Tash et le salut des musulmans. - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Tash et le salut des musulmans.

Traduit par Bernadette Cosyn

Copier le lien
Dans le sillage de la visite du pape François au Moyen-Orient, de la prière inter-religions dans les jardins du Vatican, du déclenchement des hostilités entre les islamistes radicaux en Irak, pouvons-nous espérer une possibilité de salut pour des religionnaires préférant mourir mille morts que se convertir au christianisme ? C.S. Lewis a fameusement détourné les « dragons vigilants » pour introduire la théologie dans sa série de contes pour enfants. Son opinion concernant le salut possible pour les non-chrétiens est dévoilée dans le conte achevant Narnia. Il est impossible de ne pas voir que les Carlomènes qui envahissent Narnia sont des Musulmans. Ces hommes du Sud basanés ont des noms aux consonnances turques, sont armés de cimeterres et envahissent par infiltration et subterfuge. Bien que perfides, ils parlent avec le langage extrêmement solennel qui est une réminiscence de la culture islamique, avec ses phrases obséquieuses et ses manières courtoises. A Narnia, un singe nommé Shift a fait alliance avec le Tisroc – le chef des Carlomènes – et l’invasion de Narnia commence. Après avoir affublé l’âne Puzzle d’une vieille peau de lion et l’avoir présenté comme Aslan, le grand Lion, Shift tient les Narniens en esclavage et se met à comploter l’asservissement de l’ensemble de Narnia avec les Carlomènes. L’action se retourne quand le dieu-démon des Carlomènes, Tash, entre en scène. Tash, une terrifiante créature doté d’un corps humain à quatre bras et d’une tête de faucon, est assimilé au noble Aslan, sous le vocable Tashlan, par le capitaine carlomène Rishda Tarkaan, un parfait mécréant. Installé dans l’étable où vivait le prétendu Aslan, Tash attend pour dévorer tous ceux qui entrent. Parmi les Carlomènes, il y a un jeune gentilhomme nommé Emeth à qui on a enseigné à aimer et vénérer Tash. Lorsqu’il entend dire que Tashlan est dans l’étable, il demande à y entrer. Et quand Rishda Tarkaan tente de l’en dissuader, Emeth lui rétorque : « tu as dit que leur Aslan et notre Tash ne font qu’un. Si cela est vrai, alors Tash lui-même est là-dedans. Alors comment peux-tu dire que je n’ai rien à faire avec lui ? Je mourrais volontiers mille morts pour pouvoir contempler ne serait-ce qu’une fois le visage de Tash. » Emeth disparaît dans l’étable et l’histoire se poursuit jusqu’au moment où les enfants de Narnia perdent la dernière bataille et sont à leur tour jetés dans la périlleuse obscurité. Cependant, l’étable est « plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur » et devient leur sas d’entrée pour le vrai Narnia, alors qu’ils contemplent la sereine disparition du Narnia qu’ils ont connu. Alors que les enfants voyagent dans le vrai Narnia, ils tombent sur Emeth. Celui-ci leur raconte sa rencontre avec Aslan : Voilà qu’un grand Lion est venu à ma rencontre… alors je suis tombé à ses pieds et j’ai pensé : « voici venue l’heure de ma mort, car le lion saura que toute ma vie, j’ai servi Tash et non lui »… mais le Glorieux a incliné sa tête flamboyante, a touché mon front de sa langue et a dit : « sois le bienvenu, mon fils. » Alors j’ai dit : « hélas, Seigneur, je ne suis pas de tes fils, mais le serviteur de Tash ». Il a répondu : « enfant, le culte que tu as rendu à Tash, je le compte comme m’ayant été rendu… aucun culte abominable ne peut m’être rendu et aucun culte autre qu’abominable ne peut lui être rendu. » Emeth a répliqué : « pourtant j’ai cherché Tash chaque jour de ma vie. » « Bien-aimé » a dit le Glorieux  » à moins de me désirer, tu n’aurais pas cherché si longtemps et si sincèrement, car tous trouvent ce qu’ils ont réellement cherché. » Il n’y a pas de doute que Lewis aurait étendu à un musulman la générosité qu’il manifeste à l’égard du noble Carlomène. Emeth a recherché de tout son coeur ce qui est beau, bon et vrai. C’est pour cela que dans l’histoire de Lewis, il trouve Aslan, le personnage christique. Inversement, tout fils d’Aslan vivant dans la tromperie, la cruauté et le mal finira dévoré par Tash. Ce courant radieux illumine la pensée de Lewis – une miséricorde divine qui est universelle mais non universaliste. Pour Lewis, il y a un jugement et un juge, mais le juge n’est pas tant le Très-haut que la conscience. Dans Le Grand Divorce, il expose clairement sa compréhension des choses :  » il n’y a que deux sortes de gens, ceux qui en définitive diront à Dieu ‘que ta volonté soit faite’ et ceux à qui Dieu dira ‘que ta volonté soit faite’. Tous ceux qui sont en Enfer l’ont choisi. Sans ce choix délibéré, il ne peut y avoir d’Enfer. Aucune âme désirant le bonheur avec sérieux et constance n’en sera jamais privée. Qui cherche trouve. A qui frappe, on ouvre la porte. » Comment cet esprit généreux s’accorde-t-il avec les strictes paroles du Christ : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi » ? La savante perspective de Lewis signifie que Emeth est parvenu au Royaume par Aslan – mêm s’il pensait y arriver par Tash. Toutes les vérités, beautés et bontés sont catholiques. C’est pour cela que nous embrassons et faisons nôtre tout ce qui est bon, beau et vrai, non seulement dans les autres expressions du christianisme, mais également dans les autres religions du monde. Donc, le Cathéchisme de l’Eglise Catholique déclare « l’Eglise catholique reconnaît dans les autres religions cette recherche, parmi ombres et images, du Dieu encore inconnu, car il donne la vie et toutes choses et veut que tous les hommes soient sauvés. Par conséquent, l’Eglise considère toutes les valeurs et vérités trouvées dans ces religions comme une préparation à l’Evangile et données par Lui qui illumine tous les hommes afin qu’ils puissent avoir la vie éternelle ». [843] Emeth trouve en Aslan celui qu’il avait toujours cherché. Pareillement, nous pouvons espérer que les musulmans qui cherchent véritablement ce qui est beau, bon et vrai verront le Christ un jour et le reconnaîtront comme le but de leur désir. En attendant, nous sommes appelés à évangéliser sans nous lasser, afin que ceux qui se trouvent actuellement dans les ténèbres découvrent la glorieuse lumière du Christ.