrienne. Ce n’est pas pour autant que je considère l’autre camp, par ailleurs si divisé, comme indemne de toute tâche criminelle. Quand l’Œuvre d’Orient en appelle à la prière pour Alep dont « la situation humanitaire s’est violemment dégradée ces derniers jours après l’entrée des troupes dans les quartiers Est de la ville », là je sais que je puis faire confiance à ses responsables, qui ne sont pas partisans.

Pourtant, il faut bien reconnaître que, chrétiens, nous ne pouvons qu’être angoissés par le sort de nos frères si menacés, si fragiles. Et il est incontestable que les chrétiens de Syrie ont toujours considéré que le régime Assad constituait pour eux une protection. C’est pourquoi je me suis pleinement retrouvé dans l’éditorial que Jean-Pierre Denis vient de publier dans La Vie à ce sujet, où il tente de voir clair. Alep est-elle tombée, ou a-t-elle été libérée ? Pour beaucoup, il y a eu libération, même s’il y a eu exactions. Et puis il nous est impossible de ne pas entendre nos frères chrétiens, même s’ils ne participent pas à la condamnation morale lancée sur le régime Assad. « L’horreur qui règne à Raqqa sous la férule de Daesh et les exactions et pillages commis par les rebelles à Alep Est devraient nous inciter au moins à la circonspection. » Et puis il nous faudra bien partir de la réalité du rétablissement de Bachar el-Assad, donnée incontestable pour envisager l’avenir de la Syrie.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 15 décembre 2016.